PATEK PHILIPPE NAUTILUS 5711/1A
Pour commencer, un peu d’histoire :
C’est en 1976 que la première Nautilus est apparue, dessinée par le génial Gérald Genta. A l’époque ce modèle de 42mm était assez décalé (la mode était aux montre plus petites) et de plus proposée à un tarif très élevé pour de l’acier. Ce décalage dans le paysage horloger de l’époque attira tout de suite l’attention sur elle.
La volonté de PP était d’offrir à sa clientèle une montre élégante mais robuste et facile à porter tous les jours, en toutes circonstances, même pour faire du sport. Le monde changeait, la clientèle aussi et PP voulait accompagner ces mutations.
Audemars Piguet avait quand même largement ouvert la voie 4 ans plus tôt avec la RO (elle aussi dessinée par G. Genta) dont le succès avait dépassé les espérances de la manufacture.
Pour assoir ce positionnement sport mais chic, le slogan des premières pubs affirmait qu’elle se mariait aussi bien avec un smoking qu’avec une combinaison de plongée :
Son nom d’abord : Nautilus
Le Nautilus pompilius est un céphalopode marin.
Les Nautilus pompilius sont des mollusques céphalopodes (poulpes, seiches et calmars), aux caractéristiques particulières :
Leur coquille est développée et enroulée vers l'avant, en forme de spirale. L'intérieur est cloisonné en différentes loges. Le corps du nautile occupe la dernière loge, qui est la plus grande. Un siphon traverse les cloisons. Les loges que n'occupe pas l'animal contiennent un mélange de gaz et de liquide. En faisant varier la proportion gaz-liquide dans les loges de la coquille, les nautiles peuvent s'enfoncer ou s'élever dans l'eau.
Les lieux où l'on trouve les nautiles sont : certaines îles du Pacifique, et au large des côtes australiennes. Ils abondent à environ 400 mètres de profondeur. Ils se nourrissent de déchets organiques.
Ces animaux ont peu évolué depuis 400 millions d'années.
Source Wikipédia.
C’est aussi le célèbre sous marin de 20.000 lieues sous les mers.
Sa forme aussi rappelle celle d’un hublot avec ses charnières de part et d’autre, et les teintes incroyablement changeantes de son cadran qui passe du bleu au noir font penser à un petit océan au poignet.
Sa grande taille qui apparaissait à l’époque comme une bizarrerie, est devenue un atout sur le marché actuel où elle jouit toujours d’une très forte cote d’amour.
La première référence fut la 3700/1A, étanche à 120 mètres et surnommée « Jumbo »justement en raison de sa grande taille (42mm de part et d’autres des deux charnières). Sa production fut arrêtée en 1990. On, en trouve régulièrement à la vente.
Entre temps, une taille medium avait pris le relais à partir de 1981 (3800/1A) puis fut arrêtée en 2006.
La taille jumbo est réapparue 1998 avec la 3710/1A (présente sur le forum avec Moonphase ), mais avec chiffres romains, un cadran lisse et une indication de la réserve de marche. C’est un modèle rare car la production a été stoppée en 2006 et controversé en raison de ses chiffres romains.
En 2005 est lancée la première Nautilus avec complication : la 3712/1A.
Mais la boite est encore monobloque sur la 3712 (comme la 3700) ce qui n'est plus le cas sur la 5712 qui reprend le même principe de boitier que la 5711.
De ce fait, sur les 3712, les oreilles sont moins bombées que sur les 5712 et presque légèrement concaves.
Concernant les index, celui à 6h des 3712 est rectangulaire et non tronqué comme sur la 5712.
Il y aussi un petit index à 7h00 sur la 3712 qui n'y est pas sur la 5712.
C’est un modèle rare, produit pendant une année seulement (avec micro rotor), et tous les exemplaires étaient pré vendus.
Le prix à l’époque:
ça fait mal :rambo:
Ce modèle annonçait le grand renouvèlement de la gamme qui suivit l’année suivante.
C’est en effet en 2006, pour fêter les 30 ans de la Nautilus, que toute une nouvelle collection à été lancée avec la 5711/1A, la 5712/1A
et les modèles en or sur cuir (3 aiguilles + date) :5711G (or gris sur cuir), 5711J (or jaune sur cuir) et 5711R (or rose sur cuir).
Depuis le succès remporté par cette réédition, PP a décliné de nombreuses versions : apparition des modèles 5726A (Quantième annuel or gris sur cuir), 5980R (Chrono or rose sur cuir) et 5980/1A (chrono acier/acier avec nouveau cadran gris), la nouvelle 5711 avec cadran blanc…
La 5711/1A et la 5712/1A qui sont pour moi les plus désirables sont toujours là….
Cette 5711/1A lancée en 2006 comprend de nombreuses différences par rapport à la 3700:
- La couronne est plus grande et mieux protégée dans la charnière de droite
- Les charnières de part et d’autre du boitier ont été arrondies ce qui se traduit par 1mm d’embonpoint (on est à 43mm de charnière à charnière, hors couronne). 40mm pour la diagonale 10h-16h00.
- Les aiguilles et les index ont été redessinés, allongés et très élargis
- Une grande seconde a été ajoutée
- Un fond saphir a fait son apparition
- La boîte est désormais construite en 3 parties, avec fond et couronne vissée, au lieu de deux
- Le bracelet a été revu dans ses proportions et dans sa finition
- Le mouvement n’est bien sûr plus le même (28-255C à l’origine) 324SC maintenant.
- L’épaisseur a légèrement augmentée (on est à un poil au-dessus de 8mm alors que le modèle d’origine était un poil en dessous).
Pour avoir eu la chance de manipuler les deux en même temps, la différence de ressenti est extrêmement importante. Il se dégage du nouveau modèle un sentiment de robustesse que n’a pas le modèle d’origine qui semble plus frêle tant il est fin, mais le visuel au poignet de la 3700 est à couper le souffle.
L’ouverture aussi est plus importante, je pense du fait d’une lunette un peu moins large sur la 3700 et l’absence de grande seconde renforce encore ce sentiment.
La quasi absence de rehaut donne à la 3700 un sentiment de compacité incroyable ; Le verre semble toucher le cadran et on se demande comment les aiguilles font pour tourner.
Le cadran offre moins de reflets et de variations de bleus que l’actuelle 5711 et je ne me vois pas utiliser la 3700 de façon aussi intensive que ma 5711. Mais j’avoue que cet essai m’a laissé sur les fesses au point de sérieusement regarder les 3700 et d’envisager la doublette tant les ressentis sont différents.
Ici avec sa boite en liège (rarissime)
Les évolutions dont la 5711 bénéficie par rapport au modèle d’origine peuvent faire penser aux différences qu’il y avait entre une RO 15202 dite Jumbo et une 15300 (ajout de la grande seconde, index et aiguilles modifiés, bracelet modifié, couronne plus large et vissée….)
Alors que la RO jumbo actuelle est restée relativement fidèle au modèle d’origine.
Chez AP, les différences les plus importantes ont été appliquées à un nouveau modèle : la 15300 (désormais remplacée par la 15400) tout en gardant au catalogue la 15202. On a donc deux modèles qui cohabitent : la 15202 restée très fidèle et la 15300 (15400 aujourd’hui) avec de nombreuses différences.
Pour la Nautilus, les différences / évolutions majeurs ont été apportées directement sur le modèle d’origine.
Cela explique en grande partie les différences importantes entre la version vintage et l’actuelle.
Rareté :
La Nautilus est une montre chère, et même très chère pour une 3 aiguilles en acier.
C’était même l’un des arguments publicitaire à son lancement :
Mais au-delà de cette limite de taille, il en existe une autre largement plus séduisante : sa faible production.
D’après les informations que j’ai pu recouper, PP en produit entre 250 et 300 par an pour le monde. J’ai toujours du mal à le croire, mais ce chiffre m’a été reconfirmé de façon catégorique lors de notre récente balade dans la vallée de Joux par un « insider » sans intérêt directe chez PP.
Etant donné le gros succès de ce modèle (succès d’ailleurs entretenu par sa rareté), il faut parfois être patient pour s’en procurer une.
Une version quasiment introuvable : en platine
5711/1A VS 5712/1A
La 5711/1A a bien sûr un côté plus fidèle au modèle original mais ce n’est pas cet aspect des choses qui a guidé mon choix.
L’argument décisif a été son côté plus épuré qui me correspond mieux. Le côté plus sophistiqué, plus précieux, plus bijoux de la 5712 correspond moins à l’usage que je vais en faire et aux montres que j’aime porter au quotidien.
L’un des points forts de la Nautilus est la palette de couleurs que prend le cadran en fonction de la lumière. Sur ce modèle on profite à 100 % de cette qualité.
Reste le micro rotor de la 5712/1A…. Et là, il n’y a pas photo.
Bien sûr le 324SC de la 5711 n’est pas un mauvais calibre, mais il n’est pas très sexy. Et pour profiter régulièrement du rotor ¾ L&S, c’est vraiment top.
On a tous les avantages de l’automatique avec la beauté du manuel.
La version idéale pour moi serrait en fait une 5711/1A avec micro rotor….
Allez, trêve de bla bla, voilà on passe aux photos :
Ce qui frappe d’emblais, c’est la très grande finesse pour une montre sport
Du coup, elle reste très élégante et passe sous les manches avec la plus grande facilité.
Les aiguilles et les index sont en or blanc et pourvus de matière luminescente très efficace.
On retrouve cette forme d’aiguilles dans plusieurs créations de Genta dont la RO.
Il y a 3 formes d’index différentes car un biseau est nécessaire suivant leur position sur le cadran.
Les minutes y sont matérialisées par des petits points blancs.
Le rehaut satiné et très droit, donne énormément de profondeur à la montre. Et le traitement anti reflet étant vraiment de très grande qualité, on a le sentiment d’être au bord d’une falaise, prêt à plonger dans l’océan :
L’aiguille des secondes de type lance est polie miroir comme le bord de des index et le bord des aiguilles H et M ce qui permet des changements de couleurs et des reflets très agréables.
Le noir bleu du cadran (c'est la couleur officielle donnée par PP !) est difficile à rendre en photos.Tous ceux qui ont eu l’occasion de le voir en live vous diront que les changements et reflets sont incroyables. On a vraiment le sentiment d’avoir plusieurs montres en une. La profondeur et les reflets sont accentués par les lignes horizontales.
La date à passage rapide est bien intégrée et très lisible. Elle occupe l'espace d'un index et même avec son disque blanc sur cadran foncé elle ne me pose pas de problème.
Le système de fermeture du boitier reprend l’idée du hublot et se fait par des vis horizontales.
C'est techniquement intéressant puisqu'on obtient une compression verticale de la lunette et de la boite pour venir écraser je joint par un système horizontal.
Esthétiquement, cela donne ces fameuses charnières ou oreilles qui font partie de l'ADN de la Nautilus.
La lunette à 3 pans est soulignée par le noir profond du joint qui assure l’étanchéité.
La montre alterne le poli et le satiné sur la boite
et le bracelet.
Le bracelet est particulièrement confortable.
Une fois refermé, la partie papillon étant très fine, il n’y a pas de sur épaisseur
La finesse générale n’est donc pas altérée par cette très belle boucle papillon.
La fermeture du bracelet est sécurisée par un petit capot frappé de la croix de Calatrava, comme la couronne.
Les finitions du bracelet sont superbes et j’adore son élargissement progressif pour rejoindre la boite.
L’intégration bracelet / montre parfaitement réussie est bien évidement l’un des atouts de cette montre.
La couronne est vissée et bien protégée dans la charnière de droite.
Le calibre 324 SC (désormais estampillé du poinçon PP et non plus de Genève) fait 27mm de diamètre pour 3.3mm d’épaisseur.
Il est composé de 213 pièces, bat à 28.800 alternances par heure et possède une réserve de marche de 45heures.
La masse oscillent est en or 21K. Elle tourne très facilement et c’est un bonheur de l’entendre s’affoler ce qui arrive au moindre mouvement rapide.
C’est une modèle qui ne laisse pas indifférent et que beaucoup trouvent ingrat, sans intérêt, trop typé 70’s… Par contre, ceux qui sont sensibles à ses charmes ont en général du mal à la quitter.
C’est une montre très confortable, polyvalente. De loin celle que je porte le plus et qui m’accompagne un peu partout.
Quelques WS en vrac parmi des dizaines (des centaines ? :viste: ) :
Merci de votre lecture
Les commentaires par ici :
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