PATEK PHILIPPE CALATRAVA 6000G-010
Il y a plusieurs années, avant d’aller récupérer ma Nautilus, je m’étais dit que la PP suivante, si par chance il pouvait y en avoir une, devrait être équipée du calibre 240 dont j’allais être privé en choisissant la 5711 dont je préfère le cadran à celui de la 5712.
Je m’étais alors plongé dans le catalogue PP et avais vite réalisé qu’en « montre simple », le choix était assez restreint.
PP utilise beaucoup le 240 dans ses montres à complication : Heure universelle, QP, Celestial…
Mais on le retrouve finalement très rarement dans les modèles simples.
Cependant, un modèle m’avait tout de suite tapé dans l’œil pour son côté sport chic : la Calatrava 6000.
J’avais d’ailleurs demandé à l’essayer en allant récupérer ma 5711 et l’essai au poignet avait conforté mon idée d’autant qu’elle était bien plus belle en live que sur catalogue, ce qui est une constante chez PP.
Mais j’avoue que mes émotions ce jour là s’étaient surtout portées sur la nouvelle arrivée, et la 6000 faisait la sieste dans un recoin de ma mémoire jusqu’à ce que P@trice dégaine la sienne.
Là, nouvelle montée du rythme cardiaque en voyant ses photos. J’ai ensuite eu la chance de pouvoir la garder au poignet toute une soirée.
J’ai depuis régulièrement harcelé Patrice pour lui racheter la sienne… sans succès !
Il ne veut pas priver son coffre de cette belle décoration et je le comprends
En 5 ans, j’ai eu le temps de rêver à de nombreuses montres. Et pour certaines, le désir s’est finalement tari sans même les avoir possédées.
Pour la 6000, le désir s’est accentué avec le temps (comme d’ailleurs pour une autre PP : la 5130) et j'ai enfin cédé…
La 6000, une Calatrava
J’ai toujours trouvé étonnant que PP classe la 6000 dans la famille Calatrava.
J’associe à ce nom des montres intemporelles, plutôt habillées, au dessin simple et cadran sobre. Une sorte d’élégance discrète à laquelle la 6000 ne correspond pas vraiment.
Je la trouve assez loin de cette image habillée et discrète presque un peu surannée que me renvoie le nom de Calatrava.
Avec la 5120 (clou de Paris), elle est la seule Calatrava à utiliser le 240.
Ici, celle de Ed (si tu passes par là )
Et jusqu’à l’arrivée récente de la 5524 (que j’ai aussi un peu de mal à classer dans les Calatrava), la seule Calatrava avec chiffres arabes.
Calatrava certes, mais donc pour le moins atypique.
PP semble d’ailleurs avoir aussi eu un peu de mal à la classer au point de lui donner l’une des seules références de tout le catalogue moderne qui ne commence pas par un 5…
Elle est la descendante directe de la référence 5000G (produite à 1000 exemplaires au début des années 90) dont elle reprend le mouvement, les chiffres arabes blancs, le chemin de fer au milieu du cadran et la petite seconde à 4h00.
J’adore cette 5000 et j’ai vraiment plusieurs fois hésité. Mais ses 33mm m’ont toujours fait peur. Cela reste portable bien sûr, mais disons que c’est plus restrictif en lui donnant un style résolument habillé qui me correspond moins.
J’ai donc toujours résisté.
A sa sortie, la 6000 conserve le cadran noir d’encre de la 5000 et ses aiguilles bâtons blanches caractéristiques. Mais son boitier passe à 37mm et on lui ajoute une date par pointeur qui lui vaut souvent le surnom de Patek Oris…
Patek 6000G-001
Cette version a ensuite rapidement été remplacée par une version avec un cadran soleillé gris. C’est celle que je vous présente aujourd’hui : la 6000G-010
Elle a été complétée il y a deux ans (je crois) par une version or rose avec cadran marron 6000R-001 :
Superbe aussi, avec un côté plus précieux et surtout la disparition des aiguilles blanches au profit d’aiguilles or ce que je regrette un peu tant elle font partie pour moi de l’identité de cette montre.
Cette année, ma version or blanc cadran gris a été stoppée et remplacée par une version or blanc à cadran bleu de toute beauté 6000G-012
Cela fait ressortir son côté sport. Je préfère en cela le cadran gris qui donne à cette 6000 un caractère plus versatile et plus rare aussi car finalement les cadrans gris ne sont pas légions…
Même si elle n’apparaitra jamais totalement comme une montre habillée, elle offre avec son cadran gris un très bon compromis pour une daily warer
Ce qui d’emblée intrigue sur ce modèle : un cadran chargé et assez déroutant !
Une petite seconde qui se promène à 4h00, un chemin de fer argenté au beau milieu du cadran et deux rangées de chiffres arabes au périmètre du cadran : inhabituel et un poil compliqué à déchiffrer.
Mais j’aime justement l’harmonie que PP a réussi à donner à cet ensemble assez dense.
C’est par un ensemble de petits détails bien pensés que le dessin de ce cadran reste harmonieux et parfaitement équilibré:
Le chemin de fer de la petite seconde reprend de 5 en 5 le même motif triangulaire de celui du chemin de fer des H/M.
Les deux rangées de chiffres arabes sont discrètement séparées par un très léger cercle blanc. C’est à peine perceptible. Ça n’alourdit pas le dessin mais suffit à donner l’impression que ces deux séries d chiffres sont sur des disques différents.
Et la police utilisée est la même, très sobre, avec juste une différence de dimension.
Le cadran est soleillé, et l’anneau centrale des minutes ne rompt pas l’effet de cette finition : l’angle des lignes reste le même à l’intérieur et à l’extérieur du cercle comme si celui-ci était juste posé sur le cadran.
C’est ce genre de détails qui font qu’un ce cadran si chargé reste malgré tout homogène, cohérent, agréable à l’œil.
Le sous compteur de la petite seconde est très légèrement guilloché avec de cercles concentriques :
Cette finition différente du reste du cadran et sa position inhabituelle témoignent de la volonté de PP d’en faire un élément visuel fort. Il est la touche finale du cadran. Celui qui termine le dessin : posé par-dessus le cercle des minutes qu’il cache en partie et pardessus les quantièmes 10, 11 et 12 qui sont à peine lisibles.
La lecture des secondes n’étant pas forcément essentielle et peu aisée sur un si petit compteur, PP aurait pu choisir un simple cercle discret qui ne mange pas les autres éléments (comme sur la 5000 ou la première version, noire). Mais non à partir de cette version, la PP 6000 c’est une petite seconde qui saute aux yeux ! Un élément esthétique essentiel. Suivant la lumière, on la voit comme posée en sur le cadran, ou au contraire légèrement enfoncée. Elle est en fait légèrement plus basse que le reste du cadran avec un fin rehaut :
Et c’est en effet souvent là que viennent se poser mes yeux quand je tourne mon poignet pour regarder l’heure. Le regard est aimanté par ce petit cercle blanc sur lequel se promène une minuscule aiguille noire.
A propos d’aiguilles...
Celle qui évidement intrigue est celle des quantièmes. Extrêmement fine, presque imperceptible sur sa longueur, elle se termine par une petite lune rouge vif qui vient indiquer le jour. Une très légère touche de couleur chic et ludique.
Les aiguilles H et M contrastent avec celle des secondes.
Les premières sont laquées, blanc laiteux. Elle ses détachent fortement sur le cadran gris foncé.
Celle des secondes est foncée. Elle se détache fortement du sous compteur argenté. Polie miroir, elle prend merveilleusement la lumière.
Au premier regard, elles peuvent paraitre de simples aiguilles bâtons. Mais en regardant plus attentivement, on s’aperçoit qu’elles sont en fait très subtilement effilées. La bonne idée est de ne pas les avoir stoppées au canon. Leur contrepoids allonge le dessin, et donne beaucoup d’élégance à des aiguilles qui auraient pu être un peu fades sans ces petits détails.
Idem pour celle des secondes. Si petite que c’est imperceptible. Mais là encore, ces minuscules détails comptent pour la cohérence générale.
Tous ces éléments cohabitent dans l’une des plus belle boite ronde PP à mes yeux avec celle de la 5130.
Les lignes sont délicieusement fluides, sensuelles. La lunette est d’une épaisseur parfaite pour donner de la consistance à une montre qui ne fait que 37mm.
Les anses ont une inclinaison parfaite : suffisamment horizontales sur le poignet pour donner de la force au dessin et légèrement courbes pour apporter le confort au porté.
On trouve sur la carrure à 10 :00 le correcteur de date et à 3h00 une couronne frappée de la croix de Calatrava.
C’est simple, parfaitement dessiné et entièrement poli ce qui en fait une boite très vivante car tout s’y reflète…
Enfin , il faut évidement revenir sur son fameux calibre extra plat 240 avec micro rotor en or 22 ct.
Diamètre de 27.5mm.
Epaisseur : seulement 2.53mm.
RDM : 48h.
27 rubis, 6 ponts, et 161 composants.
Dans cette version la plus simple, il équipe les 5120 comme je l’indiquais plus haut.
Ici celle de Ed
Ou ma bien aimée Elipse d’or 3738
ou 5738
(dans lesquelles il reste cependant invisible).
Bref, quelques très rares modèles automatiques dont la finesse impose ce calibre.
Il sert de base à de nombreuses versions plus compliquées :
240Q pour les quantièmes perpétuels 5139
ou anciennement les 3940.
240HU pour l’heure universelle 5130.
Ici la version platine de Guy à mon poignet :
240 PS IRM C LU : réserve de marche, date par aiguille et et phase de lune. Petite aiguilles de secondes. C’est le mouvement de la 5712 par exemple:
240 LU CLC pour la Clestial 6102
Celui de la 6000 est le 240 PS C : date, petite aiguille de secondes. Il n’équipe aucun autre modèle que la 6000.
Comme toujours à ce niveau chez Patek, un niveau de finition honorable sans chercher à pousser trop loin.
Une décoration sobre et classique.
Mais l’ensemble est très agréable à regarder,
en grande partie grâce au micro rotor qui en or jaune, se détache du reste du mouvement :
Pour conclure, cette 6000 que l’on croise finalement assez rarement combine un ensemble de qualités qui me font craquer chaque fois que je la passe : une boite que j’adore, un cadran étonnant et ludique, et un mouvement de référence. Bref, une montre très complète et facile à porter au quotidien et finalement, une vision moderne de la Calatrava.
Pour finir, quelques WS :
Les commentaires par ici :
https://montresmecaniques.forumactif.com/t9338-revue-patek-philippe-calatrava-6000g