Bonsoir à tous,
Une petite revue qui me tient particulièrement à cœur car elle est née d'une conversation téléphonique avec notre ami Laurent, qui me conseillait de "me lancer"...
Laurent, pour tant de choses, merci.
Tout d'abord, Breitling.
Une marque globalement méconnue, parfois boudée des collectionneurs.
En raison de la production moderne ? Du manque de pilotes, acteurs ou autres stars ayant portées cette marque ?
Certainement un mélange d'un peu tout ça...
Breitling a pourtant été un acteur majeur dans le secteur horloger, depuis sa création en 1884 à St Imier par Léon Breitling jusqu'à la crise du quartz en 1979, date à laquelle le petit fils du fondateur, Willy Breitling, cède les reines de l'entreprise familiale à Ernest Schneider.
Avant de s'attarder sur les relations qui lient Breitling à l'aviation et qui aboutiront à la Navitimer, revenons rapidement sur les étapes clés de cette formidable aventure familiale :
C'est en 1884 que Léon Breitling fonde la fabrique de montre Breitling à Saint Imier.
Ce jeune horloger de seulement 24 ans se prend rapidement de passion pour le développement de chronographes et en fera la spécialité de la maison.
Dès ses premières années, Léon Breitling innove et apporte nombre de modifications aux mécanismes de chronographe de l'époque.
En 1892, la fabrique des montres Breitling déménage à La Chaux de Fond et prend ses quartiers dans une rue qui deviendra la rue Montbrillant. La manufacture prendra alors le nom de "Léon Breitling, Montbrillant Watch Manufactory".
Au décès de Léon Breitling en 1914, son fils, Gaston, né la même année que l'entreprise, prend les reines de la fabrique familiale, à seulement 30 ans.
Les tourments de la ère guerre mondiale n'épargnent pas Gaston Breitling qui tente coûte que coûte de conserver ses marchés et de s'adapter pour faire perdurer l'entreprise.
Dans la droite ligne des développements initiés par son père, le premier chronographe bracelet avec poussoir indépendant à 2hr est présenté en 1915.
Il est important de préciser que d'autres manufactures, dont Oméga en 1913, ont présenté des chronographes avec un poussoir indépendant, mais non placé à 2hr comme le proposera Breitling.
Cependant, bien que plus pratique à manipuler, ce poussoir ne permet pas de redémarrer le chronométrage sans passer par la remise à zéro.
Breitling dépose alors en 1923 un brevet portant sur un poussoir indépendant gérant uniquement le démarrage et l'arrêt du chronographe, la remise à zéro étant gérée par la couronne.
Bien que ce brevet annonce l'arrivée prochaine d'un chronographe à deux poussoirs indépendants à 2hr et 4hr, il faudra attendre 1933 pour voir réellement apparaître ce brevet.
Entre temps, Willy Breitling succède à son père mais ne prendra officiellement les reines de l'entreprise qu'en 1932, une fois sa majorité atteinte.
Willy fera prospérer la société pendant 4 décennies jusqu'à la terrible crise du quartz qui aura raison de la fabrique familiale.
Sans rentrer dans la polémique de la paternité réelle de telle ou telle invention, il est indéniable à mes yeux que Breitling, avec plus de 220 modèles depuis sa création jusqu'en 1979 (hors variations au sein d'un même modèle!) a été un acteur important du chronographe avec des inventions et des choix stylistiques qui ont défini les codes du chronographe moderne que nous connaissons aujourd'hui.
Pour ceux que cela intéresse, je vous invite à lire la passionnante "interview" de René (Dracha) et de Fred (@Watchfred) sur FratelloWatches : http://www.fratellowatches.com/vintage-breitling-the-expert-interviews/. Un condensé de ce qui fait pour moi de Breitling une marque passionnante à découvrir et à collectionner.
Breitling et l'aviation.
Les premiers instruments pour l'aviation développés par Breitling remontent à 1938, date à laquelle sont proposées des horloges de bord dotées de 8 jours de réserve de marche.
Un an plus tard, l'implication dans le domaine de l'aviation s'accentue avec l'ouverture d'une division qui lui et totalement dédiée : la division "Breitling Huit Aviation", en référence aux horloges de bord précédemment citées.
La première ligne de chronographe de poignet "pour pilotes" apparaît pour la première fois sur un catalogue daté autour de 1940/1941.
On y trouve notamment la première apparition du fameux chronographe étanche ref 765, qui deviendra 765 AVI en 1953.
Rien que sur cette simple page, on note tout de suite la richesse des modèles proposés : étanches ou non, aiguilles de différents styles, chrono ou simple montre 3 aiguilles, lunette rotative interne...
Et la Navitimer dans tout ça ?
En 1954, Breitling s'associe à l'AOPA (Aircraft Owner and Pilot Association) et propose un chronographe munie d'une règle de calcul en vente uniquement à ses membres dont voici une publicité d'époque :
Créée en 1939, l'AOPA est une association très influente défendant les droits des pilotes privés.
Digne héritière du Chronomat apparu au début des années 40, la Navitimer est le premier chronographe à règle à calcul foncièrement pensé pour les pilotes, la Chronomat étant plus pour les ingénieurs et les scientifiques.
Le nom Navitimer est d'ailleurs une concaténation de "Navigation" et "Timer", mettant en avant sa fonction première de compagnon idéal d'un pilote en vol.
A une époque où l'informatique n'est pas encore présente dans les cockpits, cet instrument permet des calculs simples mais essentiels, comme les multiplications, les divisions, le calcul de sa consommation d'essence, de sa vitesse etc...
Une histoire controversée :
La date d'apparition de la première Navitimer a donné lui à de nombreux débats parmi les collectionneurs les plus pointus.
En effet, la communication officielle de Breitling est que la première Navitimer est apparue en 1952.
La marque s’appuie pour cela sur des modèles portant un numéro de série en 82XXXX datant effectivement de 1952.
Cependant, les recherches de plusieurs collectionneurs dont notamment Kurt Broendum ont mis en avant que les modèles de 806 identifiés par ces numéros de série en 82XXXX portent tous les caractéristiques des modèles de la fin de la période des cadrans dits "all-black" (début des années 60), à savoir notamment, des grains de riz plus gros (93 contre 125/126 pour les premières références) et le code d'importation WOG (Wakmann Watch Corporation) frappé sur le mouvement au lieu de BOW (Breitling Watch Corporation of America) qui est d'usage jusqu'en 1957.
La théorie avancée et qui est aujourd'hui communément admise est qu'il y a eu une erreur de numérotation sur un lot donné, entraînant un lot en 82XXXX alors qu'il aurait du être en 92XXXX.
Face à cette documentation, Breitling module aujourd'hui légèrement sa communication en confirmant que l'association avec l'AOPA date bien de 1954 et que la première Navitimer "civile" a été produite à ce moment là, mais ajoute qu'une version "militaire" aurait été produite à partir de 1952, portant le nom de "Navigation Timer".
Il va s'en dire que là encore les opinions se sont affrontées, mais à ce jour aucune "Navigation Timer" n'a fait surface...
Les caractéristiques propres à la première génération (1954 au milieu de 1955):
Le boitier :
Le fond de boite est particulier car il ne porte pas de numéro de référence 806. Ceci accrédite la thèse d'un modèle d'abord réservé aux membres de l'AOPA et donc non référencé au catalogue Breitling.
La découpe des cornes est également légèrement particulière à ce modèle mais je n'ai malheureusement pas de photos pour l'illustrer.
Il est à noter qu'une version de transition est apparue en 1955, avec un valjoux 72 mais un numéro de référence 806 frappé sur le fond de boite.
Les aiguilles :
Les aiguilles (heure, minute et chrono) sont en acier mat, non peint. Les aiguilles peintes en blanc viendront plus tard (milieu 1956).
De mi 1955 à mi 1956 les modèles de 806 portent donc des aiguilles acier mat tout en ayant un mouvement Venus 178.
Le logo :
Le logo AOPA est très spécifique. René "Dracha" a d’ailleurs réalisé un montage photo permettant de bien comparer le logo d'une pré-806 à celui d'une 806 :
Il apparaît clairement que le logo de la pré-806 est plus marqué que celui de la 806 avec Venus 178.
De plus, la largeur et la forme du blason n'est pas la même.
La lunette :
D'une manière très simple, plus la lunette possède de grains de riz plus elle est ancienne.
René a également rédigé un article très intéressant là dessus : http://www.vintage-breitling.com/?page_id=142.
A ma connaissance, les pré-806 connues ont entre 126 et 124 grains de riz.
Le mouvement :
Bien évidemment le mouvement est le vénérable Valjoux 72, utilisé dans de si nombreux modèles bien connus.
Le pont est frappé de la mention "Breitling Watch Corp Seventeen 17 Jewels Swiss" ainsi que du code d'importation américain BOW, qui cessera d'être utilisé en 1957, quand la distribution sur le sol américain sera transférée à la société Wakmann.
Le mouvement étant un peu trop petit par rapport au boitier, il est maintenu en place par un anneau tenu par 3 vis.
Ma Navitimer pré-806 :
Je cherchais une Navitimer cadrans noirs de manière générale sans trop viser une version primitive puis, le hasard faisant bien les choses, j'ai eu la chance de mettre la main sur une fin 2015 et je signais l'acte de vente le jour même de mon anniversaire .
J'ai été scotché par son état, remarquable, sans aucun trace d'humidité, et complètement d'origine.
Même le cadran est encore laqué alors que la plupart se matifient avec le temps.
Bref, un véritable coup de cœur...qui m'a donné quelques suées à compter avec acharnement ces foutus grains de riz pour vérifier la cohérence de l'ensemble !
J'ai volontairement conservé l'oxydation sur les aiguilles, liées à l'usage du radium, car elle est pour moi un signe caractéristique de cette version primitive et fait partie de son histoire.
Le boitier est dans un très bel état, peu si ce n'est jamais poli.
La montre faisant 41mm de diamètre, ce qui était énorme pour l'époque, elle est tout à fait d'actualité aujourd'hui.
C'est un réel plaisir de la porter (si j'oublie que j'ai peur de l’abîmer!).
J'adore ce logo AOPA appliqué, qui se marie parfaitement avec la patine des chiffres.
Aussi, j'apprécie particulièrement la discrétion de cette version qui finalement ne mentionne pas Breitling sur le cadran, juste Navitimer...
C'est pour moi un réel plaisir d'avoir pu mettre la main sur ce modèle.
Le fait qu'elle ait probablement été vendue à un pilote américain et qu'elle ait quitté la terre ferme plus d'une fois me laisse reveur...
Il s'agit pour moi d'un parfait mélange entre esthétisme et fonctionnalité.
"
La Navitimer a fait l'objet d'une nombre impressionnant d'évolutions, dont certains encore plus rare que la "classique" Valjoux 72.
Pour ceux que cela intéresse je ne peux que vous recommander le formidable site de Kurt (http://kurt-b.com/), une véritable mine d'information puisqu’il contient probablement toutes les variations connues de la Navitimer (et probablement toutes les variations tout court).
Merci d'avoir pris le temps de me lire!
Nicolas
Une petite revue qui me tient particulièrement à cœur car elle est née d'une conversation téléphonique avec notre ami Laurent, qui me conseillait de "me lancer"...
Laurent, pour tant de choses, merci.
Tout d'abord, Breitling.
Une marque globalement méconnue, parfois boudée des collectionneurs.
En raison de la production moderne ? Du manque de pilotes, acteurs ou autres stars ayant portées cette marque ?
Certainement un mélange d'un peu tout ça...
Breitling a pourtant été un acteur majeur dans le secteur horloger, depuis sa création en 1884 à St Imier par Léon Breitling jusqu'à la crise du quartz en 1979, date à laquelle le petit fils du fondateur, Willy Breitling, cède les reines de l'entreprise familiale à Ernest Schneider.
Avant de s'attarder sur les relations qui lient Breitling à l'aviation et qui aboutiront à la Navitimer, revenons rapidement sur les étapes clés de cette formidable aventure familiale :
C'est en 1884 que Léon Breitling fonde la fabrique de montre Breitling à Saint Imier.
Ce jeune horloger de seulement 24 ans se prend rapidement de passion pour le développement de chronographes et en fera la spécialité de la maison.
Dès ses premières années, Léon Breitling innove et apporte nombre de modifications aux mécanismes de chronographe de l'époque.
En 1892, la fabrique des montres Breitling déménage à La Chaux de Fond et prend ses quartiers dans une rue qui deviendra la rue Montbrillant. La manufacture prendra alors le nom de "Léon Breitling, Montbrillant Watch Manufactory".
Au décès de Léon Breitling en 1914, son fils, Gaston, né la même année que l'entreprise, prend les reines de la fabrique familiale, à seulement 30 ans.
Les tourments de la ère guerre mondiale n'épargnent pas Gaston Breitling qui tente coûte que coûte de conserver ses marchés et de s'adapter pour faire perdurer l'entreprise.
Dans la droite ligne des développements initiés par son père, le premier chronographe bracelet avec poussoir indépendant à 2hr est présenté en 1915.
Il est important de préciser que d'autres manufactures, dont Oméga en 1913, ont présenté des chronographes avec un poussoir indépendant, mais non placé à 2hr comme le proposera Breitling.
Publicité datant de 1915 présentant le premier chronographe bracelet avec un poussoir indépendant à 2hr
Source : Invenitetfecit.com
Source : Invenitetfecit.com
Cependant, bien que plus pratique à manipuler, ce poussoir ne permet pas de redémarrer le chronométrage sans passer par la remise à zéro.
Breitling dépose alors en 1923 un brevet portant sur un poussoir indépendant gérant uniquement le démarrage et l'arrêt du chronographe, la remise à zéro étant gérée par la couronne.
Bien que ce brevet annonce l'arrivée prochaine d'un chronographe à deux poussoirs indépendants à 2hr et 4hr, il faudra attendre 1933 pour voir réellement apparaître ce brevet.
Entre temps, Willy Breitling succède à son père mais ne prendra officiellement les reines de l'entreprise qu'en 1932, une fois sa majorité atteinte.
Willy fera prospérer la société pendant 4 décennies jusqu'à la terrible crise du quartz qui aura raison de la fabrique familiale.
Sans rentrer dans la polémique de la paternité réelle de telle ou telle invention, il est indéniable à mes yeux que Breitling, avec plus de 220 modèles depuis sa création jusqu'en 1979 (hors variations au sein d'un même modèle!) a été un acteur important du chronographe avec des inventions et des choix stylistiques qui ont défini les codes du chronographe moderne que nous connaissons aujourd'hui.
Pour ceux que cela intéresse, je vous invite à lire la passionnante "interview" de René (Dracha) et de Fred (@Watchfred) sur FratelloWatches : http://www.fratellowatches.com/vintage-breitling-the-expert-interviews/. Un condensé de ce qui fait pour moi de Breitling une marque passionnante à découvrir et à collectionner.
Breitling et l'aviation.
Les premiers instruments pour l'aviation développés par Breitling remontent à 1938, date à laquelle sont proposées des horloges de bord dotées de 8 jours de réserve de marche.
Source : Catalogue Breitling 1940/1941 - @WatchFred
Un an plus tard, l'implication dans le domaine de l'aviation s'accentue avec l'ouverture d'une division qui lui et totalement dédiée : la division "Breitling Huit Aviation", en référence aux horloges de bord précédemment citées.
Source : Catalogue Breitling 1940/1941 - @WatchFred
La première ligne de chronographe de poignet "pour pilotes" apparaît pour la première fois sur un catalogue daté autour de 1940/1941.
On y trouve notamment la première apparition du fameux chronographe étanche ref 765, qui deviendra 765 AVI en 1953.
Première apparition d'une ligne entière de chronographes de poignet dédiés à l'aviation
Source : Catalogue Breitling 1940/1941 - @WatchFred
Source : Catalogue Breitling 1940/1941 - @WatchFred
Rien que sur cette simple page, on note tout de suite la richesse des modèles proposés : étanches ou non, aiguilles de différents styles, chrono ou simple montre 3 aiguilles, lunette rotative interne...
Et la Navitimer dans tout ça ?
En 1954, Breitling s'associe à l'AOPA (Aircraft Owner and Pilot Association) et propose un chronographe munie d'une règle de calcul en vente uniquement à ses membres dont voici une publicité d'époque :
Créée en 1939, l'AOPA est une association très influente défendant les droits des pilotes privés.
Digne héritière du Chronomat apparu au début des années 40, la Navitimer est le premier chronographe à règle à calcul foncièrement pensé pour les pilotes, la Chronomat étant plus pour les ingénieurs et les scientifiques.
Le nom Navitimer est d'ailleurs une concaténation de "Navigation" et "Timer", mettant en avant sa fonction première de compagnon idéal d'un pilote en vol.
A une époque où l'informatique n'est pas encore présente dans les cockpits, cet instrument permet des calculs simples mais essentiels, comme les multiplications, les divisions, le calcul de sa consommation d'essence, de sa vitesse etc...
Source : Manuel d'utilisation Navitimer - @WatchFred
Une histoire controversée :
La date d'apparition de la première Navitimer a donné lui à de nombreux débats parmi les collectionneurs les plus pointus.
En effet, la communication officielle de Breitling est que la première Navitimer est apparue en 1952.
La marque s’appuie pour cela sur des modèles portant un numéro de série en 82XXXX datant effectivement de 1952.
Cependant, les recherches de plusieurs collectionneurs dont notamment Kurt Broendum ont mis en avant que les modèles de 806 identifiés par ces numéros de série en 82XXXX portent tous les caractéristiques des modèles de la fin de la période des cadrans dits "all-black" (début des années 60), à savoir notamment, des grains de riz plus gros (93 contre 125/126 pour les premières références) et le code d'importation WOG (Wakmann Watch Corporation) frappé sur le mouvement au lieu de BOW (Breitling Watch Corporation of America) qui est d'usage jusqu'en 1957.
La théorie avancée et qui est aujourd'hui communément admise est qu'il y a eu une erreur de numérotation sur un lot donné, entraînant un lot en 82XXXX alors qu'il aurait du être en 92XXXX.
Face à cette documentation, Breitling module aujourd'hui légèrement sa communication en confirmant que l'association avec l'AOPA date bien de 1954 et que la première Navitimer "civile" a été produite à ce moment là, mais ajoute qu'une version "militaire" aurait été produite à partir de 1952, portant le nom de "Navigation Timer".
Il va s'en dire que là encore les opinions se sont affrontées, mais à ce jour aucune "Navigation Timer" n'a fait surface...
Les caractéristiques propres à la première génération (1954 au milieu de 1955):
Le boitier :
Le fond de boite est particulier car il ne porte pas de numéro de référence 806. Ceci accrédite la thèse d'un modèle d'abord réservé aux membres de l'AOPA et donc non référencé au catalogue Breitling.
La découpe des cornes est également légèrement particulière à ce modèle mais je n'ai malheureusement pas de photos pour l'illustrer.
Il est à noter qu'une version de transition est apparue en 1955, avec un valjoux 72 mais un numéro de référence 806 frappé sur le fond de boite.
Les aiguilles :
Les aiguilles (heure, minute et chrono) sont en acier mat, non peint. Les aiguilles peintes en blanc viendront plus tard (milieu 1956).
De mi 1955 à mi 1956 les modèles de 806 portent donc des aiguilles acier mat tout en ayant un mouvement Venus 178.
Le logo :
Le logo AOPA est très spécifique. René "Dracha" a d’ailleurs réalisé un montage photo permettant de bien comparer le logo d'une pré-806 à celui d'une 806 :
Source : René "Dracha" http://www.vintage-breitling.com/?page_id=536#!prettyPhoto
Il apparaît clairement que le logo de la pré-806 est plus marqué que celui de la 806 avec Venus 178.
De plus, la largeur et la forme du blason n'est pas la même.
La lunette :
D'une manière très simple, plus la lunette possède de grains de riz plus elle est ancienne.
René a également rédigé un article très intéressant là dessus : http://www.vintage-breitling.com/?page_id=142.
A ma connaissance, les pré-806 connues ont entre 126 et 124 grains de riz.
Navitimer pre-806 à 126 grains de riz
Navitimer 806 de 1963
Source : le site de Kurt Broendum http://kurt-b.com/
Source : le site de Kurt Broendum http://kurt-b.com/
Le mouvement :
Bien évidemment le mouvement est le vénérable Valjoux 72, utilisé dans de si nombreux modèles bien connus.
Le pont est frappé de la mention "Breitling Watch Corp Seventeen 17 Jewels Swiss" ainsi que du code d'importation américain BOW, qui cessera d'être utilisé en 1957, quand la distribution sur le sol américain sera transférée à la société Wakmann.
Le mouvement étant un peu trop petit par rapport au boitier, il est maintenu en place par un anneau tenu par 3 vis.
Valjoux 72
Source : le site de Kurt Broendum http://kurt-b.com/
Source : le site de Kurt Broendum http://kurt-b.com/
Venus 178
Source : le site de Kurt Broendum http://kurt-b.com/
Source : le site de Kurt Broendum http://kurt-b.com/
Ma Navitimer pré-806 :
Je cherchais une Navitimer cadrans noirs de manière générale sans trop viser une version primitive puis, le hasard faisant bien les choses, j'ai eu la chance de mettre la main sur une fin 2015 et je signais l'acte de vente le jour même de mon anniversaire .
J'ai été scotché par son état, remarquable, sans aucun trace d'humidité, et complètement d'origine.
Même le cadran est encore laqué alors que la plupart se matifient avec le temps.
Bref, un véritable coup de cœur...qui m'a donné quelques suées à compter avec acharnement ces foutus grains de riz pour vérifier la cohérence de l'ensemble !
J'ai volontairement conservé l'oxydation sur les aiguilles, liées à l'usage du radium, car elle est pour moi un signe caractéristique de cette version primitive et fait partie de son histoire.
Le boitier est dans un très bel état, peu si ce n'est jamais poli.
La montre faisant 41mm de diamètre, ce qui était énorme pour l'époque, elle est tout à fait d'actualité aujourd'hui.
C'est un réel plaisir de la porter (si j'oublie que j'ai peur de l’abîmer!).
J'adore ce logo AOPA appliqué, qui se marie parfaitement avec la patine des chiffres.
Aussi, j'apprécie particulièrement la discrétion de cette version qui finalement ne mentionne pas Breitling sur le cadran, juste Navitimer...
C'est pour moi un réel plaisir d'avoir pu mettre la main sur ce modèle.
Le fait qu'elle ait probablement été vendue à un pilote américain et qu'elle ait quitté la terre ferme plus d'une fois me laisse reveur...
Il s'agit pour moi d'un parfait mélange entre esthétisme et fonctionnalité.
"
La Navitimer a fait l'objet d'une nombre impressionnant d'évolutions, dont certains encore plus rare que la "classique" Valjoux 72.
Pour ceux que cela intéresse je ne peux que vous recommander le formidable site de Kurt (http://kurt-b.com/), une véritable mine d'information puisqu’il contient probablement toutes les variations connues de la Navitimer (et probablement toutes les variations tout court).
Merci d'avoir pris le temps de me lire!
Nicolas