Il s’agit vraiment d’une montre qu’il faut essayer. Plus que d’autres dirais-je. Quand on a une logo PAM 000, essayer une PAM 2 A tritium par exemple est essentiel bien sûr. Mais tout de même, on perçoit à l’avance ce que ça peut donner.
Là, avec la 372, on sort des schémas classiques. Nouveau boitier et correspondance historique avec des pièces qu’on ne voit pas tous les jours (6152/1, 6154…) fait que le rendu sera forcément très novateur pour beaucoup.
J’attendais donc fermement de pouvoir l’essayer. Trop peut-être ? En tout cas, autant le dire en intro, dès que je l’ai passée au poignet, cette 372 ne m’a pas fait bondir au plafond comme je l’espérais.
Mauvais éclairage ? Trop de Gin Tonic ? Trop d’espoirs fondés ? Comme un film qu’on vous raconte à l’avance à demi mots, dont on vous vante le scénario implacable et qui finalement ne vous laisse pas froid mais un peu sur votre faim tout de même. Dès le lendemain, en la réessayant, je la trouvais déjà mieux. Qui sait le troisième essai sera peut-être l’ultime.
Il s’agit bien sûr de détails infimes. Mais à 7000 euros, j’attends de la montre qu’elle réponde à mes attentes. Ces détails ne sont jamais rédhibitoires mais ils peuvent empêcher de tout larguer pour ce modèle.
Donc la PAM 372. L'arlésienne, celle que bon nombre de paneristi attendent depuis plus de 10 ans maintenant, la PAM 127 ayant été une réinterprétation et non pas une réplique totalement fidèle aux modèles vintages des années 50. Là Panerai cherche l’hommage en mixant les caractéristiques principales de 3 modèles phares avec les anses fixes : 6152, 6152/1 et 6154.
Crédit : Club Panerai
Le boitier
Un boitier tout en charme vintage, savant mélange entre une 6152 avec protège couronne, lunette haute et arrête sur la tranche et les cornes d'une 6154 (small egiziano). On n’a pas l'épaisseur globale d'une 6152/1 et tant mieux. La montre est plutôt fine par rapport à une 6152/1. Cela est du à un fond très plat et un boitier hébergeant le mouvement fin également. Ainsi, en vue de tranche, la 372 ne dépasse en épaisseur une logo boitier Bettarini que par son plexi cheminé. Soit même pas 2mm.
Les gravures de référence à l'entrecorne comme sur les boitiers Rolex vintage, c'est un petit détail raccord et sympa. Le genre de petit plus qui montre que Panerai a bien bossé son sujet. A l’essai et donc au visuel, ce n’est pas un détail essentiel. Moi j’aime bien mais je sens que certains vont râler. En effet, le strap ne cache vraiment pas ces gravures. Donc il va falloir se les trimballer bien visibles.
On trouve donc un vrai plexi comme les Rolex tropic 24 de l'époque. Parfait, ca ne déformera pas la lecture de l'heure comme sur la 127 où le saphir dômé donnait l'impression qu'on lisait l'heure déjà sous l'eau.
Là, on a un plexi cheminée super beau. Je ne fais pas partie de ceux qui trouve le plexi plus chaud ou je ne sais quoi. Je trouve ca raccord historiquement et joli car ca donne une architecture en ogive à la montre. Comme un objectif d’appareil photo numérique qui s’ouvre quand on l’allume. Un effet pyramidal d’ensemble structuré.
Là où la 127 est monolithique, comme une brique carrée sur le poignet, la 372, de part sa diversité de formes agencées ensemble, ne parait pas énorme. Attention, c’est quand même du 47mm. Donc c’est gros. Et je persiste à croire qu’au bout de 2 ou 3 mois, certains possesseurs se lasseront. Phénomène très connu avec la 127. Là, on le verra peut-être moins mais je suis sûr qu’on le verra.
Quelques photos pour se rendre compte de la portabilité sur poignet de 17,5cm / 18cm.
Pour en revenir au plexi, ça risque de se prendre des coups et d'accrocher les portes mais ca patinera la montre et un plexi ca se répare, pas un saphir dômé. Puis Panerai pourrait avoir la bonne idée de fournir un plexi supplémentaire (comme pour la 249 ou la 341)... Ce qui sera vraisemblablement le cas selon les dernières informations.
En tout cas, le plexi ca marque. Et une fois cette lapalissade énoncée, cela signifie que ça impacte l’aspect global. Ceux qui sont maniaques vont prendre cher ! Avoir un boitier acier brillant, nickel et un plexi rayé ca jure. Quand j’ai essayé la montre le lendemain, après être passée entre plein de mains, c’était un peu ça. Là où on a l’habitude d’avoir une montre où le verre saphir brille toujours de mille feux, avec le plexi NIET. Il contraste par rapport au boitier. Perso je m’en fous. Ce que je me suis dit immédiatement : « cool ! Je vais pouvoir la rayer dans tous les sens sans me prendre la tête, comme ça elle aura vraiment une gueule de vintage. »
Sinon, grosse couronne et protège couronne mastoc, déjà vu sur la 127, de style vintage, nickel, rien à redire. Pas de nouveau système d'attache strap, parfait !
Le fond transparent inscription "brevettato", bien vu. Sans cette inscription, cela aurait été dommage. Avec, encore une fois, c'est le petit plus d'un dossier maitrisé. Si Panerai a la bonne idée de fournir en plus un fond plein gravé à l'intérieur (genre "Panerai, firenze 1860"), alors là, c’est parfait. En plus, ce fond est très plat. 1- je trouve ça classe 2- ca se pose parfaitement sur le poignet. Car la portabilité est super. On n’est pas sur un whopper style 312 où les cornes jouent les équilibristes à 30 mètres au dessus du poignet. Là, ça colle bien.
Pour finir sur le fond, je ne sais plus qui me faisait la réflexion mais il disait que le mouvement étant tellement recouvert de platines, qu’on y voit rien bouger que quelque part, le fond est déjà plein. C’est pas faux
Le cadran
La réutilisation de la vieille police d'écriture est un choix judicieux tellement elle est belle, art déco et marquée historiquement. Le procédé d'emboutir le dial est aussi raccord et bienvenue. Panerai a décidé d'utiliser la version "épaisse" de la police d'écriture. Pourquoi pas. Perso, j'aurais surement préféré une police plus fine mais je ne boude pas mon plaisir. Cette police était un élément essentiel, cela contribue énormément au visuel.
Le principal problème vient de l’aspect monochrome de l’ensemble. Tout matche bien (navette) mais trop à mon goût. Cette unité de couleur rend la montre un peu fade. Heureusement que le beige de la police d’écriture est un peu différent et qu’il « joue » avec la lumière sinon on aurait l’impression que le cadran n’a pas de vie. Il faudra vraiment l’essayer longtemps pour avoir un avis définitif mais c’est ce qui m’a le plus choqué et déçu.
Ça plus un aspect un peu rosé général. Le dial a de vagues reflets marron. Ce n’est pas un noir tranché. Mais c’est peut-être l’éclairage qui donnait cet effet rosé.
Les index du cadran sandwich sont très fidèles historiquement en terme de forme et le surdial n’est pas trop épais, ni haut par rapport au sous dial luminova. En revanche, sur le proto essayé, le luminova ne brillait pas énormément dans l’ombre après éclairage. Mais ce n’est qu’un proto.
Les aiguilles dorées dites en "double pencil" c’est génial. Là encore cela marque le visuel très fortement et donne un cachet pur vintage. Malheureusement, elles ne sont pas top. C’est là mon deuxième reproche principal. Elles sont trop fines. Pour tout dire, elles ressembleraient presque à des aiguilles de fake. Pas d’épaisseur, pas de sensation d’avoir du matériau mais plutôt une finesse papier bible. Contrairement à d’autres, le fait qu’elles soient courtes ne m’a pas dérangé.
Le mouvement et le reste
Bon c'est un P3000. Pas moche, vaguement mix de Cortébert-Rolex et Angélus mais vu qu'on y voit rien fonctionner à cause des platines, le fond transparent n'est pas d'une utilité extrême. Espérons que ce nouveau mouvement fonctionne bien, c'est tout ce que je lui demande. Déjà, il est manuel ca va. Puis une réserve de marche de 3 jours c'est bien pour ceux qui ont plusieurs Panerai et qui alternent leurs montres régulièrement. Enfin, à l’essai, il est très souple à remonter. Ce n’est pas comme sur la 232 où on croit remonter une voiture Majorette à friction. Là c’est doux et ferme, les femmes vont aimer
Le strap, on s'en fout. Il est un peu mieux que les vintage OEM craquelés mais en même temps, c’était pas dur… A la limite, la boucle n'est pas GPF. Dommage. Cela a été fait pour la 341, ca aurait nickel de mettre cette boucle aussi sur ce modèle vu que c’est une réplique d’une montre dont les straps de l’époque qui l’équipait avaient une boucle GPF.
Petite critique enfin : l'étanchéité. Panerai, historiquement, invente le protège couronne pour faire passer l'étanchéité de 100m à 200m. Et là, on retombe à 100m. Couillon. C'est pas très très grave ni rédhibitoire mais juste dommage.
Pour finir ce pavé, je dirais donc que c’est assurément une très très belle réussite. Un boitier magique. Un mouvement sympa et souple. Reste les limites d’un cadran un peu mono couleur et des aiguilles un peu fines. L'essayage du lendemain a été pour moi bien plus convaincant que la première fois. Preuve que certaines conditions peuvent améliorer la montre !
Sinon, c’est du 47mm et malgré l’originalité architecturale du boitier ca fait balèze. Ça se pose bien et les paneristi sont habitués aux grosses tailles. Mais quand même… Il faut l’essayer