(photos prise au téléphone à réception)
Ce compteur à rattrapant était fabriqué par Henchoz Frères (Auguste Henchoz-Arnold et Fritz Henchoz-Huguenin ?), des loclois qui vendaient notamment sur le marché anglais.
Confer la marque, Halford, qui devait distribuer ce compteur, et peut-être même emboitait le mouvement ? On retrouve cette marque, R. H. Halford & Sons, sur d'autres goussets mais aussi sur des pièces d'argenterie.
Le mouvement bat à 18 000 alt/heure. Il mesure donc le temps jusqu'au 1/5ème de seconde, ce à quoi correspond la graduation jusqu'à 300 sur le pourtour du cadran.
Le décompte d'une durée est possible jusqu'à 30 minutes (registre à 12H), et la rattrapante permet deux mesures de seconde.
La couronne est également un poussoir de démarrage, arrêt et remise à zéro. Le poussoir ovale commande la rattrapante.
Un chronographe Henchoz avait été présenté par JoeldeToulouse sur Chronomania : http://forum.chronomania.net/mix_entry.php?id=80325#p80421
Henchoz frères a déposé, entre 1890 et 1896, une série de brevet sur des mécanismes de chronographes. Ils se caractérisent notamment par l'utilisation d'axe oscillants :
http://v3.espacenet.com/publicationDetails/originalDocument?CC=CH&NR=2410A&KC=A&FT=D&date=18910314&DB=EPODOC&locale=fr_fr en 1890
http://v3.espacenet.com/publicationDetails/originalDocument?CC=CH&NR=5372A&KC=A&FT=D&date=18930215&DB=EPODOC&locale=fr_fr en 1892
http://v3.espacenet.com/publicationDetails/originalDocument?CC=CH&NR=7898A&KC=A&FT=D&date=18940831&DB=EPODOC&locale=fr_fr e 1894
http://v3.espacenet.com/publicationDetails/originalDocument?CC=CH&NR=204E&KC=E&FT=D&date=18970215&DB=EPODOC&locale=fr_fr en 1896
http://v3.espacenet.com/publicationDetails/originalDocument?CC=CH&NR=12405A&KC=A&FT=D&date=18970131&DB=EPODOC&locale=fr_fr en 1896 encore.
Ces histoires d'embrayages sont intéressantes, l'embrayage joue notamment sur la précision de lancé (saut au départ, tressautements...) du chrono, la consommation d'énergie...
Pour lancer l'aiguille des secondes d'un chrono (ou plutôt pour lancer la roue portée par l'axe sur lequel est chassé cette aiguille), il faut :
1. débloquer l'ensemble axe-roue-aiguille
2. transmettre le mouvement à la roue débloquée.
Déblocage : le pivotement de la roue à colonne ou de la navette entraine la levée du marteau qui, en appuyant sur le cœur de remise à zéro, bloquait l'axe et la roue.
Transmission : intervention d'un embrayage entre les rouages en mouvement permanent et la roue de chrono.
* L'embrayage classique est dit latéral (illustré ici sur horlogerie-suisse) :
http://www.horlogerie-suisse.com/Complications/Chap9.htm
- la roue à gauche (f) est coaxiale à la roue des secondes permanentes. Elle engrène en continu avec la roue d'embrayage (g) portée par la bascule (k)
- le mouvement de la bascule (k) lors du démarrage, et après la levée du marteau, met en contact la roue d'embrayage, tournant en permanence, avec la roue de chrono (h) débloquée.
Ce système est optimisé par des réglages fins et le travail sur les profils des dents (cf les présentations du dernier calibre chrono Patek)
* Il existe également des embrayages verticaux, où un mobile tournant en permanence est coaxial au mobile de chronographe et est mis en contact avec lui par friction (typiquement le Piguet 1185, ou le Rolex 4130).
* Enfin, des mouvement très connus comme le 7750, ou avant lui le Valjoux 92, utilisent un système dit de "pignon oscillant", breveté en 1887 par Edouard Heuer, qui appartient à la grande famille des embrayages latéraux.
JoeldeToulouse présente sur son site l'embrayage à pignon oscillant montée dans le Valjoux 92 :
Le pignon engrène en permanence sur la roue de seconde (dont on voit en haut à gauche le pivot, et dont les dents sont hors du champ de netteté mais qu'on devine). Il porte une roulette, qui vient en contact avec la roue de chrono et l'entraine, lorsque le pignon oscille sous l'effet de la bascule qui le porte :
http://www.invenitetfecit.com/modeles/chronographe-nivada-chronomaster_fr.html
Parmi les brevets cités plus haut figure celui numéroté CH 12405. Henchoz frères en a déposé la demande en 1896, la publication est intervenue en 1897.
Il s'agit encore d'un embrayage latéral, oscillant, mais différent :
- la roue de seconde permanente (qui engrène avec la roue d'échappement) et la roue d'embrayage de chrono sont portées sur le même axe.
- c'est cet axe qui oscille, pour permettre la mise en contact de la roue d'embrayage avec la roue de chronographe, et le démarrage.
http://v3.espacenet.com/publicationDetails/originalDocument?CC=CH&NR=12405A&KC=A&FT=D&date=18970131&DB=EPODOC&locale=fr_fr
Mon compteur exécute assez fidèlement ce brevet (en y ajoutant une rattrapante dont le mécanisme se trouve côté cadran). Il en porte le numéro, 12405, sur la platine, avec la croix suisse :
Quelques images complémentaires prises au "photophone" ou avec un vrai appareil :
Le cadran émail est abîmé, ce n'est pas de la "grande horlogerie", mais je trouve cela intéressant, c'est gentiment fini. Et pour le tiers du prix d'un bracelet ABP, il ne faut pas non plus trop demander.