Préambule
Je viens vers vous afin de vous présenter ma dernière acquisition, l’Universal Genève Triple date phase de lune ref. 11306.
Je souhaitais d’une part ajouter une complication que je ne possédais pas au sein de ma collection, à savoir le calendrier.
Par ailleurs, la PDL est pour moi la complication la plus poétique qui existe et, n’en possédant pas non plus, je souhaitais également la rajouter à ma collection.
Avec cette UG triple date PDL, j’ai fait d’une pierre deux coups.
Enfin, je n’avais jamais tenté de porter – au quotidien – une montre possédant une boîte en or rose. J’avais déjà tenté l’or jaune, sans trop de conviction…
C’est pour toutes ces raisons que je me suis concentré sur ce modèle.
I. Historique de la marque
La maison Universal Genève existe depuis 1894 sous le nom de maison d'horlogerie Descombes & Perret, dirigée par Numa Emile Descombes (1863-1897) et Ulysse Georges Perret (1868-1933).
Au décès d'Emile Descombes, en 1897, Perret s'associe à Louis Edouard Berthoud pour fabriquer des montres de poche complètes. Un an plus tard, Perret & Berthoud présente l'Universal Watch Extra, chronographe doté d'un compteur de 30 minutes. Avec son chronographebracelet, produit en 1917, l'entreprise sera la première à réagir à la disparition progressive de la montre de poche.
Dans les années 30, l'entreprise s’installe à Genève et prend le nom d'Universal Watch Co. Ltd. et connaît un bel essor sous la direction de Raoul Perret, fils du fondateur.
En 1937,Universal Watch Co. Ltd. prend le nom d'Universal Genève. Les montres sont alors signées "Universal Genève".
1943 est l’année qui nous intéresse dans la présente revue, puisque c’est cette année, qu’Universal Genève présente la montre-calendrier, avec ou sans phases de lune, dotée d'une petite seconde à 9h, du quantième à 3h, du jour à 12h, ainsi que du mois et des phases de lune à 6h.
A cette époque, chez UG, ces calendriers n’existe pas encore dans des chronographes…Il faudra attendre 1944, avec le lancement du Tri-Compax.
(credit Thwizzit)
II. La collection UG durant les années 40's
Chez Universal Genève, les années 40 sont remarquablement bien fournies..
A cette époque, le consommateur avait l’embarras du choix lorsqu’il rentrait chez un détaillant.
Ci-après, vous trouverez un petit listing non-exhaustif, de ce vous pouviez trouver en boutique durant les années 40.
Le Tri-Compax donc :
L’Aero-Compax :
(credit Corsaire75)
(credit macedo)
Le Medico-Compax :
(credit Hamille)
(credit drouot)
(credit orologi-gioielli)
Le calendrier triple date :
Ref 21302 de 1945 :
(credit jean luc desplats)
Le calendrier Triple date Phase de lune :
C’est donc sur ces gammes de calendrier que je souhaitais m’attarder…
III. Les calendriers UG
Universal Genève possèdent donc un panel assez fourni de calendrier triple date.
(scan du livre Universal Genève - 100 ans de tradition horlogère réalisé par Eric)
III.a. Les triples dates
Les triples dates des années 40 ont été produits dans différentes configurations de cadrans.
Ref 21302 de 1945
(credit jean luc desplats)
(credit antiquorum)
Ref. 31312
(aiguille probablement non conforme, credit vintagewatch.ca)
En index appliqués :
[
Une version cadran noir :
(credit jluc)
Avec, au passage, un très beau post à lire ICI :
III.b. Les triples dates PDL
Pour commencer, voici une belle publicité d'époque:
Il est à noter que c'est une publicité US publiée par le distributeur américain d'UG qui n'est autre qu'Henri Stern ...
La filiation avec Patek Philippe est donc là, puisque le boss lui même avait choisi de distributer ces produits aux US (gage de qualité s'il en est)
"Henri Stern was the son of the man who made dials exclusively for Patek Philippe and who bought the brand in 1932.
In 1937, Henri Stern was sent to New York to oversee American distribution of the company's products. An astute businessman, he established The Henri Stern Watch Agency — Patek Philippe's first foreign distributor and still the brand’s American distributor — and significantly built up the company’s U.S. business.
In 1958, he returned to Geneva, the brand’s headquarters, to become president and managing director of the luxury watchmaker, overseeing its continued worldwide growth and development. That same year, he also became sole owner of the family company."
(merci cda)
Il existe ici également plusieurs configurations de cadrans et de boîtes, en voici des exemples :
(credit antiquorum)
(credit corsaire75)
Avec la même boîte que celle utilisée pour les triple dates sans calendrier,
Et avec ce beau 12 art déco :
(credit corsaire75)
(credit jluc)
En boite acier:
(credit tri-compax.de)
(credit tri-compax.de)
(pris sur ebay)
(pris sur ebay)
(credit antiquorum)
(extrait du livre de Guiliano Sala)
Avec les anses crabes:
(credit tri-compax.de)
IV. L'UG triple date PDL ref. 11306
Le contexte étant posé, il est à présent de temps de s'attarder sur la référence pour laquelle j'ai cédée, à savoir la phase de lune triple date ref. 11306.
(scan du livre du livre de Guiliano Sala, merci Noodia)
IV.a. date de production
Chez Universal Genève, il n’est pas forcément facile de dater les exemplaires, en raison de la perte d’une majeur partie des archives de la maison…
Un petit tableau de concordance circule tout de même :
Et/ou :
(extrait du livre de Guiliano Sala)
Mon exemplaire est ainsi daté de 1949.
IV.b. le cadran
A titre liminaire, je précise que mon exemplaire possède un cadran vieilli par le temps. Toutefois, je dois avouer qu’il me plait bien comme ça puisque, comme souvent, en vrai, les défauts sont bien moins visibles que les photos qui les font ressortir de manière exagéré.
Le cadran de cette référence est assez complexe.
Il possède d’une part – et c’est un de mes critères de sélection- des index appliqués :
Avec également un « 12 » appliqué :
Les compteurs de secondes et de date sont, quant à eux, guillochés :
La configuration est donc la suivante :
Heure, minute, seconde (dans le compteur à 9h).
Jour dans le guichet à midi.
Date dans le compteur à 3h.
Mois dans le compteur à 6h.
PDL à 6h.
IV.c. Zoom sur la phase de lune
Au vue du fait que j'adore cette complication, je ne me voyais pas présenter cette montre sans vous donner (du moins à ceux qui ne le savent pas) une explication sur le fonctionnement de la phase de lune.
La révolution de la lune, de la nouvelle lune à la nouvelle lune suivante, est de
29 jours, 12 heures, 44 minutes et 2,8 secondes.
Sur la montre, la phase de lune est constituée d'un disque, avec deux lunes dessinées (opposées l'une à l'autre).
Voici une illustration du disque de phase de lune UG (première photo avant restauration et seconde après) :
La nouvelle lune correspond à la première journée lunaire: la lune est invisible, car elle nous présente son hémisphère non éclairé (Fig.1).
Le 8e jour, après avoir effectué un quart de sa révolution, le croissant apparaît courbé vers la droite, et forme un «D» (premier croissant). C’est la lune croissante (Fig. 2).
(credit http://support.tissot.ch)
Le 15e jour lunaire, au milieu de sa révolution, on voit un disque éclairé, c’est la définition de la pleine lune. La lune est exactement en face du soleil (Fig. 3).
Le 23e jour lunaire, à la fin du 3e quartier, c’est-à-dire au dernier quart de sa révolution, le croissant apparaît courbé vers la gauche comme un «D» (deuxième croissant). C’est la lune décroissante (Fig. 4).
(credit http://support.tissot.ch)
Comme souvent sur les montres anciennes, il s’agit d’une phase de lune qui est réglée sur le quantième, sautant d’un cran. Elle est donc liée au calendrier civil. (Sur certaines montres, chez Lange & Sohne par exemple, elle est indépendante et donc, beaucoup précise, mais cela ne concerne donc que le haut de gamme…)
Voici deux schémas issus du site « horlogerie-suisse » montrant deux systèmes différents, assez bien expliqués :
(http://www.horlogerie-suisse.com/Complications/Chap7.htm)
V.c. les aiguilles
Encore une faiblesse des archives de la maison, et de la diversité des modèles qui ont existé dans des références similaires.
Mon exemplaire, la ref. 11306 possède des aiguilles feuilles, en or rose.
Par ailleurs, les autres indications sont fournies via des aiguilles bleuies.
(illustration d’aiguilles UG feuilles)
VI.d. la boîte
La boîte, un des points forts, à mon sens, de cette référence.
Bien que produit durant les années 40’s, la forme de la boîte est extrêmement moderne, avec ces cornes facettées (très rependue chez UG, durant de nombreuses années).
Elle est en or rose 18k.
C’est dans le fond de boîte, que l’on retrouve les poinçons :
Voici un récap des différents matériaux utilisés par UG et des poinçons correspondant :
(extrait du livre de Guiliano Sala)
C’est d’ailleurs sur cette boîte, que ce trouve les correcteurs du calendrier et de la PDL.
A noté que le correcteur du haut règle la date, celui « du milieu » le mois et celui du bas la PDL. Le jour, quant à lui, se règle par les aiguilles, comme le ferait une « date » normale.
On note la présence d’un poinçon sur le côté de la boîte.
Cette boîte se décompose en 4 parties:
1. le fond de boîte clipé,
2. la boite,
3. la lunette amovible,
4. le plexi amovible.
Mon exemplaire possède une boîte dans un état remarquable.
(photo de mon vendeur)
On voit la profondeur de la numérotation (numéro de série et référence du modèle :
Les cornes, quant à elles, sont facettées, autrement appelées anses lyres :
VII.e. le mouvement
Le mouvement employé dans les calendriers triple date UG présentés dans ce sujet est le 291.
Ce cal.291 a été produit par l'entreprise Martel, qui produisit les mouvement d'UG, avant d'être racheté, en 1960 par Zenith.
Il semblerait que les chiffres de production de ce mouvement ne soit pas connus.
Mon exemplaire n'échappe pas à cette règle.
Une platine 3/4 quasiment, et une finition "comme on en fait plus - ah, c'était mieux avant" .
Le cal. 291 remplit intégralement la boite, ce qui est réellement appréciable.
Quelques détails du cal.291 :
VIII.f. au poignet
Au poignet, les 35mm de la montre passent à merveille.
L'ouverture du cadran et la forme moderne de la boîte y sont certainement pour beaucoup, sans parler de l'entrecorne de 18mm, qui accentue cette impression visuelle...
Voici quelques WS:
IX. Impressions, conclusion
Pour conclure, mon ressenti est plus que positif sur cette pièce.
Comme m'a dit un ami, avec ce genre de pièce, je me sens "riche" horlogèrement parlant avec ce morceau de l'histoire d'une belle maison et des matériaux nobles au poignet.
La présence de la PDL accentue cette impression de pièce complète.
Bref, un choix que je ne regrette pas, et qui me donne surtout envie de continuer dans cette lignée, dans cette thématique...
Merci de m’avoir lu.