Nomenclature
W.W.W => Watch Wristlet Waterproof
British Army => armée de terre
MoD => British Ministry of Defense
R.E.M.E. => Royal Electrical and mechanical Engineers, service chargé de la maintenance des WWW
NSN => Nato Stock Number
G10 => contraction de Army Form G1098, contrat signé par les soldats lors de la fourniture du matériel de dotation à titre « temporaire » (compas, montre, etc...). Ce matériel reste donc propriété de l'armée,
W10 => code de référencement de la « British Army » pour le groupe « compasses, watches, survey and drawing instruments »
6B => code de référencement de la RAF pour le groupe « Aircraft Navigation Equipment Accessories and Unit Servicing Parts »
Introduction
Au début des années 40, le MoD, souhaitant doter ses troupes au sol de montres de poignet, définit un cahier des charges auquel répondirent 12 fabriquants suisse: Omega, JLC, IWC, Record, Buren, Cyma, Eterna, Lemania, Grana, Timor, Vertex et Longines.... Il est parfois fait mention d'un 13ème fabriquant accepté par le MoD, Enicar, mais ce dernier n'a semble t-il jamais lancé sa production.
Ces montres furent distribuées aux troupes par le MoD de mai 1945 à décembre 1945.
L'estimation, faute d'archives complètes, seul Omega, IWC et JLC ont conservés les leurs, est que environ 140000 à 150000 montres WWW furent produites.... dont 25000 Omega
Bien que toutes soient plus ou moins facilement trouvables (voir le lien suivant quant à leur rareté: http://www.time514.com//BritishX.htm), réunir les 12 ensemble reste une quête de longue haleine, la Grana étant en général le chainon manquant …. alors que son homologue, bien que absolument identique, mais en dotation dans l'armée allemande (Grana DH) est elle extrêmement courante.
C'est la réunion des 12 WWW que l'on appelle la « dirty dozen »...
... en référence aux "12 salopards"
Note: Les montres WWW sont parfois appelés Mark X (10)
Caractéristiques communes suivant cahier des charges du MoD
- cadran noir, chiffres arabes, petite seconde déportée à 6 heures, cadran type chemin de fer
- aiguilles heures / minutes lumineuses, marqueurs lumineux sous forme d'un point sauf à 3 et 9 heures avec marquages en forme de « bâton », et 12 heures avec marquage « bâton » entouré de deux points lumineux (radium)
- Mouvement 15 rubis, diamètre compris entre 11,75 et 13 lignes
- Crystal type « Perspex »
- Waterproof... suivant les standards de l'époque (à priori 30m)
- pas de shock protection obligatoire (seule la Longines en est équipée)
Contexte historique
Très peu de temps après la fin de la seconde guerre mondiale, le Royaume Uni s'engagea dans différents conflits armés autour du monde:
- Indochine 1945 – 46
- Dutch East Indies (Indonésie) 1945 - 50
- Palestine 1947 – 48
- Grèce 1946 – 49
- Malaisie 1948 - 60
Corée 1950 – 53
Les équipements à la disposition des troupes furent par conséquent les mêmes que ceux utilisés lors de la récente seconde guerre mondiale, ce qui inclut les montres WWW
Bien que d'autres modèles notoirement connus furent mis à disposition des autres personnels, comme les Omega 53 et autres mark XI pour les personnels techniques de la RAF par exemple, ce ne fut pas le cas pour les troupes d'infanterie, jusqu'au milieu des années 60, où Smiths Deluxe
... et Smiths W10 firent leur apparition.
Puis au début des 70's, avec l'entrée en service de nouveaux modèles mécaniques (CWC W10, Hamilton W10 et Hamilton Geneve W10)...
... les WWW furent retirées du service actif pour 8 d'entre elles (Defence Standard de juillet 1973 relatif au Vertex, Cyma, Buren, Eterna, JLC, Grana, Longines et Lemania). A noter que les 4 autres (IWC, Omega, Record et Timor), quoique non concernées par ce document, ne furent également plus allouées en dotation.
Lors de la guerre des Falkland (1982), les soldats furent logiquement dotés en CWC et Hamilton mécaniques mais également des premiers modèles à Quartz G10 et de Smiths W10 encore en service. Les 4 WWW survivantes avaient elles été retirées du service actif 1 an avant, en 1981 (Defence Standard 66-4(part5)/issue 3)
Et puis, étonnamment, lors de la première guerre du golfe (1990), certaines WWW furent réintroduites en service en même temps que les mécaniques des années 70, les quartz G10 CWC et Precista sous contrat avec le MoD et les Smiths W10 restantes.
L'explication: au sens du DefStan « retirées du service » peut avoir différentes significations et implications comme:
vente immédiate au domaine
en attente de destruction
donné à une nation amie
donné à des musées
… du coup furent semble t-il remises en service certaines WWW qui vulgairement « trainaient » encore là.
Par contre, la Guerre du Golfe coïncidant peu ou prou avec la fin de la guerre froide, ce fut également une période de fortes restrictions budgétaires pour le MoD. C'est pourquoi, en parallèle avec la ré-allocation « anecdotique » de certaines WWW dans les unités de la British Army, les stocks militaires de WWW restant furent massivement vendus, de même d'ailleurs que les Smiths W10 et les G10 mécaniques post 70's.
La dotation de Quartz devint la norme, et ainsi disparurent du service, en même temps que les autres « méca », et après environ 50 ans de bons et loyaux services, les WWW.
… et les autres WWW
...car oui, la guerre étant finie, et devant l'abondance des stocks, une part importante des 140000 WWW furent cédées lors d'enchères publiques en 1946 (nombre inconnu ?), en même temps que de nombreux autres stocks de l'armée, dont « 200 montres de navigation 6B/234, 13000 montres ATP, 14000 montres de poches General Service RAF, 172000 montres de poches GSTP, 16000 chronographes 6B/221 dont ¾ NOS », etc ... (source horological journal, oct 2008).
Certaines autres furent cédées à l'armée hollandaise lors du conflit des Dutch East Indies qui pris place immédiatement au sortir de la WWII (la Hollande, allié de la Grande Bretagne, ne reconnaît pas l'indépendance de l'Indonésie). Elles sont reconnaissables au marquage KNIL (pour Koninklijk Nederlands Indisch Leger) au dos de la montre. Seul une vingtaine de ces montres ont été à ce jour identifiées.
OMEGA WWW ref CK2444
Voilà ce que l'on trouve sur le site d'Omega, rubrique OmegaMuseum ( http://www.omegawatches.com/spirit/history/vintage-omegas/vintage-watches-database ) (taper ck 2444)
"Malayan Forces"
Gents' leather strap
Reference
CK 2444
International collection
1945
Special series Numbered and limited
Movement
Type: Manual winding (mechanical)
Caliber number: 30 T2 RS
Created in 1940
15 jewels
Special adjustment (chronometer like)
Functions
Chronometer, Subsecond
Case
Stainless steel
Case back
Screw-in
Dial
Special mat black dial with heavy radium dots and luminous radium hands. "Broad Arrow" symbol (wide arrow).
Crystal
"Unbreakable" armoured hesalite
Bracelet
Leather
Water resistance
30 meters
Quelques précisions ci-dessous...
Parenthèse sur la Broad Arrow ou Pheon: DefStan 05-34/Issue 2 (dated 17 May 1984)
“The use of Government property marks on materiel is not mandatory (although the ‘pheon’ is normally used on items of an attractive nature if it seems likely that the marks would deter theft). The decision to use the ‘pheon’ in respect of any particular item rests with the Approving Authority. Where it is not practicable for the Approving Authority to rule on this matter the decision s should be taken by the authority principally responsible for the procurement of the item concerned, or, when the item is the subject of an agreed Service specification, by common agreement of the authorities consulted during the preparation of the specification.”
Marquages spécifiques Omega
Au dos de la montre, on trouve, outre le marquage WWW, deux séries de chiffres différents
le premier, précédé de la lettre Y (propre à Omega) est le numéro de série militaire
le second est le numéro de série civil
la soustraction du premier au second donne invariablement, chez Omega toujours, le nombre 10664199
On retrouve les marquages à l'identique que ce soit côté extérieur ou intérieur du caseback
Coté cadran, certains furent remplacés lors de révision par les horlogers du R.E.M.E. À partir des années 50 par des cadrans « faits maison » portant une référence alphanumérique en lieu et place du logo: chez Omega, on trouve alors le numéro 10033
Puis, à partir des années 60, les cadrans nécessitant changement se firent attribués un code NATO basé sur le NSN propre à Omega (9999-99-445-2031) en lieu et place du logo et/ou du code alphanumérique précédent/ le code NATO fut alors logiquement W10/445-2031 ; en général apparaît également un t cerclé indiquant l'abandon du radium.
voir ->page 1
A noter que les numéros tant civil que militaire gravés sur le dos de la montre n'étant pas corrélés avec le numéro de mouvement, il est notoirement admis que ces casebacks furent très probablement interchangés aléatoirement lors de ces révisions.... ainsi que certains types d'aiguilles, les horlogers n'ayant que faire de la cohérence des modèles d'origine; c'est ce qu'on appelle les « MoD replacements »
De même, c'est lors de ces révisions, même si les cadrans n'ont pas été changés, que le radium fut progressivement abandonné au profit du tritium.
Mouvement
Selon les archives Omega, leurs WWW sont dotés du calibre 30T2RS pour « Réglage Spécial »
Ceci signifie que ces mouvements furent réglés suivant les normes chronométriques de l'époque, les même normes d'ailleurs que celles en vigueur pour les montres de navigation réf 6B/159 Mark VII, en dotation dans la RAF.
Les numéros de mouvement des WWW sont compris entre les séries 9 8xx xxx et 10 3xxx xxx.
Eviter les faux grossiers
- Look carefully at the fonts of the numbers (especially the '7'). Make sure there is NO 'hook' to the font of the '7'.
- Make sure the subsiduary seconds dial is a 'step down' (i.e is placed at a lower level to the surface of the other part of the dial).
- Make sure the font of the 'A' in the word OMEGA on the dial has a flat top and NOT a pointed top.
Conclusion
Toutes ces WWW, et donc les Omega, sont classés par le MoD comme comme montre pour le « General Service ».
Cependant, considérant le haut niveau de réglage de leurs mouvements (normes chronométriques), « General Service » ne signifie pas que les WWW étaient distribuées à chaque soldat, mais plus probablement réservées à certaines unités ou personnels avec des tâches spéciales (artillerie, radiocomm, ingénieurs, etc...).
Sources:
Military Watch Ressource Forum
Puristpro
Horoligical journal (Thomas Koenig / Adrian van der Meijden)
http://www.time514.com//BritishX.htm
Photo: credit via Google
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