Le 3 mars 1969, Jack Heuer présente lors d'une conférence de presse le nouveau calibre développé avec Breitling et Hamilton qui animera désormais les productions de sa manufacture, un mouvement modulaire combinant un calibre automatique développé par Buren associé à un module de chronographe développé par Dubois-Depraz.
Credit : OTD
Credit : OTD
si l'histoire a bien retenu l'Autavia
Credit : IVHOC
et le marketing tardif a bien orchestré la Monaco
credit : Ubik
je suis toujours surpris de voir à quel point la Carrera est négligée
Credit : OTD
C'est pourtant le modèle que Heuer choisira pour lancer son modèle en or 18K parmi ses nouveautés à calibres automatiques avec les 1158 CH ET S
Credit : OTD
Mark Moss a commenté la signification de ces références sur OnTheDash
Le nombre 11 désigne une montre motirisée en Calibre 11 ou 12
Le chiffre 5 désigne les Carrera
Le chriffre 8 désigne les montres en or massif
Le CH fait référence à la couleur champagne du cadran de la première, le S à la couleur Silver de la seconde.
Les séries mécaniques des Carrera avaient eu avant elles leur modèle avec ce très rare exemplaire
Si Heuer est bel et bien entré dans le monde de la standardisation de ses productions depuis déjà quelques années, ces montres en or ne sont fabriquées que sur commande spéciale.
Ces versions automatiques sont disponibles en deux couleurs de cadrans
Silver, Ref 1158 S
Credit : OTD
et champagne Ref 1158 CH
Credit : OTD
la particularité de ces exemplaires primitifs tient surtout à
-leurs aiguilles H/M en or poli dont la dessin est issu du modèle à remontage manuel,
-leurs cadrans aux index en or poli et leurs inserts noirs.
Selon Jeff Stein, ces séries sont soit des prototypes soit leur production a été extrêmement faible, ce qui explique qu'aucune photo de l'exemplaire champagne ne soit disponible.
Ces modèles évoluent donc assez vite et probablement à la fin de 1970, aiguilles et index sont modifiés, cela s'inscrivant surement dans la structuration cosmétique de l’ensemble des gammes de montres automatiques, les calibres automatiques commençant à être bien fiabilisés et leur rythme de production soutenu.
L’exemplaire champagne ainsi modifié avec son bracelet
et la 1158 S magnifiquement sublimée par l’ami GVM
Vers la fin 1971, Heuer introduit un nouveau modèle de Carrera automatique, la 1158 CHN
Credit : OTD
l’adjonction du N fait référence à la couleur noire des compteurs sur ce modèle.
la 1158 est une Carrera automatique, son diamètre est de 38 mm, son cadran champagne "n'ouvre" pas beaucoup et au poignet elle parait moins grande ce qui lui confère un bon équilibre sport/chic.
Sa boite reprend les caractéristiques des Carrera automatiques dont le "plateau" est assez fin et présente des anses au dessin fluide et à la terminaison angulaire efficace satisfaisant aux canons esthétiques du début des 70s, son profil est changeant en fonction des angles, efficace mais en douceur
j'apprécie tout particulièrement les angles de cette boite dans leur longueur
on retrouve la combinaison de finition de boite satinée au grain longitudinal fin et sa lunette poli brillant qui donne du rythme à ce visuel assez sobre
Couronne à gauche signée, traditionnelle des Heuer à Calibre automatique, une volonté délibérée de ses concepteurs pour marquer la différence
poussoirs "flutés" à droite également caractéristiques
point très important pour qualifier l'originalité de cet exemplaire, le poinçon gravé entre les poussoirs
le fond de boite est profond compte tenu de l'imposante hauteur du Calibre 12 de 7,7 mm conséquence directe de sa conception modulaire
il découvre une finition en perlage
il est encore signé Heuer Leonidas, on y retrouve les poinçons
la structure interne de la boite est très technique
Credit : John Lunley@OTD
à l'intérieur, Calibre 11-I pour les tous premiers exemplaires de la série puis Calibre 12, celui qui anime mon exemplaire
dans les entre-cornes, on trouve à midi la référence (1158) et à 6 h le numéro de série ici 249XXX série connue de ces 1158CHN.
Le fait que référence et numéro de série soient encore visibles sont deux points également importants pour qualifier l'originalité et l’état de conservation de ces exemplaires ceux-ci ayant souvent disparus au fil des années, des polissages et recharges que la montre a pu subir au cours de sa vie.
Tag Heuer a publié une revue de presse en 2004 pour les 40 ans de la Carrera
Credit : OTD
et fait état d'une production de 150 pièces de ces Carrera 18K tous cadrans confondus
Credit : OTD
Des collectionneurs ont toutefois trouvé des numéros de séries qui tendraient à démontrer qu'au total 600 boites environ auraient été fabriquées.
L'exemplaire posté récemment par Plibou et signé Orly démontre que des productions ont été réalisées pour des tiers, sans doute ont elles été confidentielles
Credit : IVHOC
un récent post de OTD a montré une autre Carrera automatique signée Dubois celle-là avec une configuration de dial qui lui est propre, montrant que Heuer réalisait des exemplaires pour des tiers
Credit : Museum@OTD
Dans tous les cas, les 1158 sont rares, le chiffre de 150 exemplaires avait également été indiqué par Jack Heuer lors d'une interview, c'est selon Jeff Stein le chiffre de production le plus probable.
Peut-être les boites restantes ont-elles été fondues et vendues au poids de l'or pendant les vicissitudes de la fin des années 70 ?
A noter qu'une base de données des numéros de série est tenue par Mark Moss, grand expert de toutes les Carrera permettant ainsi de vérifier la cohérence du numéro de série et de la configuration de la montre.
Le cadran présente une finition métallique brossée lui donnant une couleur variable fonction de l'inclinaison à la lumière, l'or n'est pas utilisé à ma connaissance pour cette finition, les index appliqués sont en or
particularisme de ce cadran des 1158, leur index à midi caractéristique, un détail remarquable auquel je suis particulièrement attaché
en regard de cet index en carré noir à midi, un guichet de date à 6h intégrant un disque noir à date blanche, une configuration particulière aux premières séries de 1158 CHN produites jusqu'en 1976
une deuxième série sera produite à partir de 1977 avec un disque de date blanc, le charme n'opère pas de la même manière, comme s’il manquait quelque chose à cette Carrera
il faut dire que index à midi et guichet de date noire à 6 h participent activement à la personnalité de ce cadran plein de ces détails qui régalent l'oeil de l'amateur
car ces deux "petits carrés noirs" dans la longueur du cadran équilibrent d'une manière remarquable à mes yeux les deux compteurs circulaires à 9h et 3h,
l'association cercle/carré - noir/champagne est l'un des points fondamentaux de ce dial
les compteurs de mon exemplaire se sont "tropicalisés" avec le temps, ils sont donc devenu marron offrant à l'ensemble une douceur visuelle particulière, ce détail est plus ou moins visible en fonction de l'inclinaison, de la nature et de l'intensité de la lumière
Les aiguilles H/M sont en or brossé,
la pointe noire présente une sur-épaisseur de peinture caractéristique des Heuer de l'époque
mon exemplaire est monté sur un bracelet racing original Heuer non signé en Corfam - une sorte de vinyle développé par Rhone-Poulenc dans les années 60 - tel que la montre était livrée à l'époque pour renforcer son identité de chrono racing
la boucle est plaquée or
si celle-ci est bien originale avec son soleil gravé caractéristique, l'emplacement de celui-ci à droite témoigne que cette boucle équipait un modèle plaqué or
les boucles originales de Carrera automatiques 18K ayant leur soleil gravé à gauche, l'unique détail non original de mon exemplaire, je m'en remettrai...
credit : GVM
vous avez vu sur le le catalogue la 1158 CHN présentée avec un bracelet en or que voici
Credit : Jeff Stein
il est réalisé selon le style dit de "maille milanaise"
Credit : Jeff Stein
sa boucle est siglée
credit: Jeff Stein
il est de fabrication Gay-Freres
credit: Jeff Stein
Ce bracelet ne faisait pas partie de ligne officielle d’accessoires Heuer, celui-ci s'intégrant assez mal dans l'identité racing de la montre voulue par la manufacture.
Sa fabrication a fait suite à la demande de la puissante filiale américaine HeuerTime Corp. qui pensait qu'un accessoire flashy type California Cool serait intéressant pour doper son image dans certains états du sud dense en prospects fortunés.
Le bracelet a donc été entièrement conçu par les équipes américaines, peu de photos de l'époque montre la 1158 CHN affublée de bracelet à l'élégance particulière et au décoiffant poids de 73 Grammes.
Le poids est souvent une question que l'on se pose à propos des montres en or, la 1158 pèse 69 grammes sans bracelet (dont 21g pour le Cal. 12)
C'est aussi au moment de la sortie de ses calibres automatiques que Heuer décide d'utiliser l'image de grands pilotes automobiles pour entériner son aura déjà bien ancrée dans le sport automobile et, c'est tout naturellement que les premiers contacts se noueront avec des pilotes de nationalité suisse
Jo Siffert tout d'abord,
credit : Amer
et Clay Regazzoni ensuite
Credit : OTD
Moins connu, Clay Ragazzoni est un pilote suisse, il sera pilote pour Ferrari de 1970 à 1972 puis de 1974 à 1976, ses origines tessinoises lui confèrent une estime particulière de la communauté des enthousiastes italiens (le Tessin est un canton de la Suisse italienne, on y parle forcément italien) et c'est assez naturellement que en 1971, Enzo Ferrari lui demande de lui trouver des équipements de mesures ultra-précis pour mesurer les temps de ses F1.
Enzo Ferrari n'était pas à une facétie près, conscient que “l’Aérotaudrome de Modène” (où Ferrari entre autres testait ses voitures) allait fermer ses portes, il était en train de faire construire un circuit privé basé à Fiorano Modenese, à proximité de l’usine de Maranello.
Le circuit privé de Fiorano était conçu pour reproduire certaines des courbes les plus techniques de certains circuits du monde permettant ainsi un entrainement très pointu de la part des pilotes de son écurie mais aussi des réglages très précis pour ses voitures.
credit : Gdecarli.it
Un tel projet nécessitait des instruments de mesures à la hauteur de ses ambitions, un point crucial à une époque où les mesures en courses automobiles restaient assez artisanales et imprécises.
La demande du Commandatore visait évidemment le Centigraph dont il avait entendu parler, un équipement de mesures en développement avancé chez Heuer, il fera l’objet de nombreux développements complémentaires en partenariat avec Ferrari.
Credit : Wikipedia
Clay Regazzoni venait de remporter le Grand Prix d'Italie, il avait donc à cette époque toute l'estime du Commendatore, il était ambassadeur de la manufacture de Bienne depuis un an environ, son identité presque italienne en faisait un médiateur de choix pour nouer un accord qui sera vite scellé entre Ferrari et Heuer
Credit : Arno Haslinger
Le Centigraph était un équipement de chronométrage électronique composé d’une imprimante et d’un pupitre, une sorte de "Super Chronomètre" électronique assemblé sous la forme d'un ordinateur mais sans moniteur, nous sommes en 1971 et c'est donc l'imprimante qui fait ici office de moniteur.
L’installation par Heuer de 45 cellules photoélectriques autour du circuit de Fiorano permit rapidement la mesure au 1/1000eme de 20 voitures simultanément, une révolution de l’époque.
C'est ainsi qu'en 1971, Heuer devient le chronométreur officiel de Ferrari.
Cet accord prendra la forme d'un partenariat entre la manufacture horlogère et la prestigieuse écurie italienne qui sera une première dans les relations entre le monde de la course automobile et celui de l'horlogerie.
Heuer fournira ses précieux équipements à Ferrari qui les utilisera d’abord sur son circuit privé de Fiorano inauguré en 1972 puis pour le chamionnat du monde de F1 et d'endurance (sur les circuits de Monza, Vallelunga, Sebring et Le Mans).
Credit OTD
Heuer détachera également chez Ferrari un ingénieur ayant participé au développement du Centigraph - Jean Campiche - que l'on retrouvera pendant presque 10 ans à suivre la Scuderia sur les circuits du monde entier pour mesurer le temps de ses voitures.
Credit : Arno Haslinger
on le voit ici torse nu
La réputation de Jean Campiche en tant que chronométreur de Ferrari était très importante dans le monde de la course automobile, de même que la précision et la fiabilité du Centigraph.
Quelques témoignages photographiques de cette époque héroïque où l'on retrouve Jean Campiche et le Centigraph sur les circuits du monde entier dans les années 70.
il faut dire qu'en tant que chronométreur officiel de Ferrari de 1971 à 1979, Heuer jouera un rôle essentiel dans la série de victoires remportée par l’écurie au championnat du monde. Elle verra ainsi son nom associé aux légendes de Ferrari telles que Gilles Villeneuve, Niki Lauda, Jody Scheckter et d'autres.
En contrepartie, Ferrari apposera le blason de la manufacture
sur ses voitures que ce soit en F1 ou en endurance
toutes images credit : IVHOC, GVM, OTD
et sur les combinaisons de ses pilotes
ici Jacky Ickx en 1972
les pilotes Ferrari porteront par ailleurs tous une Heuer au poignet comme ce Chronosplit par exemple dont Gilles Villeuneuve est la figure emblématique
Credit : OTD
le partenariat avec Ferrari sera évidemment le fruit d'une large communication tous azimuts de la part de Heuer
dans ses catalogues
Toutes images credit OTD
ou dans le cadre de campagnes diverses
il donnera également naissance aux fameux “Heuer Cavallino”, des réveils intégrés dans des reproductions de casques des pilotes de F1 de l’époque
credit : heuerautavia.com
ici, les casques de Nikki Lauda et Clay Regazzoni
credit : heuerautavia.com
La 1158 CHN sera le modèle retenu par Heuer pour devenir la montre de dotation des pilotes de Ferrari, un point important de l'accord passé entre les nouveaux partenaires et c'est ainsi que dès 1972 les pilotes suivants se voient remettre une Carrera 1158 CHN pour assurer la promotion de l'image de Heuer sur les circuits de Grands Prix du monde entier
Les pilotes Ferrari d'abord
Clay Regazzoni (chez Ferrari de 1970 à 1972 et de 1974 à 1976)
Mario Andretti (1971 & 1972)
Arturo Merzario (1970 à 1973)
Jacky Ickx (1971 à 1973)
Niki Lauda (1976)
Carlos Reutemann (1977 & 1978)
Gilles Villeneuve (1977 à 1979)
Jody Scheckter(1978 & 1979)
Mauro Forghieri, Directeur Technique de Ferrari pendant plus de 20 ans et personnage très influent de la Scuderia sera également un fidèle porteur de la 1158 CHN participant ainsi activement au formidable effet d'image de marque de la manufacture de Bienne
La 1158 CHN sera également la montre des ambassadeurs de Heuer, courant eux pour d'autres écuries
Jo Siffert (1971, pour BRM)
Ronnie Peterson (1971 / 1972, pour March)
Emerson Fittipaldi (1974, pour McLaren)
Dennis Hulme (1974, pour McLaren)
John Surtees (1974, pour Pace-Mass)
Toutes photos credit : IVHOC et/ou OTD, GVM, Paolo et d'autres, ces photos constituant le fruit de plus de 3 ans de patient stockage dans mon disque dur
Particularité de ces 1158 CHN de dotation, leurs fonds de boite est gravé au nom du pilote qui la reçoit avec son groupe sanguin. Pas de photos de ces exemplaires particuliers, ils sont partis aux 4 vents...
La 1158 CHN est aussi vendue à des particuliers sur commande spéciale auprès de leur AD, c'est l'un de ces exemplaires que j'ai enfin fini par dénicher.
Je dis enfin car la quête a été particulièrement difficile et longue compte tenu de sa rareté bien sur mais aussi de mon exigence intransigeante à détenir un exemplaire à l'originalité indiscutable.
La 1158 CHN sera produite peu ou prou jusqu'à la fin des années 70 environ, les derniers exemplaires avec leur disque de date blanche donc.
Dans les années 80 quand le chant du cygne se fait de plus en plus fort, Heuer lance une ultime série 18 K avec ses Golden Hours
la Ref 510.508 reprend le dessin de la boite de la Carrera automatique mais rien d'autre...
De son coté, le Centigraph évoluera également et en 1976, Heuer présentera son système A.C.I.T (Automatic Car Identification and Timing system) à la Fédération Internationale de l'Automobile (FIA).
L'ACIT est un système entièrement automatique permettant la mesure individuelle et précise de chaque voiture engagée en course par l'équipement de chacune d'entre elles de mini transmetteurs (des transpondeurs en fait) détectés par un récepteur (une antenne) placé sur la ligne d'arrivée. Ce système révolutionnaire permettra notamment de départager l'arrivée quasi simultanée de plusieurs voitures sur la ligne d'arrivée, il recevra l'agrément de la FIA, il est toujours je crois le système utilisé actuellement pour départager les compétiteurs à l'arrivée.
Les difficultés financières importantes rencontrées par Heuer par la suite ne lui permettront pas de se hisser à la logique place du premier partenaire de la FIA qui lui revenait sans doute bien que le rachat par TAG en 1985 fera place à des développements complémentaires pertinents.
Si la Monaco est incontestablement le premier chrono racing de Heuer qui vient à l'esprit des amateurs, l'Autavia dite Siffert est surement le deuxième.
Et pourtant, c'est bien la Carrera qui succédera dès 1964 (ici Tony Adamowicz avec une Carrera 1ère série)
aux fameux compteurs de bord automobile Rallye Master qui auront ouverts la voie de la légitimé de Heuer dans le sport automobile
Credit : OTD
Si le marketing tardif autour de Steve McQueen (dont Tag a acquis les droits en 1988 pour les exploiter ensuite avec beaucoup de brio) et l'enthousiasme d'une frange de collectionneurs pour Jo Siffert a dopé la popularité de ces chronos,
La Carrera 1158 CHN incarne selon moi le paroxysme du mariage de Heuer avec le sport automobile et ses plus grands héros.
Une montre discrète, à l'histoire particulièrement illustre, sans bla-bla ni marketing, juste le témoin d'une belle histoire réelle, forte de nombreuses images d'époque pour en attester sobrement, digne de l'élégance sport-chic d'un chronographe 18K qui embarquait aussi un mouvement révolutionnaire à l'époque,
la Heuer de ceux qui savent...
s'il ma fallu du temps pour la dénicher, il m'en aura aussi fallu pour la comprendre et l'apprécier en tant que montre.
Je sais qu'il me faudra encore du temps pour cerner tous ses détails, l'apprécier au porté, créer des souvenir avec elle au poignet,
le meilleur reste à venir !
Cette revue est dédiée à Jack Heuer qui fête son 80ème anniversaire le 19 novembre prochain. Il nous avait indiqué amusé lorsque nous l’avions rencontré qui si les fonds de boite des 1158 CHN étaient gravées du groupe sanguin des pilotes à qui elles étaient offertes pour des raisons évidentes en cas d’accident c’était aussi pour éviter que les mêmes pilotes ne les revendent trop rapidement, une époque héroique je vous dis !
Credit : OTD
Credit : OTD
si l'histoire a bien retenu l'Autavia
Credit : IVHOC
et le marketing tardif a bien orchestré la Monaco
credit : Ubik
je suis toujours surpris de voir à quel point la Carrera est négligée
Credit : OTD
C'est pourtant le modèle que Heuer choisira pour lancer son modèle en or 18K parmi ses nouveautés à calibres automatiques avec les 1158 CH ET S
Credit : OTD
Mark Moss a commenté la signification de ces références sur OnTheDash
Le nombre 11 désigne une montre motirisée en Calibre 11 ou 12
Le chiffre 5 désigne les Carrera
Le chriffre 8 désigne les montres en or massif
Le CH fait référence à la couleur champagne du cadran de la première, le S à la couleur Silver de la seconde.
Les séries mécaniques des Carrera avaient eu avant elles leur modèle avec ce très rare exemplaire
Si Heuer est bel et bien entré dans le monde de la standardisation de ses productions depuis déjà quelques années, ces montres en or ne sont fabriquées que sur commande spéciale.
Ces versions automatiques sont disponibles en deux couleurs de cadrans
Silver, Ref 1158 S
Credit : OTD
et champagne Ref 1158 CH
Credit : OTD
la particularité de ces exemplaires primitifs tient surtout à
-leurs aiguilles H/M en or poli dont la dessin est issu du modèle à remontage manuel,
-leurs cadrans aux index en or poli et leurs inserts noirs.
Selon Jeff Stein, ces séries sont soit des prototypes soit leur production a été extrêmement faible, ce qui explique qu'aucune photo de l'exemplaire champagne ne soit disponible.
Ces modèles évoluent donc assez vite et probablement à la fin de 1970, aiguilles et index sont modifiés, cela s'inscrivant surement dans la structuration cosmétique de l’ensemble des gammes de montres automatiques, les calibres automatiques commençant à être bien fiabilisés et leur rythme de production soutenu.
L’exemplaire champagne ainsi modifié avec son bracelet
et la 1158 S magnifiquement sublimée par l’ami GVM
Vers la fin 1971, Heuer introduit un nouveau modèle de Carrera automatique, la 1158 CHN
Credit : OTD
l’adjonction du N fait référence à la couleur noire des compteurs sur ce modèle.
la 1158 est une Carrera automatique, son diamètre est de 38 mm, son cadran champagne "n'ouvre" pas beaucoup et au poignet elle parait moins grande ce qui lui confère un bon équilibre sport/chic.
Sa boite reprend les caractéristiques des Carrera automatiques dont le "plateau" est assez fin et présente des anses au dessin fluide et à la terminaison angulaire efficace satisfaisant aux canons esthétiques du début des 70s, son profil est changeant en fonction des angles, efficace mais en douceur
j'apprécie tout particulièrement les angles de cette boite dans leur longueur
on retrouve la combinaison de finition de boite satinée au grain longitudinal fin et sa lunette poli brillant qui donne du rythme à ce visuel assez sobre
Couronne à gauche signée, traditionnelle des Heuer à Calibre automatique, une volonté délibérée de ses concepteurs pour marquer la différence
poussoirs "flutés" à droite également caractéristiques
point très important pour qualifier l'originalité de cet exemplaire, le poinçon gravé entre les poussoirs
le fond de boite est profond compte tenu de l'imposante hauteur du Calibre 12 de 7,7 mm conséquence directe de sa conception modulaire
il découvre une finition en perlage
il est encore signé Heuer Leonidas, on y retrouve les poinçons
la structure interne de la boite est très technique
Credit : John Lunley@OTD
à l'intérieur, Calibre 11-I pour les tous premiers exemplaires de la série puis Calibre 12, celui qui anime mon exemplaire
dans les entre-cornes, on trouve à midi la référence (1158) et à 6 h le numéro de série ici 249XXX série connue de ces 1158CHN.
Le fait que référence et numéro de série soient encore visibles sont deux points également importants pour qualifier l'originalité et l’état de conservation de ces exemplaires ceux-ci ayant souvent disparus au fil des années, des polissages et recharges que la montre a pu subir au cours de sa vie.
Tag Heuer a publié une revue de presse en 2004 pour les 40 ans de la Carrera
Credit : OTD
et fait état d'une production de 150 pièces de ces Carrera 18K tous cadrans confondus
Credit : OTD
Des collectionneurs ont toutefois trouvé des numéros de séries qui tendraient à démontrer qu'au total 600 boites environ auraient été fabriquées.
L'exemplaire posté récemment par Plibou et signé Orly démontre que des productions ont été réalisées pour des tiers, sans doute ont elles été confidentielles
Credit : IVHOC
un récent post de OTD a montré une autre Carrera automatique signée Dubois celle-là avec une configuration de dial qui lui est propre, montrant que Heuer réalisait des exemplaires pour des tiers
Credit : Museum@OTD
Dans tous les cas, les 1158 sont rares, le chiffre de 150 exemplaires avait également été indiqué par Jack Heuer lors d'une interview, c'est selon Jeff Stein le chiffre de production le plus probable.
Peut-être les boites restantes ont-elles été fondues et vendues au poids de l'or pendant les vicissitudes de la fin des années 70 ?
A noter qu'une base de données des numéros de série est tenue par Mark Moss, grand expert de toutes les Carrera permettant ainsi de vérifier la cohérence du numéro de série et de la configuration de la montre.
Le cadran présente une finition métallique brossée lui donnant une couleur variable fonction de l'inclinaison à la lumière, l'or n'est pas utilisé à ma connaissance pour cette finition, les index appliqués sont en or
particularisme de ce cadran des 1158, leur index à midi caractéristique, un détail remarquable auquel je suis particulièrement attaché
en regard de cet index en carré noir à midi, un guichet de date à 6h intégrant un disque noir à date blanche, une configuration particulière aux premières séries de 1158 CHN produites jusqu'en 1976
une deuxième série sera produite à partir de 1977 avec un disque de date blanc, le charme n'opère pas de la même manière, comme s’il manquait quelque chose à cette Carrera
il faut dire que index à midi et guichet de date noire à 6 h participent activement à la personnalité de ce cadran plein de ces détails qui régalent l'oeil de l'amateur
car ces deux "petits carrés noirs" dans la longueur du cadran équilibrent d'une manière remarquable à mes yeux les deux compteurs circulaires à 9h et 3h,
l'association cercle/carré - noir/champagne est l'un des points fondamentaux de ce dial
les compteurs de mon exemplaire se sont "tropicalisés" avec le temps, ils sont donc devenu marron offrant à l'ensemble une douceur visuelle particulière, ce détail est plus ou moins visible en fonction de l'inclinaison, de la nature et de l'intensité de la lumière
Les aiguilles H/M sont en or brossé,
la pointe noire présente une sur-épaisseur de peinture caractéristique des Heuer de l'époque
mon exemplaire est monté sur un bracelet racing original Heuer non signé en Corfam - une sorte de vinyle développé par Rhone-Poulenc dans les années 60 - tel que la montre était livrée à l'époque pour renforcer son identité de chrono racing
la boucle est plaquée or
si celle-ci est bien originale avec son soleil gravé caractéristique, l'emplacement de celui-ci à droite témoigne que cette boucle équipait un modèle plaqué or
les boucles originales de Carrera automatiques 18K ayant leur soleil gravé à gauche, l'unique détail non original de mon exemplaire, je m'en remettrai...
credit : GVM
vous avez vu sur le le catalogue la 1158 CHN présentée avec un bracelet en or que voici
Credit : Jeff Stein
il est réalisé selon le style dit de "maille milanaise"
Credit : Jeff Stein
sa boucle est siglée
credit: Jeff Stein
il est de fabrication Gay-Freres
credit: Jeff Stein
Ce bracelet ne faisait pas partie de ligne officielle d’accessoires Heuer, celui-ci s'intégrant assez mal dans l'identité racing de la montre voulue par la manufacture.
Sa fabrication a fait suite à la demande de la puissante filiale américaine HeuerTime Corp. qui pensait qu'un accessoire flashy type California Cool serait intéressant pour doper son image dans certains états du sud dense en prospects fortunés.
Le bracelet a donc été entièrement conçu par les équipes américaines, peu de photos de l'époque montre la 1158 CHN affublée de bracelet à l'élégance particulière et au décoiffant poids de 73 Grammes.
Le poids est souvent une question que l'on se pose à propos des montres en or, la 1158 pèse 69 grammes sans bracelet (dont 21g pour le Cal. 12)
C'est aussi au moment de la sortie de ses calibres automatiques que Heuer décide d'utiliser l'image de grands pilotes automobiles pour entériner son aura déjà bien ancrée dans le sport automobile et, c'est tout naturellement que les premiers contacts se noueront avec des pilotes de nationalité suisse
Jo Siffert tout d'abord,
credit : Amer
et Clay Regazzoni ensuite
Credit : OTD
Moins connu, Clay Ragazzoni est un pilote suisse, il sera pilote pour Ferrari de 1970 à 1972 puis de 1974 à 1976, ses origines tessinoises lui confèrent une estime particulière de la communauté des enthousiastes italiens (le Tessin est un canton de la Suisse italienne, on y parle forcément italien) et c'est assez naturellement que en 1971, Enzo Ferrari lui demande de lui trouver des équipements de mesures ultra-précis pour mesurer les temps de ses F1.
Enzo Ferrari n'était pas à une facétie près, conscient que “l’Aérotaudrome de Modène” (où Ferrari entre autres testait ses voitures) allait fermer ses portes, il était en train de faire construire un circuit privé basé à Fiorano Modenese, à proximité de l’usine de Maranello.
Le circuit privé de Fiorano était conçu pour reproduire certaines des courbes les plus techniques de certains circuits du monde permettant ainsi un entrainement très pointu de la part des pilotes de son écurie mais aussi des réglages très précis pour ses voitures.
credit : Gdecarli.it
Un tel projet nécessitait des instruments de mesures à la hauteur de ses ambitions, un point crucial à une époque où les mesures en courses automobiles restaient assez artisanales et imprécises.
La demande du Commandatore visait évidemment le Centigraph dont il avait entendu parler, un équipement de mesures en développement avancé chez Heuer, il fera l’objet de nombreux développements complémentaires en partenariat avec Ferrari.
Credit : Wikipedia
Clay Regazzoni venait de remporter le Grand Prix d'Italie, il avait donc à cette époque toute l'estime du Commendatore, il était ambassadeur de la manufacture de Bienne depuis un an environ, son identité presque italienne en faisait un médiateur de choix pour nouer un accord qui sera vite scellé entre Ferrari et Heuer
Credit : Arno Haslinger
Le Centigraph était un équipement de chronométrage électronique composé d’une imprimante et d’un pupitre, une sorte de "Super Chronomètre" électronique assemblé sous la forme d'un ordinateur mais sans moniteur, nous sommes en 1971 et c'est donc l'imprimante qui fait ici office de moniteur.
L’installation par Heuer de 45 cellules photoélectriques autour du circuit de Fiorano permit rapidement la mesure au 1/1000eme de 20 voitures simultanément, une révolution de l’époque.
C'est ainsi qu'en 1971, Heuer devient le chronométreur officiel de Ferrari.
Cet accord prendra la forme d'un partenariat entre la manufacture horlogère et la prestigieuse écurie italienne qui sera une première dans les relations entre le monde de la course automobile et celui de l'horlogerie.
Heuer fournira ses précieux équipements à Ferrari qui les utilisera d’abord sur son circuit privé de Fiorano inauguré en 1972 puis pour le chamionnat du monde de F1 et d'endurance (sur les circuits de Monza, Vallelunga, Sebring et Le Mans).
Credit OTD
Heuer détachera également chez Ferrari un ingénieur ayant participé au développement du Centigraph - Jean Campiche - que l'on retrouvera pendant presque 10 ans à suivre la Scuderia sur les circuits du monde entier pour mesurer le temps de ses voitures.
Credit : Arno Haslinger
on le voit ici torse nu
La réputation de Jean Campiche en tant que chronométreur de Ferrari était très importante dans le monde de la course automobile, de même que la précision et la fiabilité du Centigraph.
Quelques témoignages photographiques de cette époque héroïque où l'on retrouve Jean Campiche et le Centigraph sur les circuits du monde entier dans les années 70.
il faut dire qu'en tant que chronométreur officiel de Ferrari de 1971 à 1979, Heuer jouera un rôle essentiel dans la série de victoires remportée par l’écurie au championnat du monde. Elle verra ainsi son nom associé aux légendes de Ferrari telles que Gilles Villeneuve, Niki Lauda, Jody Scheckter et d'autres.
En contrepartie, Ferrari apposera le blason de la manufacture
sur ses voitures que ce soit en F1 ou en endurance
toutes images credit : IVHOC, GVM, OTD
et sur les combinaisons de ses pilotes
ici Jacky Ickx en 1972
les pilotes Ferrari porteront par ailleurs tous une Heuer au poignet comme ce Chronosplit par exemple dont Gilles Villeuneuve est la figure emblématique
Credit : OTD
le partenariat avec Ferrari sera évidemment le fruit d'une large communication tous azimuts de la part de Heuer
dans ses catalogues
Toutes images credit OTD
ou dans le cadre de campagnes diverses
il donnera également naissance aux fameux “Heuer Cavallino”, des réveils intégrés dans des reproductions de casques des pilotes de F1 de l’époque
credit : heuerautavia.com
ici, les casques de Nikki Lauda et Clay Regazzoni
credit : heuerautavia.com
La 1158 CHN sera le modèle retenu par Heuer pour devenir la montre de dotation des pilotes de Ferrari, un point important de l'accord passé entre les nouveaux partenaires et c'est ainsi que dès 1972 les pilotes suivants se voient remettre une Carrera 1158 CHN pour assurer la promotion de l'image de Heuer sur les circuits de Grands Prix du monde entier
Les pilotes Ferrari d'abord
Clay Regazzoni (chez Ferrari de 1970 à 1972 et de 1974 à 1976)
Mario Andretti (1971 & 1972)
Arturo Merzario (1970 à 1973)
Jacky Ickx (1971 à 1973)
Niki Lauda (1976)
Carlos Reutemann (1977 & 1978)
Gilles Villeneuve (1977 à 1979)
Jody Scheckter(1978 & 1979)
Mauro Forghieri, Directeur Technique de Ferrari pendant plus de 20 ans et personnage très influent de la Scuderia sera également un fidèle porteur de la 1158 CHN participant ainsi activement au formidable effet d'image de marque de la manufacture de Bienne
La 1158 CHN sera également la montre des ambassadeurs de Heuer, courant eux pour d'autres écuries
Jo Siffert (1971, pour BRM)
Ronnie Peterson (1971 / 1972, pour March)
Emerson Fittipaldi (1974, pour McLaren)
Dennis Hulme (1974, pour McLaren)
John Surtees (1974, pour Pace-Mass)
Toutes photos credit : IVHOC et/ou OTD, GVM, Paolo et d'autres, ces photos constituant le fruit de plus de 3 ans de patient stockage dans mon disque dur
Particularité de ces 1158 CHN de dotation, leurs fonds de boite est gravé au nom du pilote qui la reçoit avec son groupe sanguin. Pas de photos de ces exemplaires particuliers, ils sont partis aux 4 vents...
La 1158 CHN est aussi vendue à des particuliers sur commande spéciale auprès de leur AD, c'est l'un de ces exemplaires que j'ai enfin fini par dénicher.
Je dis enfin car la quête a été particulièrement difficile et longue compte tenu de sa rareté bien sur mais aussi de mon exigence intransigeante à détenir un exemplaire à l'originalité indiscutable.
La 1158 CHN sera produite peu ou prou jusqu'à la fin des années 70 environ, les derniers exemplaires avec leur disque de date blanche donc.
Dans les années 80 quand le chant du cygne se fait de plus en plus fort, Heuer lance une ultime série 18 K avec ses Golden Hours
la Ref 510.508 reprend le dessin de la boite de la Carrera automatique mais rien d'autre...
De son coté, le Centigraph évoluera également et en 1976, Heuer présentera son système A.C.I.T (Automatic Car Identification and Timing system) à la Fédération Internationale de l'Automobile (FIA).
L'ACIT est un système entièrement automatique permettant la mesure individuelle et précise de chaque voiture engagée en course par l'équipement de chacune d'entre elles de mini transmetteurs (des transpondeurs en fait) détectés par un récepteur (une antenne) placé sur la ligne d'arrivée. Ce système révolutionnaire permettra notamment de départager l'arrivée quasi simultanée de plusieurs voitures sur la ligne d'arrivée, il recevra l'agrément de la FIA, il est toujours je crois le système utilisé actuellement pour départager les compétiteurs à l'arrivée.
Les difficultés financières importantes rencontrées par Heuer par la suite ne lui permettront pas de se hisser à la logique place du premier partenaire de la FIA qui lui revenait sans doute bien que le rachat par TAG en 1985 fera place à des développements complémentaires pertinents.
Si la Monaco est incontestablement le premier chrono racing de Heuer qui vient à l'esprit des amateurs, l'Autavia dite Siffert est surement le deuxième.
Et pourtant, c'est bien la Carrera qui succédera dès 1964 (ici Tony Adamowicz avec une Carrera 1ère série)
aux fameux compteurs de bord automobile Rallye Master qui auront ouverts la voie de la légitimé de Heuer dans le sport automobile
Credit : OTD
Si le marketing tardif autour de Steve McQueen (dont Tag a acquis les droits en 1988 pour les exploiter ensuite avec beaucoup de brio) et l'enthousiasme d'une frange de collectionneurs pour Jo Siffert a dopé la popularité de ces chronos,
La Carrera 1158 CHN incarne selon moi le paroxysme du mariage de Heuer avec le sport automobile et ses plus grands héros.
Une montre discrète, à l'histoire particulièrement illustre, sans bla-bla ni marketing, juste le témoin d'une belle histoire réelle, forte de nombreuses images d'époque pour en attester sobrement, digne de l'élégance sport-chic d'un chronographe 18K qui embarquait aussi un mouvement révolutionnaire à l'époque,
la Heuer de ceux qui savent...
s'il ma fallu du temps pour la dénicher, il m'en aura aussi fallu pour la comprendre et l'apprécier en tant que montre.
Je sais qu'il me faudra encore du temps pour cerner tous ses détails, l'apprécier au porté, créer des souvenir avec elle au poignet,
le meilleur reste à venir !
Cette revue est dédiée à Jack Heuer qui fête son 80ème anniversaire le 19 novembre prochain. Il nous avait indiqué amusé lorsque nous l’avions rencontré qui si les fonds de boite des 1158 CHN étaient gravées du groupe sanguin des pilotes à qui elles étaient offertes pour des raisons évidentes en cas d’accident c’était aussi pour éviter que les mêmes pilotes ne les revendent trop rapidement, une époque héroique je vous dis !