Voici ma revue de la Thalassa:
Lorsque Peter Speake-Marin a présenté son calibre automatique SM2, nous fumes un certain nombre à souhaiter qu'une déclinaison à remontage manuel puisse être rapidement présentée. Tout dans le SM2 concourrait au développement d'une telle version. En effet, le SM2 a été imaginé tel un hommage à l'horlogerie traditionnelle que ce soit dans sa conception ou dans ses idées directrices. Peter Speake-Marin l'a construit pour qu'il soit fiable, facile à entretenir, à réparer et constant dans son comportement. Bref, toutes les bases d'un beau mouvement à remontage manuel digne d'une montre chronomètre d'antan!
Avec la Thalassa, notre voeu est exaucé: le SM2m qui équipe cette montre en série limitée de 30 pièces se dévoile en tant que calibre à remontage manuel nous permettant ainsi d'apprécier quelques facettes sans être distrait par la rotation de la masse oscillante.
Il est inutile de le nier: la transformation d'un mouvement automatique en mouvement manuel est un exercice de style qui conduit généralement à des résultats peu satisfaisants comme peut l'être, par exemple, la version manuelle du El Primero. Mais sur le SM2m, le contexte est différent car le calibre a été conçu avec cette optique en tête. Le retrait de la masse oscillante, tel le rideau d'un théâtre qui s'ouvre, nous offre le spectacle original et réjouissant de l'architecture du mouvement et des courbures des ponts en maillechort.
Le mouvement est très élégant dans sa présentation: il n'y a rien de tape-à-l'oeil, tous les détails respirent le raffinement: le col de cygne, la couleur du balancier en harmonie avec celle des roues, la plaque vissée portant le nom du créateur et bien entendu l'imposant rubis qui caractérise le mouvement. Le SM2m est composé de 146 pièces (contre 211 pour sa version automatique), a une fréquence de 3hz et une réserve de marche de plus de 3 jours. Mais l'intérêt de la Thalassa ne se résume pas seulement à cette meilleure exposition côté pont: elle l'est également côté cadran.
Si nous mettons de côté les Tourbillons ou les cadrans très particuliers que Peter nous a présenté tout le long de sa carrière, les très beaux cadrans pleins en émail restaient une constante chez lui. Mais la Thalassa s'ouvre également côté cadran et nous donne l'opportunité de juger de la qualité du travail effectué sur le SM2m côté platine. Nous retrouvons bien évidemment le pendant du gros rubis situé côté ponts juste à côté du nom "officiel" de la montre (M2 Mk1) ainsi que le joli contraste entre la platine et les roues issues d'un alliage en béryllium-cuivre.
Le cadran est en deux parties: les index en superluminova sont appliqués sur un pourtour en acier bleui qui se marie avec les aiguilles qui combinent elles-aussi le superluminova avec l'acier bleui. La partie intérieure est en verre saphir donnant ainsi l'effet de transparence voulu. La forme des aiguilles est traditionnelle chez Peter tout comme celle de la trotteuse. En fait, cette forme a été dédiée depuis fort longtemps aux masses oscillantes et son utilisation comme trotteuse sur la Thalassa donne un fil conducteur avec le passé. Bien évidemment, une des 3 arches de la trotteuse diffère pour indiquer le point de référence.
A noter qu'une fois n'est pas coutume, Peter a inséré un disque de date sur une de ses montres simples. Et ici, il ne s'agit pas d'un affichage à aiguille comme nous avions eu avec la Serpentine mais une date à guichet. La police de caractère des chiffres apposés sur le disque est très rarement utilisé dans le contexte horloger: il s'agit de la "Poor Richard" qui nous fait penser aux vieux magazines du siècle dernier...
Incontestablement, malgré son originalité, le cadran est très fidèle au style de Peter. Mais que dire alors du boîtier en or gris? Au premier coup d'oeil, nous reconnaissons son boîtier typique qui se caractérise par ses cornes particulières, sa couronne en diamant et la lunette surélevée. Son rapport diamètre / hauteur (42/12mm) est ici plus élevé que sur certaines Piccadilly conférant à la montre un côté plus élancé.
A travers sa description, nous comprenons que la Thalassa est une montre combinant originalité et élégance. Mais pourquoi donc ce nom qui nous fait plus penser à une plongeuse? J'y vois deux raisons: la première est bien entendu la présence constante de la couleur bleu côté cadran. La deuxième est que j'y perçois un hommage aux chronomètre de marine.
De toutes les façons, que son nom soit mystérieux ou pas, la Thalassa est une vraie réussite de la part de Peter Speake-Marin: elle offre en effet un très beau contexte en tant que première incursion du SM2 sur le territoire des mouvements à remontage manuel. Maintenant, je suis sûr aussi que des fans de Peter attendent une utilisation de ce SM2m dans un cadre auquel Peter nous a plus habitué: celui d'une montre avec un cadran en émail et sans date. Une belle Piccadilly équipée du SM2m serait également une belle idée, vous ne trouvez pas?