En accord avec la modération, j’ai mis à jour des revues relativement anciennes que je posterai au cours des prochaines semaines.
J’ai déjà présenté quelques montres de ma petite collection (https://montresmecaniques.forumactif.com/t8127-montres-patek-philippe-a-cadran-en-email-cloisonne et https://montresmecaniques.forumactif.com/t1874-historique-des-chronos-patek-philippe-a-qp-et-revue-du-chrono-qp-5970). Je vous propose de découvrir mon Quantième Annuel Patek Philippe 5035G.
Je combine cette revue avec un référentiel des quantièmes annuels.
C’est une montre à laquelle je suis très attaché et que j’ai acquise il a déjà bien longtemps. C’était ma première montre haute horlogerie à complications.
Introduction
Patek Philippe a lancé le quantième annuel en 1996 sous la référence 5035 (bracelet cuir) et 5036 (bracelet en métal intégré). Le 5035 est équipé d’un cadran auxiliaire des 24 heures alors que le 5036 est équipé d’une phase de la lune et d’une indication de la réserve de marche. La version 5036 a également connu une version en platine et cardan ardoise sous bracelet cuir en série limitée sous la référence 5056P.
La référence 5035 a été arrêtée en 2005 pour être remplacée par la référence 5146.
Le mouvement qui équipe le 5035 est le calibre automatique 315 S QA 24H qui comprend 316 pièces.
S : seconde au centre
QA : quantième annuel
24H : indication des 24 heures
Les références 5036 et 5056 sont équipées du calibre automatique 315 S IRM QA LU qui comprend 356 pièces.
S : seconde au centre
IRM : indicateur de la réserve de marche
QA : quantième annuel
LU : phase de lune
L’introduction du quantième annuel dans la gamme de Patek Philippe a permis l’accès à l’univers des complications pour un budget «raisonnable». Il s’agit d’une complication «utile» selon les termes utilisés par la manufacture. Ce calibre «reconnaît» tous les mois de 30 ou 31 jours en indiquant automatiquement le mois, le jour ainsi que la date exacte. Il ne nécessite qu’une seule mise à jour annuelle lors du passage au 1er mars.
La QA 5035 fut disponible en 4 versions de métal (or jaune, gris, rose ou platine). Chaque version pouvait être dotée d’un cadran d’une couleur spécifique. Le nombre de cadrans disponibles variait selon le métal (de deux à quatre). C’est la version en or gris qui offrait la gamme de choix de cadran la plus étendue avec 4 couleurs possibles : argenté, noir, saumon et ardoise.
Relevons que le cadran ardoise, au départ réservé à la seule version 5056P, a été introduit ultérieurement et assez tardivement. Il ne fut disponible que sur une relative courte période de temps. Par ailleurs, il était possible de choisir la langue du quantième : Anglais, Français, Italien et Allemand. Patek Philippe a malheureusement abandonné depuis-lors cette politique de « customisation » hormis pour la production de ces pièces de prestige. Certains clients prestigieux bénéficient d’un traitement de faveur. Ainsi Eric Clapton possède un chronographe 5970 dont le cadran comprend des chiffres arabes.
Mais venons-en à ma référence. Il s’agit de la version en or gris doté d’un cadran ardoise et des indications du quantième en Français.
Démarche quant au choix de la montre
Possédant déjà à l’époque une Patek Calatrava 5107 en or rose, je désirais avoir une autre montre haute horlogerie «passe partout» pouvant être confondue avec une montre en acier et que je puisse porter en tenue décontractée. Le choix de l’or gris et d’un cadran foncé s’imposait.
Après une revue assez détaillée du marché et des différentes options possibles, mon choix s’était réduit à deux montres : la Lange 1 version en or gris et la Patek QA 5035G.
Mon choix définitif s’est porté sur la Patek Philippe du fait que le cadran gris de la Lange 1 était assez terne (j’avais déjà exclu les versions avec un cadran bleu et un cadran noir) et, qu’à l’époque, le cadran argenté n’était disponible que sur la version en platine que je trouvais toutefois trop lourde au poignet.
Aperçu général
Le QA 5035 fait 37 mm de diamètre. La version en or gris est rhodiée (Patek Philippe a depuis abandonné ce procédé en modifiant l’alliage) et est dès lors assez brillante. Le cadran ardoise atténue sensiblement cet aspect assez clinquant. Après quasi dix ans, la montre ne présente aucune altération du rhodiage. Elle est légèrement patinée. Lors d’une récente révision, il a été convenu de laisser le boîtier tel quel et de pas procéder à un polissage qui aurait nécessité une nouveau rhodiage.
Le bracelet en cuir est équipé d’une simple boucle à ardillon.
Le QA 5035 est doté d’un fond en verre saphir permettant d’admirer le mouvement automatique et la masse oscillante en or.
A l’époque de mon achat, la référence 5035/5036/5056 était le seul quantième annuel de la production courante. Deux séries limitées avaient été produites : la référence 5125 « Wempe » dans le superbe boîtier de la World Time (je ne suis pas impartial) ainsi que la référence 5150 « Tiffany » montée dans un boîtier officier très et dont le fond comprend une gravure figurant le siège de Tiffany à New York sur le fond. Autant la 5125 est une réussite incontestable et autant la 5150 est étriquée. Son quantième est également particulier : le disque des mois comprend des chiffres de 1 à 12 et nom les abréviations des noms. A gauche du guichet apparaît le mot « Month » suivi du numéro correspondant au mois.
Le boîtier
Comme indiqué, le boîtier est d’une taille relativement modeste avec 37 mm de diamètre. Il faut toutefois rappeler qu’une telle taille en 1996 était considérée comme normale pour une montre habillée. Le rehaut est assez imposant et le cadran est fort ramassé. Ceci a pour effet de rendre la montre plus compacte qu’elle ne l’est. Cela me convient très bien car je ne possède aucune montre dépassant 40 mm.
La couronne est légèrement intégrée dans le boîtier et porte la traditionnelle croix de Calatrava.
La cambrure des anses permet un ajustement agréable au poignet.
Le cadran
Le cadran est très particulier et est certainement l’élément le plus caractéristique de cette montre.
Le cadran ardoise présente une finition soleil avec un aspect irisé qui fait varier la perception de couleur selon l’angle de la lumière. Ainsi le cadran peut paraître tantôt gris tantôt noir.
Les premiers éléments qui m’ont attiré sont le chemin de fer ainsi que les chiffres romains appliqués. Remarquons que le chiffre 4 figure de manière classique c.-à-d. IV et non IIII alors que l’industrie horlogère a souvent recours à cet artifice (afin d’obtenir un équilibre entre le «VIII» et le «IIII»). Relevons qu’une série limitée en or rose célébrant le centenaire du Milan AC comprend un cadran avec des index à la place des chiffres romains.
Les aiguilles feuilles ainsi que les chiffres romains sont luminescents.
Le cadran comprend 3 cadrans auxiliaires : deux cadrans de tailles plus importantes 9 et 3 heures qui indiquent respectivement le jour et le mois ainsi qu'un cadran légèrement plus petit à 6 heures indiquant les 24 heures. Le QA 5035 est le seul de tous les quantièmes annuels « simple » à ne pas être équipé de la phase de la lune. Cela ne me gêne pas. Au contraire, j’apprécie la symétrie des 3 cadrans auxiliaires et de leurs trois petites aiguilles feuilles.
La date apparaît dans un guichet sous fond blanc à 6 heures. Certains puristes ont critiqué le fait que le guichet n’est pas anglé. Relevons quand même que s’il y a bien absence d’anglage, les bords du guichet sont légèrement arrondis et pas simplement emboutis comme de la vulgaire tôle.
Le verre saphir est subtilement bombé mais toutefois moins que le verre de mon chrono 5970.
Ce cadran dégage un sentiment de symétrie avec une répartition équilibrée des cadrans auxiliaires. A cet égard, c’est un grand reproche formulé à l’encontre de sa grande sœur : le quantième perpétuel (références 3140 et 5140) qui laisse une impression de vide dans le haut du cadran. La lecture des indications du quantième est instantanée et très aisée.
Ma version est équipée des indications de quantième en Français. Cette demande a nécessité une commande spécifique et un délai d’attente de quelques mois. J’ai la prétention de croire que j’ai une version relativement limitée dans sa production (cadran ardoise et quantième en Français).
J’ai donc acheté une montre sur catalogue. Je n’avais en effet pas eu l’occasion de manipuler une version en or gris avec cadran ardoise. J’avais toutefois eu en main une version assez proche, à savoir la 5056P (version limitée en platine avec cadran ardoise). Rétrospectivement, je reconnais que ce fut un pari osé mais que j’ai été ébahi quand mon AD me l’a présentée.
Le mouvement
Comme indiqué dans l’introduction, le mouvement est le calibre automatique 315 S QA 24 H.
Il s’agit du mouvement 315 SC (SC pour seconde au centre) auquel la complication du quantième annuel a été intégrée. Ce faisant le mouvement connaît un léger embonpoint par rapport à sa version de base. En effet, son diamètre passe de 27 à 30 mm et son épaisseur de 3,22 à 5,22 mm.
Il s’agit d’un mouvement 13 lignes (diamètre 30 mm) composé de 316 pièces (224 pour les 315 SC) avec balancier « Gyromax » doté d’une fréquence de 21.600 alternances/heure.
Outre le quantième annuel, ce calibre comprend la particularité d’être un mouvement à seconde au centre indirecte. Ce qui en soi est déjà une performance horlogère (à ce sujet :http://www.timezone.com/library/horologium/horologium631670098360080701).
Pour les anglophiles, je vous recommande la lecture de l’article de Walt Odets (http://www.timezone.com/library/horologium/horologium0016) décrivant les spécificités techniques du 315 S QA 24 H. Ce mécanisme a fait l’objet d’un dépôt de brevet en 1996.
Si le calibre 315 n’a pas l’élégance du calibre 240 et de son micro rotor, il demeure toutefois un mouvement agréable à regarder.
La masse oscillante de 21 carats est très sensible. Elle porte fièrement l’emblème de la manufacture et son guillochage est subtil. Le remontage est unidirectionnel. Pour les possesseurs de Rolex, il est assez déroutant d’entendre un très léger bruit de roulement lorsqu’on agite le poignet.
Le calibre porte le poinçon de Genève que la manufacture a abandonné il y a quelques années au profit de son propre poinçon.
La réserve de marche est d’environ 48 heures.
Le passage du quantième n’est pas instantané. Il faut compter environ 45 minutes pour le saut de l’aiguille du jour et du passage de la date. D’après la notice d’utilisation, cette durée est portée respectivement à deux heures pour le passage du 31 au 1er et à quatre heures pour le passage du 30 au 1er. Mon exemplaire est plus rapide et accomplit la tâche en moins de deux heures.
Le bracelet
Le bracelet d’origine est en croco noir mat à grandes écailles carrées (provenance Camille Fournet) et est monté sur une boucle à ardillon. Après quelques années de bons et loyaux services, j’ai l’ai remplacé par un bracelet légèrement plus épais fait sur mesure par l’Atelier Jean Rousseau.
La politique de Patek Philippe en matière de boucle est assez obscure. Dans la même gamme, certains modèles seront dotés d’une boucle déployante alors que d’autres seront équipés d’une boucle à ardillon. Ainsi la plupart des répétitions minutes, dont mon graal absolu, la référence 5078 avec cadran en émail, sont dotées d’origine d’une boucle à ardillon.
Réglage du quantième annuel
Le mouvement est équipé de trois correcteurs permettant d’effectuer le réglage du quantième. Un stylet en or gris et ébène est livré afin de pouvoir actionner ces correcteurs. Il s’agit d’une opération délicate, le manuel d’utilisation stipulant clairement qu’il est impératif d’effectuer le réglage du quantième entre 2 heures et 19 heures. A cet égard, l’indication des 24 heures est une aide précieuse et permet de prévenir des erreurs fatales.
Paradoxalement, la mise à jour du quantième annuel est plus compliquée que celle de mon chrono quantième perpétuel. Ainsi, si ce dernier comprend un correcteur permettant un ajustement synchronisé de toutes les fonctions, le quantième annuel nécessitera un peu plus de travail en ajustant individuellement tant le mois, la date que le jour. Il est d’ailleurs impératif de suivre cette séquence afin de garantir la fonction de quantième annuel.
La sensation au porter
La montre se positionne parfaitement sur le poignet. Sa taille raisonnable convient très bien à mon poignet de 16,5 cm. J’ose affirmer que cette montre a un caractère assez furtif qui me permet de la porter en toute occasion sans attirer une quelconque attention.
L’emballage
La montre est livrée dans un écrin en bois précieux de taille somme toute modeste mais de très belle facture. Etant relativement insensible aux boîtes de grande taille et tous les accessoires qui finissent au fond d’un placard, je regrette l’abandon de ce modèle au profit des modèles actuels bien plus imposants mais plus clinquants et, en fait, moins bien finis. Les papiers sont insérés dans une simple pochette en cuir.
Evolutions du Quantième Annuel
La référence 5035 a été arrêtée quelques mois après la réception de mon exemplaire. La référence actuelle qui la remplace est le QA 5146 qui a pris un léger embonpoint en passant à un diamètre de 39mm.
Il a également abandonné les chiffres romains au profit d’une combinaison de chiffres arabes et index que je trouve moins élégante. A cet égard, la version en platine ne comprenant que des index est, à mon avis, plus réussie. Il a par ailleurs été doté d’office du calibre 315 S IRM QA LU (phase de lune et indication de réserve de marche). Ce dernier a été depuis remplacé par le nouveau calibre 324 S IRM QA LU (nouveau balancier « Gyromax » et fréquence portée à 28.800 alternances par heure). A l’instar de la 5036, la référence 5146 existe également en version avec bracelet en métal intégré.
Le QA dans la présentation classique de la référence 5146 a également connu trois versions limitées « Advanced Research » à savoir :
La référence 5250 en or gris et cadran gris. Elle est dotée d’une roue d’échappement en Silinvar à base de silicium (100 exemplaires) ;
La référence 5350 en or rose et cadran argenté avec un spiral Spiromax (300 exemplaires) :
La référence 5450 en platine et cadran saumon. Elle est équipée d’un échappement Pulsomax (300 exemplaires).
Ces versions « Advanced Research » étaient des Application Piece et sont fortement convoitées par les collectionneurs. Outre leurs combinaisons particulières de métal et de couleur de cadran, elles sont reconnaissables car le fond saphir comprend la mention « Patek Philippe Advanced Research » ainsi qu’une loupe permettant de mieux apprécier la particularité du composant spécifique à chaque version.
Patek Philippe a depuis décliné le quantième annuel en diverses versions à guichets:
la Gondolo 5135 dans un boîtier de forme et dont le succès fut très relatif. Il faut dire qu’il s’agit d’une montre imposante requérant un poignet bien dimensionné sinon les cornes assez protubérantes rendent le porter de cette montre très disgracieux ;
La 5396 qui est toujours au catalogue a connu deux types de cadran : un cadran à secteur et un cadran plus simple. J’aurai un reproche à formuler : un boîtier coupé à la serpe me rappelant trop les boîtier des JLC Master. Une version limitée Tiffany en or gris avec cadran noir et chiffres Breguet est par contre très attrayante. La 5396 est également disponible avec un bracelet en métal intégré ;
La référence 5205 qui est une parfaite réussite. Son boîtier avec ses cornes très élégantes et les cadrans à deux tons de la version en or gris en font une superbe interprétation actuelle du quantième annuel. Il suffit de lire la revue de Foversta pour en être convaincu (je crois qu’il l’est aussi …). Elle est également disponible en or rose dont une version est dotée d’un cadran noir du plus bel effet.
La Nautilus a aussi droit à sa déclinaison du quantième annuel avec la référence 5726 qui est la seule version en acier montée sur bracelet en cuir.
Relevons que pour ces références, l’indication de la réserve de marche est abandonnée au profit de celle des 24 heures.
Tous les quantièmes annuels « simples » qui ont été abordés ci-avant sont équipés du calibre 315 ou de son évolution 324.
Le quantième annuel est également monté sur d’autres calibres.
Le récent régulateur Référence 5235 est un quantième annuel basé sur un nouveau calibre à micro rotor 31-260 REG dont la mise au point a été assez laborieuse (il a fallu quasi deux ans entre l’annonce de cette nouvelle référence et son arrivée effective sur le marché).
Je ne peux pas terminer cette revue sans mentionner la référence 5960 et son calibre CH 28-520 IRM QA 24H qui fut le premier chronographe automatique de Patek Philippe et qui est également doté du quantième annuel. La production de ce chronographe vient d’être arrêtée. J’avoue que sa version en platine avec cadran bleu m’a toujours fortement impressionné même si c’est une montre assez massive selon mes goûts (si je n’avais pas pu obtenir ma 5131G, j’aurais bien craqué pour un 5960P à cadran bleu).
Finalement, il y a également eu un OVNI parmi les quantièmes annuels : la répétition minute à quantième annuel (référence 5033 que Cisco mentionne dans le référentiel des répétitions minutes https://montresmecaniques.forumactif.com/t3668-patek-repetition-des-minutes). Patek n’allait pas s’arrêter en si bon chemin et ils nous l’ont emballée le boîtier de la 5135. Elle fut même disponible en version « joaillerie » avec la lunette et les cornes serties de brillants baguettes.
Je n’ai pas abordé des différentes versions « joaillerie » pour hommes et pour femmes (références 5147, 4936 et 4937) qui présentent moins d’intérêt à mes yeux.
Conclusion
Je possède cette montre depuis bientôt dix ans et je ne m’en lasse pas. Elle a définitivement sa place dans ma collection. C’est toujours avec un émerveillement renouvelé que je la redécouvre après quelques semaines d’absence à mon poignet. La beauté de cette montre réside dans son « understatement » : un montre compliquée dans un emballage très simple mais beau.
Le quantième annuel est une complication majeure dans le catalogue de Patek Philippe. Certains peuvent trouver que cette complication n’est pas parfaite contrairement à un quantième perpétuel. J’ai une opinion différente. Comparé à un triple quantième, le quantième annuel est une complication très utile. J’ai plutôt tendance à voir le verre à moitié plein qu’à moitié vide…
Merci de m’avoir lu.
J’ai déjà présenté quelques montres de ma petite collection (https://montresmecaniques.forumactif.com/t8127-montres-patek-philippe-a-cadran-en-email-cloisonne et https://montresmecaniques.forumactif.com/t1874-historique-des-chronos-patek-philippe-a-qp-et-revue-du-chrono-qp-5970). Je vous propose de découvrir mon Quantième Annuel Patek Philippe 5035G.
Je combine cette revue avec un référentiel des quantièmes annuels.
C’est une montre à laquelle je suis très attaché et que j’ai acquise il a déjà bien longtemps. C’était ma première montre haute horlogerie à complications.
Introduction
Patek Philippe a lancé le quantième annuel en 1996 sous la référence 5035 (bracelet cuir) et 5036 (bracelet en métal intégré). Le 5035 est équipé d’un cadran auxiliaire des 24 heures alors que le 5036 est équipé d’une phase de la lune et d’une indication de la réserve de marche. La version 5036 a également connu une version en platine et cardan ardoise sous bracelet cuir en série limitée sous la référence 5056P.
La référence 5035 a été arrêtée en 2005 pour être remplacée par la référence 5146.
Le mouvement qui équipe le 5035 est le calibre automatique 315 S QA 24H qui comprend 316 pièces.
S : seconde au centre
QA : quantième annuel
24H : indication des 24 heures
Les références 5036 et 5056 sont équipées du calibre automatique 315 S IRM QA LU qui comprend 356 pièces.
S : seconde au centre
IRM : indicateur de la réserve de marche
QA : quantième annuel
LU : phase de lune
L’introduction du quantième annuel dans la gamme de Patek Philippe a permis l’accès à l’univers des complications pour un budget «raisonnable». Il s’agit d’une complication «utile» selon les termes utilisés par la manufacture. Ce calibre «reconnaît» tous les mois de 30 ou 31 jours en indiquant automatiquement le mois, le jour ainsi que la date exacte. Il ne nécessite qu’une seule mise à jour annuelle lors du passage au 1er mars.
La QA 5035 fut disponible en 4 versions de métal (or jaune, gris, rose ou platine). Chaque version pouvait être dotée d’un cadran d’une couleur spécifique. Le nombre de cadrans disponibles variait selon le métal (de deux à quatre). C’est la version en or gris qui offrait la gamme de choix de cadran la plus étendue avec 4 couleurs possibles : argenté, noir, saumon et ardoise.
Relevons que le cadran ardoise, au départ réservé à la seule version 5056P, a été introduit ultérieurement et assez tardivement. Il ne fut disponible que sur une relative courte période de temps. Par ailleurs, il était possible de choisir la langue du quantième : Anglais, Français, Italien et Allemand. Patek Philippe a malheureusement abandonné depuis-lors cette politique de « customisation » hormis pour la production de ces pièces de prestige. Certains clients prestigieux bénéficient d’un traitement de faveur. Ainsi Eric Clapton possède un chronographe 5970 dont le cadran comprend des chiffres arabes.
Mais venons-en à ma référence. Il s’agit de la version en or gris doté d’un cadran ardoise et des indications du quantième en Français.
Démarche quant au choix de la montre
Possédant déjà à l’époque une Patek Calatrava 5107 en or rose, je désirais avoir une autre montre haute horlogerie «passe partout» pouvant être confondue avec une montre en acier et que je puisse porter en tenue décontractée. Le choix de l’or gris et d’un cadran foncé s’imposait.
Après une revue assez détaillée du marché et des différentes options possibles, mon choix s’était réduit à deux montres : la Lange 1 version en or gris et la Patek QA 5035G.
Mon choix définitif s’est porté sur la Patek Philippe du fait que le cadran gris de la Lange 1 était assez terne (j’avais déjà exclu les versions avec un cadran bleu et un cadran noir) et, qu’à l’époque, le cadran argenté n’était disponible que sur la version en platine que je trouvais toutefois trop lourde au poignet.
Aperçu général
Le QA 5035 fait 37 mm de diamètre. La version en or gris est rhodiée (Patek Philippe a depuis abandonné ce procédé en modifiant l’alliage) et est dès lors assez brillante. Le cadran ardoise atténue sensiblement cet aspect assez clinquant. Après quasi dix ans, la montre ne présente aucune altération du rhodiage. Elle est légèrement patinée. Lors d’une récente révision, il a été convenu de laisser le boîtier tel quel et de pas procéder à un polissage qui aurait nécessité une nouveau rhodiage.
Le bracelet en cuir est équipé d’une simple boucle à ardillon.
Le QA 5035 est doté d’un fond en verre saphir permettant d’admirer le mouvement automatique et la masse oscillante en or.
A l’époque de mon achat, la référence 5035/5036/5056 était le seul quantième annuel de la production courante. Deux séries limitées avaient été produites : la référence 5125 « Wempe » dans le superbe boîtier de la World Time (je ne suis pas impartial) ainsi que la référence 5150 « Tiffany » montée dans un boîtier officier très et dont le fond comprend une gravure figurant le siège de Tiffany à New York sur le fond. Autant la 5125 est une réussite incontestable et autant la 5150 est étriquée. Son quantième est également particulier : le disque des mois comprend des chiffres de 1 à 12 et nom les abréviations des noms. A gauche du guichet apparaît le mot « Month » suivi du numéro correspondant au mois.
Le boîtier
Comme indiqué, le boîtier est d’une taille relativement modeste avec 37 mm de diamètre. Il faut toutefois rappeler qu’une telle taille en 1996 était considérée comme normale pour une montre habillée. Le rehaut est assez imposant et le cadran est fort ramassé. Ceci a pour effet de rendre la montre plus compacte qu’elle ne l’est. Cela me convient très bien car je ne possède aucune montre dépassant 40 mm.
La couronne est légèrement intégrée dans le boîtier et porte la traditionnelle croix de Calatrava.
La cambrure des anses permet un ajustement agréable au poignet.
Le cadran
Le cadran est très particulier et est certainement l’élément le plus caractéristique de cette montre.
Le cadran ardoise présente une finition soleil avec un aspect irisé qui fait varier la perception de couleur selon l’angle de la lumière. Ainsi le cadran peut paraître tantôt gris tantôt noir.
Les premiers éléments qui m’ont attiré sont le chemin de fer ainsi que les chiffres romains appliqués. Remarquons que le chiffre 4 figure de manière classique c.-à-d. IV et non IIII alors que l’industrie horlogère a souvent recours à cet artifice (afin d’obtenir un équilibre entre le «VIII» et le «IIII»). Relevons qu’une série limitée en or rose célébrant le centenaire du Milan AC comprend un cadran avec des index à la place des chiffres romains.
Crédit photo: Patrizzi – Collecting Patek Phillipe Wristwatches – Vol. II p. 287
Les aiguilles feuilles ainsi que les chiffres romains sont luminescents.
Le cadran comprend 3 cadrans auxiliaires : deux cadrans de tailles plus importantes 9 et 3 heures qui indiquent respectivement le jour et le mois ainsi qu'un cadran légèrement plus petit à 6 heures indiquant les 24 heures. Le QA 5035 est le seul de tous les quantièmes annuels « simple » à ne pas être équipé de la phase de la lune. Cela ne me gêne pas. Au contraire, j’apprécie la symétrie des 3 cadrans auxiliaires et de leurs trois petites aiguilles feuilles.
La date apparaît dans un guichet sous fond blanc à 6 heures. Certains puristes ont critiqué le fait que le guichet n’est pas anglé. Relevons quand même que s’il y a bien absence d’anglage, les bords du guichet sont légèrement arrondis et pas simplement emboutis comme de la vulgaire tôle.
Le verre saphir est subtilement bombé mais toutefois moins que le verre de mon chrono 5970.
Ce cadran dégage un sentiment de symétrie avec une répartition équilibrée des cadrans auxiliaires. A cet égard, c’est un grand reproche formulé à l’encontre de sa grande sœur : le quantième perpétuel (références 3140 et 5140) qui laisse une impression de vide dans le haut du cadran. La lecture des indications du quantième est instantanée et très aisée.
Ma version est équipée des indications de quantième en Français. Cette demande a nécessité une commande spécifique et un délai d’attente de quelques mois. J’ai la prétention de croire que j’ai une version relativement limitée dans sa production (cadran ardoise et quantième en Français).
J’ai donc acheté une montre sur catalogue. Je n’avais en effet pas eu l’occasion de manipuler une version en or gris avec cadran ardoise. J’avais toutefois eu en main une version assez proche, à savoir la 5056P (version limitée en platine avec cadran ardoise). Rétrospectivement, je reconnais que ce fut un pari osé mais que j’ai été ébahi quand mon AD me l’a présentée.
Le mouvement
Comme indiqué dans l’introduction, le mouvement est le calibre automatique 315 S QA 24 H.
Il s’agit du mouvement 315 SC (SC pour seconde au centre) auquel la complication du quantième annuel a été intégrée. Ce faisant le mouvement connaît un léger embonpoint par rapport à sa version de base. En effet, son diamètre passe de 27 à 30 mm et son épaisseur de 3,22 à 5,22 mm.
Il s’agit d’un mouvement 13 lignes (diamètre 30 mm) composé de 316 pièces (224 pour les 315 SC) avec balancier « Gyromax » doté d’une fréquence de 21.600 alternances/heure.
Outre le quantième annuel, ce calibre comprend la particularité d’être un mouvement à seconde au centre indirecte. Ce qui en soi est déjà une performance horlogère (à ce sujet :http://www.timezone.com/library/horologium/horologium631670098360080701).
Pour les anglophiles, je vous recommande la lecture de l’article de Walt Odets (http://www.timezone.com/library/horologium/horologium0016) décrivant les spécificités techniques du 315 S QA 24 H. Ce mécanisme a fait l’objet d’un dépôt de brevet en 1996.
Si le calibre 315 n’a pas l’élégance du calibre 240 et de son micro rotor, il demeure toutefois un mouvement agréable à regarder.
La masse oscillante de 21 carats est très sensible. Elle porte fièrement l’emblème de la manufacture et son guillochage est subtil. Le remontage est unidirectionnel. Pour les possesseurs de Rolex, il est assez déroutant d’entendre un très léger bruit de roulement lorsqu’on agite le poignet.
Le calibre porte le poinçon de Genève que la manufacture a abandonné il y a quelques années au profit de son propre poinçon.
La réserve de marche est d’environ 48 heures.
Le passage du quantième n’est pas instantané. Il faut compter environ 45 minutes pour le saut de l’aiguille du jour et du passage de la date. D’après la notice d’utilisation, cette durée est portée respectivement à deux heures pour le passage du 31 au 1er et à quatre heures pour le passage du 30 au 1er. Mon exemplaire est plus rapide et accomplit la tâche en moins de deux heures.
Le bracelet
Le bracelet d’origine est en croco noir mat à grandes écailles carrées (provenance Camille Fournet) et est monté sur une boucle à ardillon. Après quelques années de bons et loyaux services, j’ai l’ai remplacé par un bracelet légèrement plus épais fait sur mesure par l’Atelier Jean Rousseau.
La politique de Patek Philippe en matière de boucle est assez obscure. Dans la même gamme, certains modèles seront dotés d’une boucle déployante alors que d’autres seront équipés d’une boucle à ardillon. Ainsi la plupart des répétitions minutes, dont mon graal absolu, la référence 5078 avec cadran en émail, sont dotées d’origine d’une boucle à ardillon.
Réglage du quantième annuel
Le mouvement est équipé de trois correcteurs permettant d’effectuer le réglage du quantième. Un stylet en or gris et ébène est livré afin de pouvoir actionner ces correcteurs. Il s’agit d’une opération délicate, le manuel d’utilisation stipulant clairement qu’il est impératif d’effectuer le réglage du quantième entre 2 heures et 19 heures. A cet égard, l’indication des 24 heures est une aide précieuse et permet de prévenir des erreurs fatales.
Paradoxalement, la mise à jour du quantième annuel est plus compliquée que celle de mon chrono quantième perpétuel. Ainsi, si ce dernier comprend un correcteur permettant un ajustement synchronisé de toutes les fonctions, le quantième annuel nécessitera un peu plus de travail en ajustant individuellement tant le mois, la date que le jour. Il est d’ailleurs impératif de suivre cette séquence afin de garantir la fonction de quantième annuel.
La sensation au porter
La montre se positionne parfaitement sur le poignet. Sa taille raisonnable convient très bien à mon poignet de 16,5 cm. J’ose affirmer que cette montre a un caractère assez furtif qui me permet de la porter en toute occasion sans attirer une quelconque attention.
L’emballage
La montre est livrée dans un écrin en bois précieux de taille somme toute modeste mais de très belle facture. Etant relativement insensible aux boîtes de grande taille et tous les accessoires qui finissent au fond d’un placard, je regrette l’abandon de ce modèle au profit des modèles actuels bien plus imposants mais plus clinquants et, en fait, moins bien finis. Les papiers sont insérés dans une simple pochette en cuir.
Evolutions du Quantième Annuel
La référence 5035 a été arrêtée quelques mois après la réception de mon exemplaire. La référence actuelle qui la remplace est le QA 5146 qui a pris un léger embonpoint en passant à un diamètre de 39mm.
Il a également abandonné les chiffres romains au profit d’une combinaison de chiffres arabes et index que je trouve moins élégante. A cet égard, la version en platine ne comprenant que des index est, à mon avis, plus réussie. Il a par ailleurs été doté d’office du calibre 315 S IRM QA LU (phase de lune et indication de réserve de marche). Ce dernier a été depuis remplacé par le nouveau calibre 324 S IRM QA LU (nouveau balancier « Gyromax » et fréquence portée à 28.800 alternances par heure). A l’instar de la 5036, la référence 5146 existe également en version avec bracelet en métal intégré.
Le QA dans la présentation classique de la référence 5146 a également connu trois versions limitées « Advanced Research » à savoir :
La référence 5250 en or gris et cadran gris. Elle est dotée d’une roue d’échappement en Silinvar à base de silicium (100 exemplaires) ;
La référence 5350 en or rose et cadran argenté avec un spiral Spiromax (300 exemplaires) :
La référence 5450 en platine et cadran saumon. Elle est équipée d’un échappement Pulsomax (300 exemplaires).
Ces versions « Advanced Research » étaient des Application Piece et sont fortement convoitées par les collectionneurs. Outre leurs combinaisons particulières de métal et de couleur de cadran, elles sont reconnaissables car le fond saphir comprend la mention « Patek Philippe Advanced Research » ainsi qu’une loupe permettant de mieux apprécier la particularité du composant spécifique à chaque version.
Patek Philippe a depuis décliné le quantième annuel en diverses versions à guichets:
la Gondolo 5135 dans un boîtier de forme et dont le succès fut très relatif. Il faut dire qu’il s’agit d’une montre imposante requérant un poignet bien dimensionné sinon les cornes assez protubérantes rendent le porter de cette montre très disgracieux ;
La 5396 qui est toujours au catalogue a connu deux types de cadran : un cadran à secteur et un cadran plus simple. J’aurai un reproche à formuler : un boîtier coupé à la serpe me rappelant trop les boîtier des JLC Master. Une version limitée Tiffany en or gris avec cadran noir et chiffres Breguet est par contre très attrayante. La 5396 est également disponible avec un bracelet en métal intégré ;
La référence 5205 qui est une parfaite réussite. Son boîtier avec ses cornes très élégantes et les cadrans à deux tons de la version en or gris en font une superbe interprétation actuelle du quantième annuel. Il suffit de lire la revue de Foversta pour en être convaincu (je crois qu’il l’est aussi …). Elle est également disponible en or rose dont une version est dotée d’un cadran noir du plus bel effet.
La Nautilus a aussi droit à sa déclinaison du quantième annuel avec la référence 5726 qui est la seule version en acier montée sur bracelet en cuir.
Relevons que pour ces références, l’indication de la réserve de marche est abandonnée au profit de celle des 24 heures.
Tous les quantièmes annuels « simples » qui ont été abordés ci-avant sont équipés du calibre 315 ou de son évolution 324.
Le quantième annuel est également monté sur d’autres calibres.
Le récent régulateur Référence 5235 est un quantième annuel basé sur un nouveau calibre à micro rotor 31-260 REG dont la mise au point a été assez laborieuse (il a fallu quasi deux ans entre l’annonce de cette nouvelle référence et son arrivée effective sur le marché).
Je ne peux pas terminer cette revue sans mentionner la référence 5960 et son calibre CH 28-520 IRM QA 24H qui fut le premier chronographe automatique de Patek Philippe et qui est également doté du quantième annuel. La production de ce chronographe vient d’être arrêtée. J’avoue que sa version en platine avec cadran bleu m’a toujours fortement impressionné même si c’est une montre assez massive selon mes goûts (si je n’avais pas pu obtenir ma 5131G, j’aurais bien craqué pour un 5960P à cadran bleu).
Finalement, il y a également eu un OVNI parmi les quantièmes annuels : la répétition minute à quantième annuel (référence 5033 que Cisco mentionne dans le référentiel des répétitions minutes https://montresmecaniques.forumactif.com/t3668-patek-repetition-des-minutes). Patek n’allait pas s’arrêter en si bon chemin et ils nous l’ont emballée le boîtier de la 5135. Elle fut même disponible en version « joaillerie » avec la lunette et les cornes serties de brillants baguettes.
Je n’ai pas abordé des différentes versions « joaillerie » pour hommes et pour femmes (références 5147, 4936 et 4937) qui présentent moins d’intérêt à mes yeux.
Conclusion
Je possède cette montre depuis bientôt dix ans et je ne m’en lasse pas. Elle a définitivement sa place dans ma collection. C’est toujours avec un émerveillement renouvelé que je la redécouvre après quelques semaines d’absence à mon poignet. La beauté de cette montre réside dans son « understatement » : un montre compliquée dans un emballage très simple mais beau.
Le quantième annuel est une complication majeure dans le catalogue de Patek Philippe. Certains peuvent trouver que cette complication n’est pas parfaite contrairement à un quantième perpétuel. J’ai une opinion différente. Comparé à un triple quantième, le quantième annuel est une complication très utile. J’ai plutôt tendance à voir le verre à moitié plein qu’à moitié vide…
Merci de m’avoir lu.