Il est légitime à mon sens de parler d'apogée des chronos pour les années 60 pour deux raisons :
la première c'est que les 60s seront le cadre d'une assez grande démocratisation de ces toolwatch dans un contexte où la société devient "moderne", la pratique de "sports extrêmes" (course automobiles en tous genres, aviation sous toutes ses formes pour ne parler que des pratiques les plus évidentes) se généralise, la vitesse est glorifiée, la mesure applicative de tous les temps aussi, on entre dans l'époque de la vitesse rapportée à la société en général.
la brochure de ce distributeur britannique (1968 ou 69 je crois) et celle d'UG en dessous illustrent bien cela
credit : Ubik
Credit : La Baie
Tout cela n'est désormais plus l'apanage de certaines élites sociales et/ou professionnelles mais devient progressivement accessible à un plus grand nombre.
Ces chronos des 60s marquent cette évolution et par extension, beaucoup de non pratiquants porteront ce symbole de modernité à leurs poignets.
La deuxième raison est que ces chronos marquent la fin des mouvements à remontage manuel (les calibres chronos automatiques seront lancés en 1969), la décennie des 60s aura aussi marqué une certaine forme de généralisation de mouvements facilement accessibles par les manufs et assez simples à emboîter (les valjoux en particulier), ils permettront une augmentation significative des segments de produits horlogers proposés, les 60s verront effectivement l'émergence de petits chronos "offrables" par la petite bourgeoisie émergente qui est née pendant les 30 glorieuses.
L'ampleur des champs applicatifs proposés, la capacité à être accessible par un plus grand nombre et la fin d'un "cycle technique" sont pour moi des signes marquant une forme d'apogée.
L'intérêt de la photo de Pat au-delà de celui que l'on porte à chaque exemplaire présenté est qu'elle résume bien la diversité de l'offre.
La Longines marque à mon sens une certaine désuétude avec son mouvement datant des années 40 (?), idem pour l'UG
L'Omega marque un autre type de désuétude, peu d'exemplaires seront fabriqués, sa date de mise sur le marché est 1969, qui veut un chrono à remontage manuel en 1969 ?
La Carrera illustre le mieux à mon sens l'esprit de l'époque tant de par son identité liée au sport automobile que par son Valjoux 72 emboîté.
D'un point de vue de collection, chacune de ces montres est très attirante, ce quatuor offre de nombreux prismes à l'amateur de chronographes.
Bravo Pat, cette photo montre un sans faute dans ton mouvement vers ces chronos vintage
Je vous en mets quelques uns
1963/65 - Valjoux 23 - le secteur grisé sur le compteur totalisateur correspond à une unité telephonique de l'époque
vraisemblablement 1968 - Valjoux 72 modifié en 721 = adjonction de la roue pour mesurer les cycles de marées
vraisemblablement 1968 - Valjoux 72 modifié en 724 = adjonction de la roue pour animer l'aiguille GMT
vers 1966 - Valjoux 77XX un petit chrono marquant la démocratisation
vers 1969 - Valjoux 72 un chrono marquant l'hérésie des plongeuses chronographes peu étanches, une perversion de la démocratisation sans doute
1969 - Venus 178 on ratisse large chez Breitling avec ce double positionnement aviation/yachting