je vous fait passer 2 articles que j'ai trouvé particulièrement intéressant dans la presse non spécilisé parlant de la crise de l'horlogerie
Le 1er est un sujet dans les echos du 22 novembre
La crise de l'horlogerie suisse inquiète la Franche-Comté
Après dix ans d'euphorie, l'horlogerie suisse croule sous les stocks. De l'autre côté de la frontière, les sous-traitants souffrent et s'organisent.
Quand l'horlogerie suisse va bien, l'économie franc-comtoise a le sourire : les belles montres Tissot, Breitling, Jaeger-LeCoultre, Tag Heuer, Longines, Audemars Piguet, Cartier ou Rolex ne boostent pas seulement l'emploi frontalier, elles donnent aussi du travail aux sous-traitants fabricants de pièces de mouvement, d'aiguilles, de couronnes ou boîtiers décorés historiquement implantés entre la frontière et Besançon, l'ex-capitale horlogère qui compte encore quelques belles maisons et voit une jeune génération d'horlogers se lancer. « Un milliard de montres sont fabriquées chaque année dans le monde, dont 30 millions en Suisse », rappelle Laurent Sage, directeur des études économiques à la CCI du Doubs. « L'économie frontalière ne représente que 3 % en volume, mais plus de 50 % en valeur. » Et dans cette niche du luxe qui a rarement connu la crise, les leaders sont invariablement suisses, qui conçoivent et assemblent 95 % des montres à plus de 1.000 euros. Dans leurs manufactures, dans la vallée de Joux et les cantons de Neuchâtel et du Jura, principalement, les marques horlogères des groupes Swatch, Richemont, LVMH, Rolex et les « petites » indépendantes emploient 60.000 salariés… dont 10.000 frontaliers venus de Franche-Comté, la région française voisine, qui forme toujours de bons techniciens.
Alors, quand les belles mécaniques suisses ne se vendent plus si bien, patatras ! Après dix ans de croissance à deux chiffres, l'horlogerie suisse ralentit. En septembre 2016, ses ventes à l'exportation enregistraient leur quinzième mois de baisse, avec une diminution moyenne de 5,7 % et de 39,6 % pour le seul marché de Hong Kong.
Ralentissement des ventes
Le contexte géopolitique, le taux de change du franc suisse et les mesures anticorruption en Chine expliquent ce ralentissement des ventes. L'outil industriel, qui était monté en puissance ces dernières années, est aujourd'hui en surcapacité, et c'est un peu la panique entre les massifs jurassien et alpin. Les grandes maisons commencent à réduire leurs effectifs, en commençant par les frontaliers, et certaines, comme Cartier, rachètent une partie des stocks de leurs revendeurs. Du jamais-vu ! Dans cette nouvelle crise, que les observateurs préfèrent voir comme une mutation industrielle et commerciale - avec réduction des points de vente et montée en puissance d'Internet et des réseaux sociaux -, les sous-traitants franc-comtois sont en première ligne. Lâché par son client et actionnaire de Hong Kong fin septembre, ISA France, qui fabrique des mouvements à quartz, est en redressement judiciaire. « Pour nous, c'est compliqué », confirme le dirigeant d'un autre groupe qui fournit de nombreuses pièces aux horlogers helvétiques et doit s'organiser. Les professionnels ont toujours eu un volant d'intérim pour absorber les variations d'activité. Les plus malins ont aussi depuis quelque temps développé de nouvelles activités non horlogères sur des pièces de précision pour l'aéronautique ou le médical. « Ce sont des secteurs en croissance, ça compense. »
Le second est sur la région de Besançon qui doit rebondir face à cette crise
Besançon voit émerger une nouvelle génération d'entrepreneurs
Ces jeunes marques revendiquent une production 100 % française. Ils s'appuient sur un important programme de recherche.
A Besançon, où la production des derniers mouvements mécaniques français s'était arrêtée avec la fermeture de Lip, en 1974, une nouvelle génération d'horlogers est en train de naître. Cette jeune garde n'hésite pas à casser les codes, à vendre sur Internet. Elle revendique une production made in France, que ce soit pour la conception, la fabrication ou l'assemblage, mouvement compris.
Il y a quelques jours, la marque Lornet a présenté sa première montre, la LA-01, dont le design épuré de Mikaël Bourgeois laisse voir le mouvement dessiné par le jeune horloger Anthony Simao. Le modèle est en cours de certification pour le poinçon à tête de vipère (le label de l'observatoire de Besançon, l'un des trois organismes au monde habilités à contrôler les montres) et pour le label Origine France garantie. A terme, la nouvelle marque compte bien avoir sa propre manufacture à Besançon.
pour illustrer ce propos
Des designers français
Un atelier à soi, c'est aussi le projet d'Alexandre Meyer, ingénieur et ex-designer, revenu dans sa ville natale pour créer la start-up Phenomen. Il réalise son rêve : concevoir et assembler ici des montres françaises « qui créent une émotion visuelle », défend-il. Parmi ses associés, le designer de PSA, Olivier Gamiette, qui a dessiné des centaines de montres iconoclastes et futuristes, et le maître horloger bisontin Bruno Laville. Le premier modèle est attendu d'ici à un an.
Dans les cartons de la start-up également, un projet de mouvement doté d'un échappement original, en cours de brevet. Le mouvement, c'est le coeur de la montre, mais aussi le coeur de la bataille horlogère. Sur ce sujet sensible, la Suisse a longtemps été en situation de quasi-monopole, avec la filiale ETA de Swatch Group qui livrait la quasi-totalité des marques. Dans les années 2000, elle avait annoncé la réduction progressive de ses livraisons. De nombreux horlogers avaient alors cherché à produire leurs propres mouvements.
Côté France, seule la manufacture de haute horlogerie Pequignet, à Morteau, s'était lancée dans la conception de son « calibre royal », présenté en 2011 et salué par ses pairs.
pour illustrer le propos
Pequignet est associé au programme baptisé « MoMeQa », avec cinq autres PME franc-comtoises et quatre unités de recherche publique. Ce projet bénéficie de plus de 8 millions d'euros de la Banque publique d'investissement (au titre du programme Innovation stratégique industrielle) pour créer une montre 100 % française autour d'un mouvement mécanique exclusif. « ce programme doit générer à terme 60 millions d'euros de retombées économiques et créer plus de 250 emplois », indique Sébastien Thibaud, professeur à l'institut Femto-ST, qui pilote le projet.
A la Chambre française de l'horlogerie et des microtechniques, à Paris, on suit de près ces initiatives. « Nous avons une vraie réflexion sur les approvisionnements en mouvements des marques françaises, et nous avons lancé des travaux pour bâtir une IGP horlogerie française », confie Patrice Besnard, son délégué général.
Je vous laisse réagir à ces deux articles
Le 1er est un sujet dans les echos du 22 novembre
La crise de l'horlogerie suisse inquiète la Franche-Comté
Après dix ans d'euphorie, l'horlogerie suisse croule sous les stocks. De l'autre côté de la frontière, les sous-traitants souffrent et s'organisent.
Quand l'horlogerie suisse va bien, l'économie franc-comtoise a le sourire : les belles montres Tissot, Breitling, Jaeger-LeCoultre, Tag Heuer, Longines, Audemars Piguet, Cartier ou Rolex ne boostent pas seulement l'emploi frontalier, elles donnent aussi du travail aux sous-traitants fabricants de pièces de mouvement, d'aiguilles, de couronnes ou boîtiers décorés historiquement implantés entre la frontière et Besançon, l'ex-capitale horlogère qui compte encore quelques belles maisons et voit une jeune génération d'horlogers se lancer. « Un milliard de montres sont fabriquées chaque année dans le monde, dont 30 millions en Suisse », rappelle Laurent Sage, directeur des études économiques à la CCI du Doubs. « L'économie frontalière ne représente que 3 % en volume, mais plus de 50 % en valeur. » Et dans cette niche du luxe qui a rarement connu la crise, les leaders sont invariablement suisses, qui conçoivent et assemblent 95 % des montres à plus de 1.000 euros. Dans leurs manufactures, dans la vallée de Joux et les cantons de Neuchâtel et du Jura, principalement, les marques horlogères des groupes Swatch, Richemont, LVMH, Rolex et les « petites » indépendantes emploient 60.000 salariés… dont 10.000 frontaliers venus de Franche-Comté, la région française voisine, qui forme toujours de bons techniciens.
Alors, quand les belles mécaniques suisses ne se vendent plus si bien, patatras ! Après dix ans de croissance à deux chiffres, l'horlogerie suisse ralentit. En septembre 2016, ses ventes à l'exportation enregistraient leur quinzième mois de baisse, avec une diminution moyenne de 5,7 % et de 39,6 % pour le seul marché de Hong Kong.
Ralentissement des ventes
Le contexte géopolitique, le taux de change du franc suisse et les mesures anticorruption en Chine expliquent ce ralentissement des ventes. L'outil industriel, qui était monté en puissance ces dernières années, est aujourd'hui en surcapacité, et c'est un peu la panique entre les massifs jurassien et alpin. Les grandes maisons commencent à réduire leurs effectifs, en commençant par les frontaliers, et certaines, comme Cartier, rachètent une partie des stocks de leurs revendeurs. Du jamais-vu ! Dans cette nouvelle crise, que les observateurs préfèrent voir comme une mutation industrielle et commerciale - avec réduction des points de vente et montée en puissance d'Internet et des réseaux sociaux -, les sous-traitants franc-comtois sont en première ligne. Lâché par son client et actionnaire de Hong Kong fin septembre, ISA France, qui fabrique des mouvements à quartz, est en redressement judiciaire. « Pour nous, c'est compliqué », confirme le dirigeant d'un autre groupe qui fournit de nombreuses pièces aux horlogers helvétiques et doit s'organiser. Les professionnels ont toujours eu un volant d'intérim pour absorber les variations d'activité. Les plus malins ont aussi depuis quelque temps développé de nouvelles activités non horlogères sur des pièces de précision pour l'aéronautique ou le médical. « Ce sont des secteurs en croissance, ça compense. »
Le second est sur la région de Besançon qui doit rebondir face à cette crise
Besançon voit émerger une nouvelle génération d'entrepreneurs
Ces jeunes marques revendiquent une production 100 % française. Ils s'appuient sur un important programme de recherche.
A Besançon, où la production des derniers mouvements mécaniques français s'était arrêtée avec la fermeture de Lip, en 1974, une nouvelle génération d'horlogers est en train de naître. Cette jeune garde n'hésite pas à casser les codes, à vendre sur Internet. Elle revendique une production made in France, que ce soit pour la conception, la fabrication ou l'assemblage, mouvement compris.
Il y a quelques jours, la marque Lornet a présenté sa première montre, la LA-01, dont le design épuré de Mikaël Bourgeois laisse voir le mouvement dessiné par le jeune horloger Anthony Simao. Le modèle est en cours de certification pour le poinçon à tête de vipère (le label de l'observatoire de Besançon, l'un des trois organismes au monde habilités à contrôler les montres) et pour le label Origine France garantie. A terme, la nouvelle marque compte bien avoir sa propre manufacture à Besançon.
pour illustrer ce propos
Des designers français
Un atelier à soi, c'est aussi le projet d'Alexandre Meyer, ingénieur et ex-designer, revenu dans sa ville natale pour créer la start-up Phenomen. Il réalise son rêve : concevoir et assembler ici des montres françaises « qui créent une émotion visuelle », défend-il. Parmi ses associés, le designer de PSA, Olivier Gamiette, qui a dessiné des centaines de montres iconoclastes et futuristes, et le maître horloger bisontin Bruno Laville. Le premier modèle est attendu d'ici à un an.
Dans les cartons de la start-up également, un projet de mouvement doté d'un échappement original, en cours de brevet. Le mouvement, c'est le coeur de la montre, mais aussi le coeur de la bataille horlogère. Sur ce sujet sensible, la Suisse a longtemps été en situation de quasi-monopole, avec la filiale ETA de Swatch Group qui livrait la quasi-totalité des marques. Dans les années 2000, elle avait annoncé la réduction progressive de ses livraisons. De nombreux horlogers avaient alors cherché à produire leurs propres mouvements.
Côté France, seule la manufacture de haute horlogerie Pequignet, à Morteau, s'était lancée dans la conception de son « calibre royal », présenté en 2011 et salué par ses pairs.
pour illustrer le propos
Pequignet est associé au programme baptisé « MoMeQa », avec cinq autres PME franc-comtoises et quatre unités de recherche publique. Ce projet bénéficie de plus de 8 millions d'euros de la Banque publique d'investissement (au titre du programme Innovation stratégique industrielle) pour créer une montre 100 % française autour d'un mouvement mécanique exclusif. « ce programme doit générer à terme 60 millions d'euros de retombées économiques et créer plus de 250 emplois », indique Sébastien Thibaud, professeur à l'institut Femto-ST, qui pilote le projet.
A la Chambre française de l'horlogerie et des microtechniques, à Paris, on suit de près ces initiatives. « Nous avons une vraie réflexion sur les approvisionnements en mouvements des marques françaises, et nous avons lancé des travaux pour bâtir une IGP horlogerie française », confie Patrice Besnard, son délégué général.
Je vous laisse réagir à ces deux articles