La collection Opus chez Harry Winston a pour but, à travers le partenariat avec un jeune talent, de proposer des montres exclusives et innovantes apportant leurs pierres à l'édifice horloger.
C'est la raison pour laquelle lorsque l'horloger est choisi par Harry Winston, c'est à la fois une sorte de consécration, une reconnaissance de son talent et de son potentiel mais c'est également un sacré challenge. Immanquablement, sa création sera scrutée, analysée et comparée avec les Opus précédentes même si elle n'a aucun point commun avec elles!
Harry Winston choisit Andreas Strehler en 2006 pour concevoir l'Opus 7. Il faut dire qu'à l'époque son cv était déjà particulièrement rempli: après ses premières armes effectuées chez Renaud&Papi où il a pu côtoyer Giulio Papi, Robert Greubel et Stephen Forsey, Andreas Strehler choisit de travailler pour son compte. Il put ainsi être impliqué sur des projets très divers dont le plus connu fut sa participation à la création des calibres exclusifs pour la renaissance de la marque Moser.
Quelles sont les idées mises en avant par Andreas Strehler en avant en développant l'Opus 7?
Il a souhaité:
* en partant d'une feuille blanche, imaginer non pas une montre telle que nous l'entendons traditionnellement mais un mécanisme qui donnerait l'heure et qui serait une réussite esthétique en lui-même,
* que ce mécanisme soit visible et non caché derrière un cadran,
* inventer un nouveau système d'affichage du temps.
Lorsque fut demandé à Andreas Strehler quel serait le mot qui pourrait définir l'Opus 7, il répondit: "Papillon"... et nous allons voir pourquoi.
L'Opus 7 fut présentée en 2007 dans le cadre d'une série limitée de 50 exemplaires. Elle fait partie de ces très rares montres où lorsque nous l'examinons en photo, nous ne sommes pas capables de lire l'heure complète. En effet, le système d'affichage du temps est fondé sur le principe de l'affichage alternatif des données. Cela veut dire que la montre est capable d'afficher les heures, les minutes et la réserve de marche... mais pas en même temps. Comment cela fonctionne-t-il?
Les chiffres à lire sont indiqués sur le disque noir à deux heures. 2 rangées de chiffres y sont apposés. Les chiffres en superluminova gris, allant de 1 à 12 servent à indiquer les heures. Les chiffres en superluminova bleu, allant de 05 à 60 sont utilisés pour l'affichage des minutes et de la réserve de marche. Une flèche à gauche du disque pointe vers le chiffre à lire et indique la nature de la donnée à lire. Si cette flèche est grise avec un H dessus (comme c'est le cas sur les photos), elle indique les heures. Si la flèche est bleue avec un M, elle indique les minutes. Si elle est bleue avec un R, elle indique la réserve de marche. Le passage d'un mode d'affichage à l'autre s'effectue en appuyant sur la gâchette qui actionne un poussoir situé dans la couronne. Si la montre est en mode "heures", vous devez donc appuyer une fois pour lire les minutes. Vous choisissez ainsi quel est le mode que vous préférez avoir en permanence.
Lorsque nous examinons cette Opus 7 dans sa globalité, deux détails nous sautent aux yeux: le premier est évidemment la gâchette et le deuxième est l'immense et à la fois délicat pont principal du mouvement. Ce pont dessine un superbe papillon d'inspiration Art Nouveau sur le cadran: le mouvement n'est pas décoré. Le mouvement est la décoration et c'est toute la particularité de cette montre. Dans cette volonté de présenter un mécanisme le plus réussi esthétiquement parlant, Andreas Strehler a choisi la voie de sobriété pour mettre en avant les courbes dessinées par les ponts. De fait, il a supprimé la roue des secondes et élargi de façon spectaculaire la roue bleue des heures. Le diamètre de cette dernière est tout bonnement impressionnant et, afin de l'alléger, Andreas Strehler l'a évidée et utilisé 3 arches pour la maintenir. La roue intermédiaire est en gris afin de contraster avec la roue des heures. En fait, c'est toute l'architecture classique des mouvements qui a été repensée afin de proposer cette présentation originale.
Un exemple de balcon Art Nouveau à Barcelone (Cases Ramos):
La platine principale est en noir afin d'offrir un contraste suffisant pour apprécier à sa juste valeur la présentation du mouvement et pour en distinguer chaque élément. A travers le gris, le bleu, le noir, Andreas Strehler a utilisé une palette de couleurs que nous retrouvons d'ailleurs dans la collection Zalium de Harry Winston.
L'originalité est également de mise lorsque nous retournons la montre. Que ce soit la forme des pièces, du pont du balancier, l'animation du mouvement lorsque la gâchette est pressée, tout est sujet à surprise. Andreas Strehler a fait le choix d'un mouvement à basse fréquence (2,5hz) et, en travaillant à la réduction des frictions et des pertes d'énergie, a optimisé la réserve de marche à 60 heures. Il s'est engagé sur la stabilité de la précision pendant toute cette durée et afin que la montre ne rentre pas dans la traditionnelle zone de turbulence lorsque la réserve de marche s'épuise, l'Opus 7 s'arrête à la soixantième heure de fonctionnement.
La finition du mouvement est sans défaut mais de nouveau, l'objectif de la montre n'est pas de dévoiler des décorations spectaculaires. C'est le mouvement en lui-même qui crée le contexte décoratif. C'est évident côté cadran, cela l'est aussi au verso de la montre.
Pour loger une telle roue des heures, pour caser un tel diamètre de calibre (37,6mm !), seul un boîtier (en or gris rhodié) de taille significative pouvait être utilisé. L'Opus 7 est imposante (45mm de diamètre et 14,9mm d'épaisseur) mais ce gabarit est totalement en cohérence avec ce qu'a voulu Andreas Strehler: offrir une scène propice au jeu des rouages.
C'est lorsque nous mettons l'Opus 7 au poignet que nous comprenons tout l'intérêt de la gâchette par rapport au poussoir classique: elle est beaucoup plus pratique à utiliser car... elle doit l'être très fréquemment!
Inutile de le nier: l'Opus 7 est une montre déroutante. En fait, elle nous oblige presque à mener une réflexion sur le temps qui passe. En restant sur l'affichage des heures, le temps semble suspendu... il s'accélère lorsque nous passons à l'affichage des minutes. En position réserve de marche, elle perd même son statut de montre devenant pur objet mécanique!
Parmi tous les affichages originaux de l'heure qui sont apparus ces dernières années, celui de l'Opus 7 reste peut-être le plus difficile à aborder. Cela n'a certes pas favorisé le succès de la montre. Il n'en demeure pas moins qu'elle a confirmé tout le talent d'Andreas Strehler et qu'elle a marqué les esprits par la relation particulière avec le temps qu'elle procure. Cette Opus 7 est un vrai OVNI horloger et pas une montre à l'originalité de façade: elle a donc toute sa place dans la collection Opus apportant au même titre qu'une Opus 3 ou une Opus 5 une nouvelle dimension à l'art horloger. Andreas Strehler a ensuite poursuivi sa démarche à travers sa propre montre qui porte logiquement le nom de "Papillon".
Un grand merci à l'équipe de la boutique Montres Prestige à Genève.
C'est la raison pour laquelle lorsque l'horloger est choisi par Harry Winston, c'est à la fois une sorte de consécration, une reconnaissance de son talent et de son potentiel mais c'est également un sacré challenge. Immanquablement, sa création sera scrutée, analysée et comparée avec les Opus précédentes même si elle n'a aucun point commun avec elles!
Harry Winston choisit Andreas Strehler en 2006 pour concevoir l'Opus 7. Il faut dire qu'à l'époque son cv était déjà particulièrement rempli: après ses premières armes effectuées chez Renaud&Papi où il a pu côtoyer Giulio Papi, Robert Greubel et Stephen Forsey, Andreas Strehler choisit de travailler pour son compte. Il put ainsi être impliqué sur des projets très divers dont le plus connu fut sa participation à la création des calibres exclusifs pour la renaissance de la marque Moser.
Quelles sont les idées mises en avant par Andreas Strehler en avant en développant l'Opus 7?
Il a souhaité:
* en partant d'une feuille blanche, imaginer non pas une montre telle que nous l'entendons traditionnellement mais un mécanisme qui donnerait l'heure et qui serait une réussite esthétique en lui-même,
* que ce mécanisme soit visible et non caché derrière un cadran,
* inventer un nouveau système d'affichage du temps.
Lorsque fut demandé à Andreas Strehler quel serait le mot qui pourrait définir l'Opus 7, il répondit: "Papillon"... et nous allons voir pourquoi.
L'Opus 7 fut présentée en 2007 dans le cadre d'une série limitée de 50 exemplaires. Elle fait partie de ces très rares montres où lorsque nous l'examinons en photo, nous ne sommes pas capables de lire l'heure complète. En effet, le système d'affichage du temps est fondé sur le principe de l'affichage alternatif des données. Cela veut dire que la montre est capable d'afficher les heures, les minutes et la réserve de marche... mais pas en même temps. Comment cela fonctionne-t-il?
Les chiffres à lire sont indiqués sur le disque noir à deux heures. 2 rangées de chiffres y sont apposés. Les chiffres en superluminova gris, allant de 1 à 12 servent à indiquer les heures. Les chiffres en superluminova bleu, allant de 05 à 60 sont utilisés pour l'affichage des minutes et de la réserve de marche. Une flèche à gauche du disque pointe vers le chiffre à lire et indique la nature de la donnée à lire. Si cette flèche est grise avec un H dessus (comme c'est le cas sur les photos), elle indique les heures. Si la flèche est bleue avec un M, elle indique les minutes. Si elle est bleue avec un R, elle indique la réserve de marche. Le passage d'un mode d'affichage à l'autre s'effectue en appuyant sur la gâchette qui actionne un poussoir situé dans la couronne. Si la montre est en mode "heures", vous devez donc appuyer une fois pour lire les minutes. Vous choisissez ainsi quel est le mode que vous préférez avoir en permanence.
Lorsque nous examinons cette Opus 7 dans sa globalité, deux détails nous sautent aux yeux: le premier est évidemment la gâchette et le deuxième est l'immense et à la fois délicat pont principal du mouvement. Ce pont dessine un superbe papillon d'inspiration Art Nouveau sur le cadran: le mouvement n'est pas décoré. Le mouvement est la décoration et c'est toute la particularité de cette montre. Dans cette volonté de présenter un mécanisme le plus réussi esthétiquement parlant, Andreas Strehler a choisi la voie de sobriété pour mettre en avant les courbes dessinées par les ponts. De fait, il a supprimé la roue des secondes et élargi de façon spectaculaire la roue bleue des heures. Le diamètre de cette dernière est tout bonnement impressionnant et, afin de l'alléger, Andreas Strehler l'a évidée et utilisé 3 arches pour la maintenir. La roue intermédiaire est en gris afin de contraster avec la roue des heures. En fait, c'est toute l'architecture classique des mouvements qui a été repensée afin de proposer cette présentation originale.
Un exemple de balcon Art Nouveau à Barcelone (Cases Ramos):
La platine principale est en noir afin d'offrir un contraste suffisant pour apprécier à sa juste valeur la présentation du mouvement et pour en distinguer chaque élément. A travers le gris, le bleu, le noir, Andreas Strehler a utilisé une palette de couleurs que nous retrouvons d'ailleurs dans la collection Zalium de Harry Winston.
L'originalité est également de mise lorsque nous retournons la montre. Que ce soit la forme des pièces, du pont du balancier, l'animation du mouvement lorsque la gâchette est pressée, tout est sujet à surprise. Andreas Strehler a fait le choix d'un mouvement à basse fréquence (2,5hz) et, en travaillant à la réduction des frictions et des pertes d'énergie, a optimisé la réserve de marche à 60 heures. Il s'est engagé sur la stabilité de la précision pendant toute cette durée et afin que la montre ne rentre pas dans la traditionnelle zone de turbulence lorsque la réserve de marche s'épuise, l'Opus 7 s'arrête à la soixantième heure de fonctionnement.
La finition du mouvement est sans défaut mais de nouveau, l'objectif de la montre n'est pas de dévoiler des décorations spectaculaires. C'est le mouvement en lui-même qui crée le contexte décoratif. C'est évident côté cadran, cela l'est aussi au verso de la montre.
Pour loger une telle roue des heures, pour caser un tel diamètre de calibre (37,6mm !), seul un boîtier (en or gris rhodié) de taille significative pouvait être utilisé. L'Opus 7 est imposante (45mm de diamètre et 14,9mm d'épaisseur) mais ce gabarit est totalement en cohérence avec ce qu'a voulu Andreas Strehler: offrir une scène propice au jeu des rouages.
C'est lorsque nous mettons l'Opus 7 au poignet que nous comprenons tout l'intérêt de la gâchette par rapport au poussoir classique: elle est beaucoup plus pratique à utiliser car... elle doit l'être très fréquemment!
Inutile de le nier: l'Opus 7 est une montre déroutante. En fait, elle nous oblige presque à mener une réflexion sur le temps qui passe. En restant sur l'affichage des heures, le temps semble suspendu... il s'accélère lorsque nous passons à l'affichage des minutes. En position réserve de marche, elle perd même son statut de montre devenant pur objet mécanique!
Parmi tous les affichages originaux de l'heure qui sont apparus ces dernières années, celui de l'Opus 7 reste peut-être le plus difficile à aborder. Cela n'a certes pas favorisé le succès de la montre. Il n'en demeure pas moins qu'elle a confirmé tout le talent d'Andreas Strehler et qu'elle a marqué les esprits par la relation particulière avec le temps qu'elle procure. Cette Opus 7 est un vrai OVNI horloger et pas une montre à l'originalité de façade: elle a donc toute sa place dans la collection Opus apportant au même titre qu'une Opus 3 ou une Opus 5 une nouvelle dimension à l'art horloger. Andreas Strehler a ensuite poursuivi sa démarche à travers sa propre montre qui porte logiquement le nom de "Papillon".
Un grand merci à l'équipe de la boutique Montres Prestige à Genève.