En 1919 ses fils George et Maurice prennent la suite et la même année sort le premier chronographe bracelet de la marque. Eberhard ne fabrique pas ses ébauches mais se fournit auprès des spécialistes en la matière selon un cahier des charges bien précis.
Eberhard devient ainsi le fournisseur officiel de la plupart des constructeurs automobiles italiens jusque dans les années 30.
A partir de 1929, Eberhard devient également la manufacture officielle de la Marine Royale Italienne fournissant un nombre important de garde temps pour les officiers de Marine.
Poursuivant le développement de ses montres sportives, Eberhard aurait créé le premier chronographe à deux poussoirs en 1935.
En 1938 Eberhard propose pour la première fois un chronographe bracelet avec compteur d’heures et nombreuses sont les autres innovations parfois oubliées développées par cette manufacture.
En 1942, Maurice Eberhard devient l’unique propriétaire de la manufacture, accablé par la mort accidentelle de sa fille dans un accident de voiture, il vend la manufacture en 1962.
Plusieurs modèles étonnants jalonnent l’histoire d’Eberhard, en voici quelques uns.
L’EXTRA-FORT
L’Extra-Fort est un chronomètre proposé dès 1935, motorisé par un le Calibre 1600, il jouit d’une grande popularité, ce calibre est en effet le premier à intégrer une glissoire que l’on actionne par le poussoir du bas permettant d’arrêter et de reprendre la marche du chronographe à sa guise.
Quelques exemplaires de la gamme qui a été proposée une trentaine d’années (!!!) que j’ai tenté de classer par ordre chronologique
Un exemplaire intéressant avec la glace s’ouvrant « comme une vitrine »
Un exemplaire plus tardif, vraisemblablement du début des années 50 époque où l’Extra-Fort est désormais motorisé par le Calibre 310/8 développé par Dépraz et Cie, un mouvement avec roue à colonne dont toutes les pièces sont anglées.
Une variante
Autre modèle porteur d’une innovation technique, le CONTODAT.
Alors qu’il est généralement accepté que la Heuer Carrera Dato très en vogue en ce moment (ref 3147 – Cal. Landeron 189) est le premier chronographe à date
La réalité en attribue en fait l’innovation à Eberhard avec son Contodat.
Proposé dès 1957, le Contodat est motorisé par le Cal. 310/82 qui est une évolution du 310/8 et est équipé de la date sous la forme d’un guichet à 6 h.
Quelques variantes
Une très jolie
Une autre plus… discutable
Autre modèle intéressant, le SCIENTIGRAF
Une montre anti-magnétique lancée au début des années 60, regardez moi cette « gueule » !
Pour suivre, une plongeuse typée, la SCAFOGRAF
Qui sera déclinée dans plusieurs versions plongeant de 200 à 1000 mètres
La version plus emblématique appelée la 200
Avec ses index vraiment étonnants
Et sa boite qui ne l’est pas moins
Une variante à la présentation plus classique mais assez réussie
Une autre surement plus tardive affichant 44 mm de diamètre, je vous laisse apprécier
Pour suivre, le modèle qui a valu que je me perde des heures sur le Net à la recherche d’infos, le CONTOGRAF
Produit à partir du début des années 60 pendant une dizaine d’années, le Contograf est un chrono étanche à fond vissé. Calibre Eberhard 310/82 évolution du calibre 14000.
Ici dans sa première version à aiguilles dauphine
Le Contograf est aussi appelé « Pino Mariella » par certains collectionneurs italiens amateurs de voitures.
Pino Mariella était un pilote de F3 et de Rallye dans les années 60 qui a connu un certain succès d’estime, le Contograf était son chrono.
Pino Mariella, à droite sur la photo
Et ici avec une voiture bien de chez nous
Ici dans une deuxième version, le Contograf avec aiguilles batons sublimé par les superbes photos de GVM, collectionneur italien passionné qui a inspiré nombre de mes engouements horlogers
Détail du correcteur de date situé à 9h, un détail inhabituel sur ce type de chrono
Ce chrono est une véritable tuerie !
Les index, les aiguilles, le logo très typé art déco, la boite parfaitement proportionnée et la très grande rareté, un must absolu de la collection de chronos vintage
A noter aussi une version avec dial silver
Brochure d’époque
Et price list
Et pour finir, pour les esthètes à droite, un chrono à rattrapante des années 40 qui m’a également bouleversé
En synthèse, une manufacture très innovante avec une vraie légitimité dans le monde marin, scientifique et automobile.
Le retrait prématuré de Maurice Eberhard est peut-être la cause que ses productions soient peu courante, elles ne semblent pas en tout cas avoir été produites en masse.
L’Italie ayant toujours été un client de prédilection pour la manufacture, les collectionneurs italiens n’ont jamais cessés de les apprécier, comme souvent les collectionneurs transalpins aiment les montres esthétiques et rares.
Je devrais penser un jour à m’y expatrier...