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Fabrice Eschmann pour WorldTempus :
MAITRES DU TEMPS: Un chapitre qui se répète
La Chapter Two laisse un goût d’insatisfaction : très inspirée de la Chapter One, elle semble avoir été conçue comme une mesure d’urgence anticrise.
Lorsqu’on l’a enfin devant soi, et avant de la saisir, on ne peut qu’applaudir : habillage impeccable, finitions hors normes, haute qualité dans tous les matériaux et lisibilité parfaite. Avec la Chapter Two, Les Maîtres du Temps ont à nouveau créé une pièce exceptionnelle. Sauf que ce modèle laisse une impression bizarre. A se remémorer la Chapter One, sortie l’an dernier sous les baguettes des trois Maîtres Peter Speake-Marin, Roger Dubuis et Christophe Claret, ce deuxième opus ne supporte pas la comparaison ; ou plutôt elle l’incite beaucoup trop. Explications.
Six verres saphir
Les trois horlogers réunis sous la bannière des Maîtres du Temps sont cette année Roger Dubuis et Peter Speake-Marin, auxquels s’est joint Daniel Roth. Trois monstres de l’horlogerie, mondialement connus, qui ont mis au service d’une marque leurs formidables connaissances. Le résultat, la Chapter Two, est admirable. Proposant les fonctions heures, minutes, petite seconde à 6h, grande date à 12h, mois et jours en toutes lettres sur des rouleaux (en aluminium anodisé noir) à respectivement 12h et 6h, ce garde-temps est parfaitement équilibré, avec une boîte or rose de 58 mm sur 42. Six verres saphir (trois au verso, trois au recto) mettent en valeur des finitions sans reproches. Le fond saphir permet également d’admirer une masse oscillante finement ciselée, dont la forme ressemblant à un calice est composée des lettres M et T. Enfin, deux correcteurs des jours et des mois sont, quant à eux, savamment incrustés au dos de la montre.
Côté mouvement, une base d’un calibre automatique Vaucher a été entièrement retravaillée. Principale difficulté technique : la grande date à 12h amorce et fait pivoter les deux rouleaux des jours et des mois. Une prouesse qui a nécessité une gestion très rigoureuse de l’énergie disponible. Quelque 382 composants ont été nécessaires à la réalisation de ce moteur, conçu pour fonctionner 50 heures sans être remonté.
La Chapter Two est nettement plus sobre et moins chère que la Chapter One Les Maîtres du Temps
Un air de déjà-vu
Tant de perfection laisserait sans voix s’il n’y avait pas… la Chapter One. D’abord parce qu’on a l’impression que les Maîtres du Temps se répètent : si les dimensions sont réduites, la boîte reprend les mêmes codes, et l’on retrouve la même idée des rouleaux. Or, l’an dernier, les trois créateurs du premier chapitre déclaraient d’une seule voix que chaque nouvelle création allait être fondamentalement différente. Une approche élémentaire lorsqu’on prend la peine d’associer trois horlogers différents pour une réalisation unique ! Or, au détour d’une phrase, on apprend qu’en fait, le projet de la Chapter Two avait démarré avant la Chapter One.
Mais si la petite ressemble esthétiquement à la grande, elle diffère cependant par les complications qu’elle propose : alors que le Chapter One offre un chronographe monopoussoir ainsi qu’un tourbillon et deux affichages rétrogrades, la seconde ne conserve que les heures, les minutes, les secondes et la triple date. Il en résulte une impression de « produit dérivé », renforcée à la découverte du prix de vente public : la Chapter One est vendue 400'000 francs suisses, la Chapter Two, 72'000 ! Evidemment, le montant reste élitiste, mais on ne navigue plus dans la même catégorie.
« La Chapter One était clairement destinée à des collectionneurs, explique Roger Dubuis. Ce modèle, nous l’adressons à un autre public. » Un autre public moins argenté, mais beaucoup plus nombreux aussi, dont aucun représentant ne sera frustré car cette série-là n’est, elle, pas limitée. Ne reste plus qu’à attendre la Chapter Three, qui, promet-on, sera complètement différente.