De Bethune DB25 Silver dial Vs Lange 1815
Depuis l'acquisition de ma DB25 il y a peu j'avais évoqué l'idée de réaliser une sorte de face à face entre celle-ci et la Lange 1815 (233.032), deux montres a priori très opposées mais dont le comparatif pouvait révéler malgré tout de nombreux points communs (et surtout un bon prétexte pour les sortir un peu).
Je m'attacherais à citer les aspects esthétiques d'une part et des points techniques dans un deuxième temps. Ces deux montres sont remarquables à plus d'un titre, le niveau des finitions, la maîtrise technique des concepteurs et qu'on les aime ou pas ces deux montres suscitent le respect et la plupart du temps beaucoup de plaisir.
Commençons par un petit rappel chiffré :
Il est évidemment visible que sur bien des points ces montres s'opposent : le style, leur histoire, leur héritage, le chemin qu'elles empruntent pour tenter d'atteindre les mêmes sommets, les volumes et, non des moindres, le prix.
Mais elles se rejoignent aussi en de nombreux domaines car ces deux modèles se placent grosso modo en entrée de gamme tarifaire de chaque maison, il s'agit à l'origine de montres simples (3 aiguilles vs 2 aiguilles + RdM), en or (rose vs blanc) munies d'un bracelet croco équipé d'une boucle ardillon, d'un niveau de finition remarquable, d'une maîtrise technique supérieure et pouvant être portées en toute occasion dès lors que ce n'est pas pour un pub Orangina ("secouez-moi" etc.).
Outre le fait de disposer d'un boitier rond (je ne m'attarderais pas sur les différences de style ici), les deux modèles ont en commun d'avoir une finition de très haut niveau. Cela se voit en particulier dans leurs aiguilles bleuies, de superbes index peints à la main, présentant un léger relief du plus bel effet, une excellente finition des pièces du mouvement conçu et réalisé en interne.
La 1815 joue de côtes de Genève, de gravures et d'anglages parfaitement réalisés tandis que la DB subit un traitement plus contemporain : sablage, cadran guillonché et quelques gravures mais dans un style plus sobre et donc plus moderne, en accord donc avec le style de la montre.
Malgré le style classique dont elles s'inspirent toutes les deux, la De Bethune y ajoute une touche moderne, notamment dans ce qui représente une autre différence esthétique importante avec la Lange, les cornes : insérées plus bas, ajourées pour plus de légèreté, au look moderne, avec un effet positif sur la taille plus imposante de son boitier car en réduisant visuellement le volume.
Je soulignerai cependant que le niveau de finition de la DB, bien qu'exceptionnel, est un petit cran en dessous de la Lange lorsqu'on commence à coller son nez sur le mouvement (texte gravé sur la couronne extérieure du mouvement et profile des roues) et en étudiant les agrandissements photos. Histoire de rendre à Herr Cesar ce qui lui appartient.
Coté cadran et boitier je dirais qu'elle est identique, ce qui est un beau compliment à faire à De Bethune.
Les deux maisons sont animées par des concepteurs talentueux et qui ont une vision de la mécanique horlogère que j'apprécie. Les suisses produisant un effort plus important et plus visible sur les innovations que les allemands dans ce cas précis, philosophie oblige.
Une des particularités communes qui mérite d'être soulignée est la conception en interne de l'échappement notamment la fabrication du balancier et du spiral. Cet aspect est toutefois plus spectaculaire sur la DB.
Il existe entre elles cependant plusieurs petites divergences ici : remontage automatique, double barillet pour l'une (RdM 6 jours) et manuel et barillet unique pour l'autre (RdM 55 h).
Le remontage manuel est très différent : du coté de De Bethune, un remontage plus résistant, une couronne un peu plus dure à tourner, malgré son diamètre supérieur, avec la particularité de ne pas ressentir les crans lors du remontage, ce dernier restant de ce fait inaudible, alors que du coté de Lange le remontage est incroyablement doux avec des crans qui transfèrent une légère sensation dans la couronne. Je dirais peut-être que, d'un point de vue personnel, cette dernière possède une couronne un peu petite et des crantages moins marqués et que lorsqu'on arrive à la fin du remontage la résistance accrue rend la prise moins agréable.
A noter que la suissesse bénéficie d'un tas de petites améliorations techniques que j'ai listées dans ma revue alors que l'allemande mise sur la parfaite réalisation et maitrise de traitement des surfaces et géométries pour garantir un mouvement précis.
On sait tous à quel point la précision d'une montre se joue à peu de chose. Je n'ai pas pu réaliser de test ici vu que la DB ne dispose pas d'aiguille des secondes.
Niveau matériaux, De Bethune privilégie beaucoup l'emploi du titane dans des éléments essentiels comme le rotor, le balancier et quelques éléments de structure (pont de triple parechute etc.) alors que Lange privilégie des éléments plus habituels mais d'excellente qualité comme l'acier, et, petite particularité esthétique, l'argent allemand. Lange privilégie ici plus le coté authentique et esthétique de l'horlogerie (pièces en or, chatons en or, emploi de Maillechort, col de cygne sculpté) alors que De Bethune donne plus de poids à l'efficacité, ce qui est facilité par le style de la montre qui convient mieux aux matériaux modernes comme le titane.
Enfin l'allemande est équipée d'un stop seconde dont la DB ne dispose pas. Vous me direz que ce n'est pas grave puisqu'il n'y a pas de seconde à caler mais il me semble que cela permette aussi de régler l'heure dans tous les sens sans que le système réglant soit en liaison avec les aiguilles lors de la manœuvre, ce qui est assez utile.
J'ajouterais quelques wristshots pour finir, une 1815 qui rend toute sa splendeur avec énormément de présence en 40mm et une De Bethune qui cache bien le fait qu'elle soit en 43mm tout en profitant d'un effet visuel qui ne laisse pas insensible.
Voilà pour cette rapide revue, j'espère qu'elle vous aura plu, je me séparerai malheureusement de la 1815 en raison de l'acquisition de la DB25, mais ce sera pour mieux y revenir un jour je l'espère !
Cordialement,
Mark